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VIEILLOT, -OTTE, adj. et subst.
I. − Adjectif
1. Vieilli. [En parlant d'une pers.] Qui est (ou paraît) un peu vieux d'aspect, d'esprit ou d'idées. Avoir un air, des goûts vieillot(s). La plupart [des femmes] sont jeunes et toutefois paraissent vieillottes et laissent voir, dans leurs traits fanés et fripés, de la corruption grimaçante de singes (Goncourt, Journal, 1883, p. 242).La foi toute simple, c'étaient ces dévotes, les amies de ma mère, si tristement racornies et vieillottes (Bourget, Disciple, 1889, p. 91).
[En parlant d'une partie du corps] Qui est flétri, usé, dégradé par les ans; qui donne à une personne (même jeune) une apparence de vieillesse. Avoir une face, une physionomie vieillotte. Un homme dont Berthe venait de remarquer l'habit très ajusté à la taille s'avança vers Madame Rey. Sa petite figure plissée et blanche, à la fois vieillotte et enfantine, et comme pleureuse, semblait sortir de l'eau avec une mèche noire collée à son front (Chardonne, Épithal., 1929, p. 218).Paul, gamin chétif, au visage terne et vieillot (Dabit, Hôtel, 1929, p. 148).
2. [En parlant d'un inanimé concr.]
a) Qui a un aspect un peu vieilli, usé par le temps. Synon. défraîchi, délabré.Appartement, habit, intérieur, logis, tenture vieillot(te). Tu seras ramollie et prendras du tilleul en petit bonnet vieillot et, dans mon cercueil, je tremblerai d'avoir eu pour toi la passion du poète (Jammes, De l'angélus, 1898, p. 166).J'écris ces lignes dans un salon vieillot très légèrement délabré (Green, Journal, 1945, p. 208).
[En parlant d'une couleur] Qui est un peu passé, terni par le temps. La grande bergère de soie aux tons vieillots et éteints placée près d'une des fenêtres du salon (Gyp, Pas jalouse, 1893, p. 23).
b) Qui a un air gentiment désuet, démodé, suranné. Combien je savoure (...) la grâce un peu vieillotte de ses rideaux aux plis raides et droits [au château] (Lorrain, Âmes automne, 1898, p. 154).Notations ténues, d'un charme vieillot, évocatrices d'automne, de petits appartements fanés (Martin du G., Devenir, 1909, p. 86).
3. [En parlant d'un courant d'idées, de pensées ou d'habitudes] Qui n'est plus au goût du jour, qui est dépassé par les usages ou les connaissances modernes. Synon. ancien, démodé, désuet, obsolète, suranné.Leurs goûts casaniers, leurs idées vieillottes, leurs causeries, roulant sur des choses de l'ancien temps ou des souvenirs de MlleLénette, la laissaient indifférente et taciturne (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 73).La vie de la famille française se passe en cérémonies solennellement ridicules et vieillottes. L'ennui est le seul prodige (Cendrars, Moravagine, 1926, p. 302).
[En parlant d'un style, d'une œuvre] Qui est écrit dans une langue un peu vieillie ou développe des idées, des thèmes passés de mode. [Des œuvres] ont été mises au rancart par les théâtres officiels comme vieillottes (Stravinsky, Chron. vie, 1931, p. 53).
II. − Substantif
A. − Fam., vieilli. Personne âgée. [Elle] est toujours la même petite vieillotte, prématurée jadis, admirablement confite à présent (Richepin, Miseloque, 1893, p. 14).
B. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Caractère de ce qui est vieilli, dépassé, suranné. Une conversation galante, intelligente, spirituelle, avec du suranné, du vieillot dans les idées et les tours de phrases (Goncourt, Journal, 1872, p. 917).Cet intérieur (...) est d'un vieillot tout particulier (Goncourt, Journal, 1885, p. 419).
REM. 1.
Vieillot(t)ant, -ante,(Vieillotant, Vieillottant) adj.,rare, plais. Un peu vieillot ou vieillissant. a) [En parlant d'une pers.] Notre conversation fut brève, mais importante: « Comment monseigneur se trouve-t-il à Butschirad?Vieillottant... » (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 476).b) [En parlant d'un style, d'un lang.] Si l'on veut faire la part du sentimentalisme de l'époque, du langage vieillotant, des habitudes littéraires (...) on trouvera dans toutes ses pièces [de MmeAncelot] des qualités d'émotion, de naturel (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 246).
2.
Vieillot(t)erie,(Vieilloterie, Vieillotterie) subst. fém.,vieilli. a) Vieillerie, objet ou notion périmée, sans grande valeur. Je doute que l'on puisse entendre mieux que moi, par exemple ce mot « botanique », dans un sens de vieilloterie, de boîte de Dillenius, aussi bien que d'ombellifères tropicales (Jammes, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 44).b) Caractère de ce qui (ou de celui qui) est vieillot, est marqué (physiquement ou moralement) par les empreintes du temps. Pailleron, c'est uniquement l'esprit d'un viveur de cercle, dont il a sur la figure le ratatinement et la vieillotterie (Goncourt, Journal, 1883, p. 235).
Prononc. et Orth.: [vjεjo], fém. [vjεjɔt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Infra fém. -ote. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1226 subst. fém. (Guillaume le Clerc, Besant de Dieu, éd. P. Ruelle, 758: Un veillard ou une veillote); b) 1538 subst. masc. (Est., s.v. vetulus); Ac. 1694 précise ,,Il ne se dit qu'en raillerie``; c) 1668 adj. (Scarron, Virgile travesti, éd. 1786, t. 4, p. 201: quand vous vous verrez vieillotte); 2. a) 1849 (Michelet, Journal, p. 39: le caractère vieillot du Moyen Age); b) 1855 radoteries vieillotes (Goncourt, Journal, p. 198); c) 1863 (Fromentin, Dominique, p. 67: une très-petite ville, dévote, attristée, vieillotte); 3. 1872 subst. (Goncourt, op. cit., p. 917: du suranné, du vieillot dans les idées et les tours de phrases); 4. 1879 (A. Daudet, Rois en exil, p. 92: ce frêle petit garçon vieillot et maladif). Dér. de vieil, v. vieux; suff. -ot*. Fréq. abs. littér.: 119. Bbg. Geckeleer (H.). Zur Wortfeld-diskussion. Untersuchungen zur Gliederung des Wortfeldes alt-jung-neu im heutigen Frz. München, 1971, pp. 402-404.