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TROUPEAU, subst. masc.
A. − [À propos d'animaux]
1. Ensemble d'animaux domestiques (brebis, moutons, vaches) nourris pour l'élevage ou la pâture, faisant partie d'une exploitation agricole et/ou confiés à la garde d'un berger ou d'un vacher. Troupeau d'ânes, de chevaux, de chèvres, d'oies, de vaches; troupeau de cent têtes de bétail; berger du troupeau; chien de troupeau; garder, faire paître les troupeaux; transhumance des troupeaux. Des troupeaux de moutons qu'un berger conduisoit comme une armée dans des plaines jaunes et incultes (Chateaubr., Avent. dern. Abenc., 1826, p. 205).L'ouverture du monde aux Européens depuis le XVIesiècle s'est accompagnée de progrès spectaculaires dans la dispersion des animaux domestiques: certains ont fait leur lieu d'élection de terres où leur introduction est récente à l'échelle de l'histoire (troupeaux ovin et bovin d'Australie) (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 14).
P. métaph. [P. réf. aux moutons de Panurge dans le Quart Livre de Rabelais] J'envisage ici, naturellement, les hommes dignes de ce nom. Je néglige les moutons du troupeau, nombreux et de peu de signifiance (Arnoux, Visite Mathus., 1961, p. 241).
DR. FÉOD. Droit de troupeau à part. ,,Droit exclusif du seigneur de faire garder ses troupeaux isolément et sans les mêler à d'autres`` (Guérin 1892). Le droit de troupeau à part permettait aux seigneurs féodaux de garder leurs troupeaux séparés de ceux de la communauté religieuse (Fén.1970).
2. Troupe de bêtes sauvages. Troupeau de bisons, de bouquetins, de buffles, d'éléphants, d'oies sauvages. J'aime à chasser des daims et des cerfs par troupeaux (Hugo, Cromwell, 1827, p. 382).Parmi les ruminants, les antilopes continuent à former de grands troupeaux (Boule, Conf. géol., 1907, p. 161).
Rem. ,,Les chasseurs en montagne disent un « troupeau » de chamois ou de bouquetins, plus souvent qu'une harde`` (Duchartre 1973).
P. anal. Toi qui, forte comme un troupeau De démons, vins, folle et parée, De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine (...)Maudite, maudite sois-tu! (Baudel., Fl. du Mal, 1861, p. 53).
B. − P. anal. ou au fig.
1. P. anal.
a) Péj. [À propos de pers.] Troupe nombreuse de personnes rassemblées sans ordre. Troupeau d'admirateurs, d'adorateurs, de bien-pensants, d'émigrants, d'enfants, d'esclaves, de collégiens, d'imbéciles, de locataires, de misérables. Empêcher les intelligences loyales, les cœurs honnêtes que certaines difficultés de la vie sociale et politique excitent et passionnent, de grossir le troupeau que veulent mener des sophistes et des démagogues sans vergogne (Gambetta, Discours, 1881ds Fondateurs 3eRépubl., p. 130).Jamais elle ne risquait ses petits pieds sur le sol raboteux des halles, et jamais elle ne s'intéressait au troupeau humain, défilant devant sa porte, sous l'écrasement du travail maudit (Zola, Travail, t. 2, 1901, p. 17).
Loc. En troupeau. En grand nombre, sans discipline. La juste horreur que nous inspire le Robert Greslou de Bourget n'empêche point que quelques-unes des précieuses qualités de nos jeunes gens viennent, comme leurs graves défauts, de ce qu'ils sont des êtres qui ne s'agrègent point naturellement en troupeau (Barrès, Homme libre, 1889, p. XIII).
b) Littér. [À propos de choses] Ensemble de choses réunies en grand nombre en un lieu et dont l'aspect évoque un troupeau d'animaux. Troupeau de collines, d'étoiles, de maisons, de nuages. De moment en moment des troupeaux de vagues blondes (...) débouchaient sous le vent (...) et accouraient éperdument vers nous (Hugo, Fr. et Belg., 1885, p. 70).Quand solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Éloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux! (Valéry, Charmes, 1922, p. 149).V. bercail ex. 2.
Loc. En troupeau. Vieilles, grises, tassées sous leurs lourds toits de tuiles, elles [les maisons] (...) semblaient se grouper, se serrer en troupeau autour de la petite église (Genevoix, Marcheloup, 1934, p. 12).
2. Au fig. Grand nombre. Troupeau de contradictions, de pensées, de secrets. Et de nouveau elle enlaçait, amenait par ruse à la lumière le troupeau de sentiments obscurs, apprivoisait les confidences (Cocteau, Enfants, 1929, p. 146).Il faut remarquer (...) que le travail de base à exercer sur le langage est de nature synthétique, alors qu'il était analytique au siècle de Voltaire: il faut élargir, approfondir, ouvrir les portes et laisser entrer, en les contrôlant au passage, le troupeau des idées neuves (Sartre, Sit. II, 1948, p. 302).
RELIG. Ensemble de personnes réunies sous une même direction spirituelle; communauté de fidèles sous la responsabilité d'un pasteur. Synon. bercail, fidèles, ouailles.Cet ecclésiastique (...) était curé de Nemours depuis le rétablissement du culte catholique. Par attachement pour son troupeau, il avait refusé le vicariat du diocèse (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 30).Jahvé est le créateur et le dieu d'Israël, qui est son peuple et son troupeau, trop longtemps infidèle (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1007).
REM. 1.
Troupaille, subst. fém.,hapax, fam. Petit troupeau. Derrière trois chèvres qui balançaient trois clochettes, il est arrivé une petite fille (...) elle faisait paître sa troupaille tout alentour de moi (Giono, Baumugnes, 1929, p. 220).
2.
Troupelet, subst. masc.Ensemble de choses réunies en grand nombre dont l'aspect évoque un petit troupeau. Versez goutte à gouttelette Votre mousse en ces puits, puis Que ces puits Passent au four, et, blondines, Sortant en gais troupelets, Ce sont les Tartelettes amandines! (Rostand, Cyrano, 1898, II, 4, p. 73).
Prononc. et Orth.: [tʀupo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 « ensemble de choses réunies en grand nombre, dont l'aspect peut évoquer un troupeau d'animaux » (Floire et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 2217); 2. a) 1160-74 par tropeals « en groupe » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 6056); b) 1174 « réunion d'un certain nombre de personnes, foule » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, 1006 ds T.-L.); 3. a) fin du xiiies. « groupe important d'animaux domestiques réunis pour l'élevage ou la pâture » (Gl. sur Gautier de Chatillon, Alexandreis, éd. R. De Cesare, p. 112); b) 1530 « groupe important d'animaux sauvages » (Palsgr., p. 230b); c) 1538 « ensemble des fidèles » (ap. Richard Kirchenterminologie, p. 125); d) 1643 péj. « groupe d'êtres humains rassemblés passivement, sans ordre » (Corneille, Polyeucte, I, 3 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 498); e) 1832 en troupeau(x) (Musset, Un spectacle dans un fauteuil, Dédicace ds Œuvres compl., t. 1, Premières poésies, p. 257). Dér. d'une forme non att. *trop « grand nombre de personnes, foule », issue de l'a. b. frq. thorp, *throp, v. trop. Fréq. abs. littér.: 2 802. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 101, b) 4 413; xxes.: a) 4 071, b) 3 603. Bbg. Storm (J.). Trop, troupe, troupeau. Romania. 1872, t. 1, pp. 490-491.