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TRANCHER, verbe
A. − Empl. trans.
1.
a) Qqn/qqc. tranche qqc. + compl. de moyen
α) Séparer, détacher d'un tout, en coupant net, à l'aide d'un instrument. Trancher une corde avec une hache; trancher la peau avec un scalpel; trancher du pain, de la viande avec un couteau. [Samson] sommeille et sourit, rêve et ferme les yeux, Pardonne... Et Dalila lui tranche les cheveux (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 98).Le blé était beau (...) quand la lame de la faux tranchait la paille, quelquefois un paquet de grains trop mûrs tombait de l'épi (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 141).
Loc. Trancher le col, le cou, la tête de qqn. Décapiter quelqu'un à l'aide d'un instrument tranchant; en partic., guillotiner un condamné à mort. Être condamné à avoir la tête tranchée. Le comte de Namur (...) fit trancher la tête à un de ses frères bâtards, pour avoir négocié ce mariage (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 404).Mais soyez sans crainte; vous ne serez pas comme le vizir dont on tranchait le cou quand il apportait une mauvaise nouvelle (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 25).
β) Couper net dans l'épaisseur. Giovanni Grasso. Un loup (...) tranche à coups de dents la gorge du seigneur et emporte la femme dans ses bras (Renard, Journal, 1908, p. 1152).
Empl. pronom. réfl. indir. Se trancher le doigt avec un couteau. Je vais me trancher le poignet. Il regardait, autour de lui, cherchant une arme, un couteau (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 173).
Loc. Trancher la gorge (de/à un être humain ou un animal). Égorger. Trancher la gorge de qqn avec un rasoir. Je me suis attardé dans la chapelle de Mithra, j'ai regardé (...) la pierre ronde où s'appuyait la tête du taureau à qui l'on tranchait la gorge, le petit bassin qui recueillait le sang (Green, Journal, 1935, p. 15).
b) P. anal. Qqc. tranche qqc.Diviser nettement en deux ou plusieurs parties. Deux doigts de sa main gauche manquaient (...). En Russie un Baskir les lui avait coupés d'un coup de faux. Par contre, il avait « donné une commission pour l'autre monde » à ce vilain tartare. Le geste tranchait l'espace (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 131).Le soleil était déjà bas; ses longs rayons poussiéreux tranchaient la pièce en deux sans l'éclairer (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 106).
P. métaph. De nombreux journaux luttaient au nom des deux grandes opinions qui commençaient à trancher la France (Lamart., Nouv. Confid., 1851, p. 315).
c) Arg., vulg. Qqn tranche qqn.Posséder sexuellement. Synon. troncher (rem. s.v. tronche).Je tranche la Micheline.La Micheline Papot? (R. Fallet, La Grande Ceinture, 1976 [1956], p. 134 ds Cellard-Rey 1980).
Empl. abs. Les paumés (...) se confient mille recettes d'enculés pour trancher encore bien mieux! Davantage! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 31).
2. Au fig. Qqn/qqc. tranche qqc.
a) Littér. Interrompre brutalement le cours, l'existence de quelque chose. Trancher des liens familiaux, des attaches sentimentales. J'expose ici mes jours. Wallstein avec opprobre en peut trancher le cours (Constant, Wallstein, 1809, i, 2, p. 15).Certains nous trouvaient trop éloignés de la musique traditionnelle; d'autres au contraire (...) nous conseillaient l'originalité absolue, et de trancher toute adhérence à la musique traditionnelle (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 111).
b) Vx. Abréger, couper court à (quelque chose). Trancher son discours, le trancher en un mot, d'un mot (vieilli); trancher un débat, une discussion d'un seul mot; aller droit au mot qui tranche tout. Si le penchant gascon à trancher beaucoup de difficultés par un sourire, que ma mère avait mis en moi, eût dormi éternellement, peut-être mon salut eût-il été plus assuré (Renan, Souv. enf., 1883, p. 147).Didace se rapprocha d'eux et trancha net la conversation (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 67).
Locutions
Littér. Trancher le mot. Parler net, sans détour; appeler une chose par son nom. Quelle fierté individuelle, quel prodigieux orgueil, tranchons le mot, quelle insolence, doivent naître dans son âme! (Guizot, Hist. civilis., leçon 4, 1828, p. 14).[Edmond] s'était commandé (...) un nouveau smoking. Celui de Marseille étant un peu, enfin, tranchons le mot, province (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 402).
Vx. Le trancher net. Parler franchement et sans ambages. Je n'ai pas vu son intrigue avec le lieutenant-colonel du régiment de hussards (...). Enfin, pour le trancher net, je ne l'ai pas vu, et désormais je ne veux croire que ce que j'aurai vu (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 163).
c) Mettre fin à une difficulté en faisant un choix, en prenant une décision; résoudre une affaire, une question de manière définitive. Synon. résoudre.Trancher un différend par des moyens énergiques; considérer une question comme tranchée. L'électeur palatin, recevant le duc de Chevreuse à dîner, feint, pour ne pas lui laisser la main, d'être malade et dîne avec lui mais couché, ce qui tranche la difficulté (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 436):
1. À peine (...) étais-je arrivé que l'officier de justice s'empressa de me remettre en cellule, feignant de douter, d'après le dossier qui m'accompagnait, si je lui étais envoyé après mes trois mois expirés ou au contraire pour les purger. À trancher ce doute il mit quinze grands jours... Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 353.
Loc. Trancher le nœud gordien*.
P. ext. Décider. Synon. arbitrer, juger.Ce que le juge a tranché. (Dict. xxes.).
[Avec une prop. complét. introd. par si/que] Le concile a tranché que... L'autre parti, où je vois Descartes, (...) tranche, d'après cette vue, qu'une pensée qui n'est point formée en pleine attention n'est plus une pensée du tout (Alain, Propos, 1928, p. 812).Nous n'avons pas ici à trancher si cette attitude sert ou dessert la cause de la plus grande liberté (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 303).
B. − Empl. intrans. ou trans. indir.
1. Qqn/qqc. tranche.Couper franchement et aisément; être coupant. Cette lame tranche comme un rasoir. (Dict. xixeet xxes.).
En partic., vx. Découper les viandes. L'écuyer tranchait à la table du roi. Le service de l'écuyer consistoit, en paix, à trancher à table, à servir lui-même les viandes, comme les guerriers d'Homère (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 487).
CHIR., loc., vx. Trancher dans le vif. Enlever, avec les parties atteintes, ce qu'il faut de chairs saines pour empêcher la progression d'une infection. (Dict. xixeet xxes.).
Au fig. Prendre une décision salutaire, des mesures énergiques, sans ménager autrui. Après tout, mieux vaut trancher dans le vif et ne pas vivre avec des illusions (Barrière, Capendu, Faux bonsh., 1856, i, 9, p. 33).Yvonne: Je compte sur Georges pour faire preuve de caractère une fois au moins, et pour trancher dans le vif. Georges: Trancher dans le vif est une phrase (Cocteau, Parents, 1938, i, 9, p. 221).
2.
a) Qqc. tranche (avec, sur qqc.).Se découper avec netteté (sur quelque chose), former un contraste (avec quelque chose). Il y a (...) l'Égypte proprement dite, la vallée, tout ce qui reçoit l'inondation, qui est plus vert que la Normandie, et immédiatement à côté le sable aride, le désert, de sorte que ces deux couleurs tranchent brutalement côte à côte (Flaub., Corresp., 1849, p. 134).Je sors encore et je regarde: tout est pur. Une falaise qui borde le terrain tranche sur le ciel comme s'il faisait jour (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 191).
b) Au fig.
Qqn tranche au milieu de, sur qqc.Se faire remarquer, se distinguer nettement, par contraste avec l'entourage. Restaient Léonide de Chezelles, Steiner, tout un coin louche, sur lequel madame Hugon tranchait avec sa sérénité de vieille femme aimable (Zola, Nana, 1880, p. 1154).Chaque stalag a eu son quartier chic (...). L'humanité captive qu'on y apercevait tranchait par sa mine prospère et l'élégance de son vêtement sur la foule hâve et déguenillée qui peuplait les autres baraques (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 127).
Qqc. tranche au milieu de, avec, sur qqc.Former un net contraste, être en opposition avec. Soirée qui tranche sur les autres; ton d'un ouvrage qui tranche avec celui des précédents. La maison du commandant, qui tranche au milieu des autres constructions arabes par la symétrie presque européenne de ses fenêtres et le badigeonnage de sa façade (Fromentin, Été Sahara, 1857, p. 119).Nous entrions à l'aveuglette dans un siècle sans traditions qui devait trancher sur les autres par ses mauvaises manières et le nouvel art [le cinéma], l'art roturier, préfigurait notre barbarie (Sartre, Mots, 1964, p. 97).
3. Au fig.
a) Qqn tranche dans, de, en, sur qqc.Émettre une opinion d'une manière catégorique et péremptoire. Trancher de/sur tout avec assurance. Désormais, Étienne était le chef incontesté. Dans les conversations du soir, il rendait des oracles, à mesure que l'étude l'affinait et le faisait trancher en toutes choses (Zola, Germinal, 1885, p. 1328):
2. Arrive (...) l'officier de gendarmerie. Au second mot, le sous-préfet le coupe. − Il ne peut plus y avoir de troubles. On me l'annonce de source sûre (...). Tranchant de tout cela derrière son bureau, comme s'il dominait de cent pieds les événéments et en possédait de naissance la mécanique. Pourrat, Gaspard, 1930, p. 81.
b) Qqn/qqc. tranche.Décider, résoudre d'une manière nette, franche, catégorique. Elle tranche et n'hésite jamais; une réponse qui tranche; les événements allaient trancher. Tu veux savoir si je t'aime, pour trancher tout d'un coup et en finir franchement (Flaub., Corresp., 1847, p. 19).Certains tempéraments passifs (...) ne savent rien décider seuls et ont besoin que l'on ose et tranche pour eux (Mounier, Traité caract., 1946, p. 521).
c) Souvent en incise. Mettre fin à une discussion de manière abrupte, en émettant un avis catégorique. Tranchons tout net, et sans nuance, la morale n'est pas toujours sans danger pour la discipline (Alain, Propos, 1914, p. 178).« Il faut s'en rapporter aux gens du métier », trancha Antoine, nerveux. « Ils doivent savoir mieux que nous ce qu'il convient de faire » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 305).
Expr. Tranchons-là. Arrêtons-là (la discussion). (Dict. xixeet xxes.). Synon. brisons-là.
d) Qqn tranche (entre deux pers. ou deux choses).Choisir nettement. L'Ange: Que voulez-vous de moi? De quoi s'agit-il? Lia: De trancher entre mon mari et moi (...) De savoir s'il fait beau ou laid sur Sodome (Giraudoux, Sodome, 1943, i, 2, p. 49).L'artiste (...) va devoir (...) trancher entre les deux concurrents [le réalisme et la recherche plastique] (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 73).
e) Qqn/qqc. tranche (avec qqc.).Rompre (avec quelque chose). Trancher avec ses aises, ses habitudes. Conclure en tout me répugne et m'ennuie, car conclure, c'est brusquer, c'est trancher, c'est renoncer (Amiel, Journal, 1866, p. 383).N'ayant jamais été envisagée jusque-là, cette solution tranchait avec les habitudes, elle impliqua des études techniques poussées (Industr. aéron. fr., 1962, p. 14).
4. Vieilli, littér. Qqn tranche (de + subst. désignant une catégorie de pers. ou une qualité).Prendre, d'une manière prétentieuse, des manières, des airs de. Synon. faire le.Trancher du grand seigneur, du brave. Quand on se mêle de parler musique et de trancher de l'important, il faut d'abord savoir la musique (Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p. 751).Félix Faure, aimant trancher du gentilhomme, avait pris des allures de haute vie (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 88).
C. − Empl. intrans., MÉD., PATHOL., vx. Provoquer des tranchées (v. ce mot A). (Dict. xxes.).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃ ʃe], (il) tranche [tʀ ɑ ̃:ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 trans. « couper en séparant » faire trecher les testes (Roland, éd. J. Bédier, 57; 732: La destre oreille al premer uer trenchat); b) id. « fendre, couper en 2 parties par le milieu » (ibid., 1543: Trenchet la teste e la broine et le cors; 3617: Tranchet la teste pur la cervele espandre); 1581 p. ext. hérald. part. passé adj. [écu, blason] tranché (De Bara, Blason des armoiries d'apr. FEW t. 13, 2, p. 280a); 1690 escu tranché (Fur.); c) α) ca 1100 intrans. « (d'une lame) être tranchant » (Roland, 1339: Tient Durandal, ki ben trenchet e taillet); id. part. prés. adj. espiet trenchant (ibid., 867); ca 1180 id. p. anal. « qui semble coupant; sec » (Hist. de Joseph, 954 ds T.-L.: les 7 vaches maigres [...] tranchanz); 1376 id. cynégét. « (des côtés du pied du cerf) qui n'est pas usé » (Roi Modus, Gloss., p. 414, ibid.); β) déb. xiies. id. subst. « partie coupante d'une arme » (Benedeit, St Brendan, 1720, ibid.); 1756 empl. par image glaive à deux trenchants « qui blesse des deux côtés » (Voltaire, Essai sur les mœurs, chap. 191, éd. R. Pomeau, t. 2, 1963, p. 753: Ce pouvoir était entre les mains du sultan un glaive à deux trenchants); 2. ca 1170 intrans. « se déchirer, se rompre; craquer » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 974; 4555); 1205-50 p. anal. (Renart, éd. E. Martin, XIII, 1174: De fein m'en trencent li boiel); 3. 1174-87 empl. abs. « découper (à table) » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3273); 1530 spéc. escuier trenchant (Palsgr., p. 235 b [cf. 1280, Philippe de Beaumanoir, Jehan et Blonde, 196 ds T.-L.: un escuier, Qui sache devant li trenchier]); ca 1393 part. passé adj. piece [noyau du beuf] tranchee (Menagier, éd. G. E. Brereton et B. Smalley, II, V, 25, p. 196, 18); 4. a) 1315 trans. « creuser, pratiquer une tranchée dans » (Arch. nat., K 7223 ds Gdf. Compl.); b) 1176-81 part. passé adj. roche tranchiee contre val « taillée à pic » (Chrétien de Troyes, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 427); ca 1210 (Raoul de Houdenc, Meraugis, éd. M. Friedwagner, 4270: riche trenchiee Dont la falise estoit trenchiee Plus de cent toises en parfont). B. 1. a) Av. 1188 trans. « réduire à néant, supprimer » (Partanopeus de Blois, éd. J. Gildea, 7272 Quant vuelt Parthonopeunomer, Li dent li trainchent le parler); ca 1220 (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 438 ds T.-L.: la joie de la naissanche De son fil [...] Li trencha molt de sa dolor); b) ca 1460 trancher le chemin « barrer le chemin, empêcher l'accès vers un lieu » (Mystère du siège d'Orléans, éd. Fr. Guessard et E. de Certain, 20119); 1561 id. fig. (Calvin, Comm. s. l'harm. evang., p. 2 ds Gdf. Compl.); c) 1576 « couper, réduire, abréger » trancher court son discours (J. Bodin, République, préf., éd. Chr. Frémont et M. D. Couzinet, t. 1, 1986, p. 11: Platon et Aristote ont tranché si court leurs discours Politiques, qu'ils ont plustost laissé en appetit que rassasié ceux qui les ont leus); 1616 « interrompre, couper court » (D'Aubigné, Tragiques, II, 1058, éd. A. Garnier et J. Plattard, t. 2, p. 77: Triste, je trancherai ce tragique discours); 2. a) ca 1220 part. prés. adj. « qui parle, se prononce hardiment, de manière péremptoire » en mauvaise part (Henri de Valenciennes, Hist. empereur Henri de Constantinople ds Geoffroi de Villehardouin, Conquête de Constantinople, éd. N. de Wailly, § 689: Trahitres et faus [...] et trençans); fin xiiies. en bonne part (Vieille truande, 26 ds A. de Montaiglon et G. Raynaud, Rec. gén. fabliaux, t. 5, p. 172: si cortois et si sachanz E de parole si trenchanz); 1306 empl. abs. « déclarer de manière sûre, autorisée » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 6813 ds T.-L.: si com l'escriture tranche); 1538 part. prés. subst. « caractère tranchant (de paroles, d'une personne) » (Est., s.v. acies [orationis]: la poincte ou le trenchant); b)1565 trancher et couper de « décider, résoudre une question de manière autoritaire » (E. Pasquier, Recherches, II, 6 ds Œuvres, t. 1, Amsterdam, Libraires associéz, 1723, p. 85b); 3. 1488 trenchier du gros bis [a. fr. grobis « important » cf. Väänänen, Recherches et Récréations latines, pp. 275-288] « faire l'important » (Rec. Trepperel, Sotties, éd. E. Droz, VIII, 249); 4. a) 1667 « (en parlant de deux couleurs) faire contraste » part. prés. adj. (S. Bourdon, Conf., Jouin, p. 131 ds Brunot t. 5, p. 740, note 10); 1690 couleurs qui trenchent (Fur.); 1770-83 part. passé adj. noir bien tranché (Buffon, Oiseaux, t. 4, p. 136 ds Littré); b) 1718 fig. part. prés. adj. « (dans un discours, un écrit) être de caractère différent du contexte » (Ac.); av. 1770 part. passé adj. divisions tranchées (Bonnet, Paling. phil., III, 3 ds Littré). Orig. incertaine. L'a. fr. trenchier, l'a. prov. trencar (1180, Girart de Roussillon, éd. W. M. Hackett, 4450: vines trencar); l'a. cat. id. (xiies. fig. « détruire »; 1283 sens propre Ramon Lull, Blanquerna ds Alc.-Moll) sont peut-être issus d'un lat. vulg. *trι ̄nicare propr. « couper en trois parts » (formé à partir du distributif trι ̄ni « à chacun trois; trois à trois » sur le modèle de duplicare « doubler »), altéré en trĭ- soit d'apr. le cardinal lat. trēs « trois », soit par croisement avec un gaul. *trĭncare « couper [la tête] » (que l'on peut déduire du subst. plur. trinci, qui, dans une inscription de Sardes de ca 177 désigne des gladiateurs (ceux-ci devant prob. combattre jusqu'à la décollation) et pourrait être rapproché du rad. *trenk-, lat. truncus (A. Pigagnol ds R. Ét. anc. t. 22 1920, p. 283-290)); v. aussi J. Vendryes ds R. celt. t. 39 1922, p. 404). L'a. prov. trinca (1355 [copie 1435] camis trinquats Coutumes de Rouergue ds Levy (E.) Prov., p. 435 b; cf. les dér. trincada xives. Hist. anon. guerre albig., ibid., p. 432 a; trincament xives. trad. Gesta Karoli, ibid., p. 433 b) est soit directement issu de *trι ̄nicare, soit, étant donné sa date tardive et sa rareté par rapport au type trencar, de même orig. que ce dernier avec fermeture de ȩ à i devant n en syll. fermée (Ronjat, § 81); dans l'hyp. de cette évol. phon., les deux types trencar-trenchier et trinca pourraient être issus du gaul. *trι ̄ncare; v. FEW t. 13, 2, p. 284a et 285a, note 34. Fréq. abs. littér.: 938. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 026, b) 1 262; xxes.: a) 1 279, b) 1 671. Bbg. Bierbach 1982, pp. 397-398 (s.v. tranche-). − Bourciez (E.). Mél. d'étymol. rom. Ann. de la Fac. des Lettres de Bordeaux. 1889, t. 1, pp. 78-79. − Quem. DDL t. 1, 38.