Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
SUPERBE1, adj.
A. −
1. [En parlant d'une pers., parfois d'un groupe de pers. et, p. méton., de certains attributs de la pers.]
a) Vieilli ou littér. Qui manifeste de l'orgueil, qui est plein de superbe (v. superbe2B). Synon. altier, arrogant, fier, hautain, orgueilleux.Monarque, vainqueur superbe; superbe nation. Je raille avec volupté le moi superbe qui regimbe vainement contre l'aiguillon du sarcasme intérieur (M. de Guérin, Journal, 1834, p. 207).Ces conceptions étendues qui rendent l'homme si superbe et si avide d'empire, d'espérances et de durée (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 19).
Superbe + n. propre.Le superbe Achille. Le superbe Clemenceau montre son impuissance avec beaucoup de morgue (Bloy, Journal, 1906, p. 329).
b) [P. méton.] Qui marque l'orgueil, qui témoigne de l'orgueil, de l'arrogance. Synon. arrogant, fier, dédaigneux.Air, esprit, langage, regard, ton superbe. Mon cher, répondit Chérubin avec un calme superbe, les femmes pardonnent toujours l'audace. Baccarat est folle de moi (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 232).Hommes qui montraient un si superbe dédain de la légalité dans l'affaire Dreyfus (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 270).
ANAT., vx. Muscle superbe. ,,Muscle droit supérieur ou releveur de l'œil, qui entre en action lorsque cet organe exprime l'orgueil`` (Littré).
c) Empl. subst. Personne arrogante. Quand je vis Sophie pleurer son amie et dédaigner mes consolations, je ne fis pas la superbe (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 156).
Au plur. [Dans un cont. relig.] Synon. les grands, les orgueilleux; anton. les humbles, les petits.Abaisser, humilier les superbes. [Le Sauveur] n'a point été annoncé aux grands et aux superbes, mais les anges l'ont révélé aux petits et aux simples (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 300):
... la parole se fait petite avec les petits. Mais lorsque les Grands, − les Superbes − croient malin de se la répéter comme un simple conte de Ma Mère l'Oie, en ne retenant que les détails attendrissants, poétiques, ça me fait peur... Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1073.
2. P. anal., littér., poét. Qui a l'apparence de l'orgueil, qui évoque l'orgueil.
a) [En parlant d'un animal] Dont l'allure, la force ont une orgueilleuse majesté. Synon. fier.Superbe coursier. Ainsi l'aigle superbe au séjour du tonnerre S'élance; et, soutenant son vol audacieux, Semble dire aux mortels: Je suis né sur la terre, Mais je vis dans les cieux (Lamart., Médit., 1820, p. 147).Qu'il faut rompre ses fers, vaincre, et que le lion Superbe, pour crinière a la rébellion (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 701).V. lion I D 1 b ex. de Hugo.
b) [En parlant d'éléments de la nature] Qui domine par sa hauteur, son aspect. Monts superbes, dressez vos pics inaccessibles Sur le cirque brumeux où plongent vos flancs verts (Dierx, Lèvres closes, 1867, p. 165).
B. −
1. [En parlant d'une pers., des attributs de la pers., d'un animal]
a) Qui est d'une beauté éclatante faite de grandeur, de vigueur et de santé, d'une très belle apparence. Synon. magnifique.Animal, enfant, race superbe; superbe étalon. Des femmes superbes, dans toute la fleur de la plus vigoureuse jeunesse (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 158).Étant allé me promener dans le jardin zoologique, j'ai vu là des bêtes superbes, d'admirables tigres surtout (Tharaud, Paris-Saïgon, 1932, p. 147).
Superbe de + subst.Femme superbe de corps. La ménagère, superbe d'yeux et de seins, m'offre le café (Renard, Journal, 1896, p. 374).
Superbe dans ou en + subst. (désignant un vêtement).Soldat superbe dans son uniforme. Sylvestre (...) superbe en matelot, avec son allure roulante et sa haute taille (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 105).Sa femme, toute prête, haute et superbe dans une robe de satin rouge (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 583).
[P. méton.] Bras, front, regard, santé, sourire, taille superbe; dents, mains, yeux superbes. Vos jambes sont superbes... il faut pouvoir les montrer (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 236).Elle débarqua, suivie de « l'amie » qui portait les poupons dans les bras. Sylvaine avait une mine superbe.J'ai repris très vite, dit-elle (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 161).
b) Qui fait grande impression, qui est digne d'admiration. Synon. magnifique, remarquable.Superbe artiste. Florine a été superbe, elle rendrait des points au prince de Talleyrand (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 378).Gobineau est un écrivain de marque, un conteur superbe, un esprit curieux (Marin, Ét. ethn., 1954, p. 33).
Superbe de + subst. (désignant une qualité, parfois un défaut, un sentiment).Superbe de colère, de jalousie. Cette fille superbe de courage, oui, vraiment magnifique dans son ardeur à surmonter sa propre destinée, admirait cet adolescent théâtral [Saint-Just] (Barrès, Cahiers, t. 13, 1921, p. 160).
[P. méton.] Air, attitude, intelligence, mépris, raison, sang-froid superbe. Voulez-vous de l'argent? Elle eut un geste superbe de refus. Non, merci. Si vous étiez mon amant, je ne dis pas (Zola, M. Férat, 1868, p. 214).Un orgueil superbe, une hauteur démesurée que trahissait par instants l'audace de ses yeux, ne lui empêchaient point, quand il le fallait, l'assiduité, le ton bas et humble et la flatterie (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 73).
Par antithèse. Elle essaya d'abord de le distraire par une ardente gaieté, par les douceurs d'une intimité pressante, par l'humilité superbe d'une maîtresse qui s'offre (A. France, Lys rouge, 1894, p. 259).
c) Iron., fam. Vous êtes superbe, vous!... parce que ça ne vous chante plus [les femmes] ... vous voulez en décourager les autres (Gyp, Le 13e, 1894, p. 132).
2. [En parlant d'un inanimé]
a) D'une très grande beauté ou magnificence. Synon. grandiose, imposant, majestueux, somptueux.Architecture, palais, ville superbe; superbe festin. En huit ou dix jours, cette immense et superbe cité fut réduite en cendres, à l'exception du palais Kremlin (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1083).Les gens montaient sur la colline, en septembre, pour les fêtes de la Nativité de la Vierge, et la superbe procession déployait son cortège (Barrès, Colline insp., 1913, p. 96).
Superbe en + subst.On traversa un plain-pied de chambres silencieuses, magnifiquement éclairées, superbes en marbres, en plafonds, en peintures, en glaces et en dorures (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 12).
b) Qui est d'une grande beauté, qui suscite l'admiration. Synon. magnifique, splendide.Couleur, diamant, étoffe, poupée, vêtement superbe. Ils ont beau l'avoir mal placé, ton tableau est superbe, un fameux morceau de peintre! (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 323).Des buissons ardents superbes avec leurs grains vermillon et leurs feuilles sombres (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 109).
Gén. postposé. [En parlant du temps] Qui est beau et agréable. Synon. radieux, splendide.Nuit superbe. La journée était superbe, une chaude et rayonnante journée d'été (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 201).
c) [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est excellent, remarquable, présente un grand intérêt. Mariage, occasion, position superbe. C'est une affaire superbe pour moi, un parti fort avantageux; car c'est un bel et bon mariage qu'il m'offre (Leclercq, Prov. dram., Désœuvr., 1835, 2, p. 434).L'Inspecteur: Quel crime? Le Contrôleur: Un crime superbe, Monsieur l'Inspecteur, je dirai même mondain (Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 5, p. 35).
[En parlant des œuvres de l'esprit] Discours, livre, mot, page superbe. Soirée chez Schiller. Lecture de 2 scènes de son Guillaume Tell. Le monologue de Tell est superbe de naturel et de force (Constant, Journaux, 1804, p. 63).Quant à la quatrième partie, c'est vigoureux, superbe, intéressant, émouvant, réussi en un mot (Flaub., Corresp., 1858, p. 292).
C'est superbe! C'est excellent! La princesse (...) vient avec son monde m'embrasser dans le foyer des acteurs, en me disant, un peu grisée par les bravos: « C'est superbe, c'est superbe (...) » (Goncourt, Journal, 1885, p. 430).
Iron. Superbe! Superbe! Voilà qu'on canonise Madeleine (Cocteau, Parents, 1938, iii, 1, p. 271).
Prononc. et Orth.: [sypε ʀb]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. « Fier, orgueilleux » a) ca 1200 adj. en parlant d'une pers. (Elie de St Gilles, 2289 ds T.-L.); 1679 [3eéd. 1684] empl. subst. (I. L. Lemaistre de Sacy, Les douze petits prophètes trad. en fr., Lyon, L. Plaignard, Hab. II, 5, p. 441: le superbe sera trompé); b) 1549 en parlant d'un inanimé [les] superbes langues Greque et Latine (Du Bellay, Deffence, II, 5 ds Hug.); c) 1677 superbes coursiers (Racine, Phèdre, V, 6); 2. a) ca 1200 « qui exprime la fierté » (Destruction de Rome, éd. G. Gröber, 380: chançon de moult grant segnorie, Orgoillous[e] et superbe et de fier[e] aatie); b) ca 1265 « qui témoigne d'un caractère orgueilleux » superbe contenance (Brunet Latin, Trésor, II, 73, 11, éd. Fr. J. Carmody, p. 250); 3. 1559 « (d'un inanimé) qui donne une impression de magnificence, qui en impose par sa majesté » (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Romulus, 25, éd. G. Walter, 1959, t. 1, p. 58: Tarquin [...] eleva les triomphes en cette superbe magnificence); 1588 grande et superbe pompe de l'enterrement (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 529); 4. 1617 « très beau » houpelande superbe (D'Aubigné, Faeneste, I, 3 ds Œuvres, éd. H. Weber, 1969, p. 682); 1775 spéc. en parlant du temps, du ciel nuit superbe (Beaumarchais, Barbier de Séville, IV, 5). Empr. au lat.superbus « orgueilleux, fier, hautain (en parlant des hommes et des choses); magnifique, brillant, imposant, éminent ». Bbg. Duch. Beauté 1960, pp. 131-133.