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SUFFRAGE, subst. masc.
A. −
1. Déclaration exprimant, habituellement oralement ou par écrit, l'avis de celui qui est appelé à faire son choix dans une délibération, dans une désignation, dans une élection. Majorité absolue des suffrages; pluralité, unanimité des suffrages; briguer, conquérir les suffrages. La ville (...) s'administrait elle-même au moyen de douze procureurs élus par le suffrage des bourgeois pour deux ans (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 132):
1. Ansowald arriva à Tours (...) il remit au choix de l'évêque et de tout le corps des citoyens la nomination d'un nouveau comte. Les suffrages se réunirent sur un homme de race gauloise, appelé Eunomius... Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 213.
2. DR. CONSTIT. Suffrages exprimés. Ensemble des suffrages valides déposés dans l'urne, lors d'une consultation, après soustraction des bulletins blancs et nuls, et qui sont seuls pris en compte pour le calcul des résultats. Un Membre sortant ne pourra (...) être réélu que si, à l'expiration de son mandat ou au cours de cette période de trois années, l'Assemblée, statuant à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés, décide préalablement qu'il est rééligible (Cons. S.D.N.,1938, p. 100).
Absol. Expression de l'opinion, prise de position d'un citoyen à part entière dans la vie politique, l'administration de sa cité, de son pays. (Avoir) droit de suffrage; exercer son droit de suffrage. La condition de Latins ayant droit de cité sans suffrage et sans conubium, n'existe plus. Rome leur a repris ce titre de citoyen (...) et elle s'est décidée à rendre aux différentes villes leur gouvernement municipal, leurs lois, leurs magistratures (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 503).Grâce à sa victoire, le peuple français a recouvré la possibilité de s'exprimer par la seule voie démocratique qui est celle du suffrage (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 587).
P. méton. Manière d'effectuer cette déclaration; expression du vote d'un individu, d'un groupe. Élire, élection au suffrage universel, restreint. Le vrai terrain du débat est celui de savoir si le droit de suffrage est un mode d'expression des seuls individus ou aussi des groupes. Sur ce point, nos Constituants ont adopté la thèse individualiste avec certaines retouches. Pour l'Assemblée Nationale, la Constitution impose le suffrage égal et exclut donc en principe le vote familial (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 356).
Suffrage capacitaire (v. ce mot I). Suffrage censitaire*.
Suffrage direct. Système d'élection dans lequel les électeurs désignent sans intermédiaire leurs représentants; élection au premier degré (par opposition à suffrage indirect), ou à plusieurs degrés. Les députés à l'Assemblée nationale sont élus au suffrage direct. Le Sénat est élu au suffrage indirect (Constitution de 1958ds Doc. hist. contemp., p. 208).
Suffrage familial. ,,Système de vote qui accorde au chef de famille un nombre de voix correspondant à l'importance de cette dernière`` (Jur. 1981).
Suffrage féminin, suffrage des femmes. Suffrage universel étendu à tous les citoyens sans exclusion due au sexe. Un après-midi, au jardin, on discuta sur le suffrage des femmes; il paraissait logique à tout le monde que Madame Mabille eût le droit de voter plutôt qu'un manœuvre ivrogne (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 254).
Suffrage indirect. V. indirect B 1 b.Suffrage plural*. Suffrage restreint. V. restreint II.
Suffrage universel. Droit de vote étendu à tous les citoyens sans restriction de fortune, de capacité ou d'hérédité mais pouvant comporter des exclusions tenant à l'âge, au sexe, à l'insanité d'esprit (par opposition à suffrage restreint):
2. Il n'y a pas de bonne définition du suffrage universel pour l'excellente raison que celui-ci est indéfinissable dans l'absolu. Il ne se définit, comme on l'a vu, que par opposition au suffrage censitaire, aristocratique ou capacitaire. Encore que, dans les pays démocratiques, ni les enfants, ni les aliénés, ni certains condamnés ne votent, on considère que ces pays ne connaissent pas moins le suffrage universel. Vedel, Dr. constit., 1949, p. 335.
3. P. anal. Approbation, avis favorable, témoignage de satisfaction donné à quelqu'un, à une cause. Synon. adhésion, soutien.Suffrage de l'opinion; briguer les suffrages; obtenir, rallier tous les suffrages; accorder son suffrage. La petite Laure enleva tous les suffrages dans l'air Voi che sapete, de Mozart (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 85).Il estimait au plus haut prix le suffrage du jeune homme, et n'était vraiment satisfait d'un article ou d'une action, que si Décugis les approuvait (Arland, Ordre, 1929, p. 194).
B. −
1. RELIG. CATH.
a) [Suivi d'un compl. déterminatif à valeur active] Au plur. ,,Suffrages de l'Église``(Ac.). ,,Les prières que l'Église universelle fait pour les fidèles`` (Ac.). ,,Suffrages des Saints``(Ac.). ,,Les prières que les saints font à Dieu en faveur de ceux qui les invoquent`` (Ac.).
b) [Suivi d'un compl. déterminatif à valeur passive] Prière d'intercession. Un monde où le suffrage pour les défunts n'existe pas plus que la notion de vie éternelle (Bloy, Journal,1899, p. 362).
LITURG. Prière composée d'une antienne, d'un verset et d'une oraison, dite certains jours à la fin des laudes et des vêpres afin d'obtenir l'intercession des Saints auprès de Dieu. Suffrage de tous les Saints. Ce suffrage se dit les dimanches de rite semi-double, excepté pendant l'Avent, le Temps de la Passion et le Temps Pascal. On l'omet aux fêtes doubles et pendant les octaves (G. Lefebvre, Missel vespéral romain quotidien, Bruges, Desclée de Brouwer et Cie, 1951, p. 143).
2. Au plur., vieilli. Menus suffrages
a) RELIG. CATH. Petites oraisons, courtes prières surérogatoires, récitées à la fin de l'office. Les litanies dépêchées (...) don Juan expédia encore avec distraction quelques menus suffrages (Mérimée, Ames Purg., 1837, p. 313).
b) Petite redevance en nature en sus du prix principal du bail. Cet impôt n'était jamais payé en réalité que par les vassaux et tenanciers des biens ecclésiastiques, en surplus de leurs redevances et menus suffrages (Sand, Consuelo, t. 2, 1842-43, p. 282).
P. anal. Petites choses accessoires, de peu de valeur; surplus sans importance. François Michu, enfant âgé de dix ans, jouissait du parc, de la forêt, et levait ses menus suffrages en maître; il mangeait les fruits, il chassait, il n'avait ni soins ni peines (Balzac, Tén. affaire, 1841, p. 42).
c) Petites grâces accordées (notamment par une femme), faveurs sans importance. Quand, pour prix de tant de dévouements ignorés, il n'eut que les plus douces paroles (...) des mots passionnés en échange des siens, il trouva quelque duperie à laisser ignorer le prix énorme avec lequel il payait ces menus suffrages, auraient dit nos pères (Balzac, Fille Ève, 1839, p. 147).Depuis six mois il lui faisait une cour assidue, sans avoir obtenu d'elle autre chose que les plus menus suffrages (L. Daudet, Mésentente, 1911, p. 7).
REM. 1.
Suffragerie, subst. fém.,rare. Les armes de Satan c'est la criaillerie, Le vote, le mandat et la suffragerie (Péguy, Tapisserie Ste Geneviève et J. d'Arc, 1913, p. 87).
2.
Suffragiste, subst.,hist. pol., rare. Qui revendique le droit de suffrage. Mrs Pankhurst suggéra de tenir, hors la Chambre des Communes, un meeting de protestation (...) la police les fit circuler; elles se dispersèrent, mais en jurant de se venger du Gouvernement. Les suffragistes devenaient les suffragettes (Maurois, Édouard VII, 1933, p. 304).
Prononc.: [syfʀa:ʒ]. Étymol. et Hist. 1. a) 26 oct. 1289 suffrages d'oroisons « prières » (Cartulaire de Notre-Dame de Voisins, éd. J. Doinel, no34, Tiltre pour la rente de Bloys, p. 35); 1374 suffrages « prières » (A. N. K 50, pièce 10 ds Gdf. Compl.); b) 1532 spéc. menus suffrages « certaines oraisons de dévotion particulière » (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, chap. XI, p. 83); 2. 2emoit. xives. menuz suffrages « choses sans importance, bricoles » (Guillaume de St André, Bon Jehan, 2810, éd. E. Charrière ds Cuvelier, Chron. de Bertrand Du Guesclin, t. 2, p. 514); 1461-69 suffraige « petite chose, quelque chose » (Farce de Maistre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, v. 67); 3. ca 1330 suffraiges plur. « secours, aides » (Girart de Roussillon, éd. E. B. Ham, 6071 et 6315); 1376 aide ou souffrage « aide, contribution » (Charles V, Ordonnances des rois de France, t. 6, p. 186); 4. ca 1355 suffrage « expression du vote ou des votes lors d'une élection » (Bersuire, Tit. Liv., B. N. 20312 ter, fo12 vods Gdf. Compl.) ; 1765 suffrage universel « vote à l'unanimité » (Diderot, Lettres à Sophie Volland, t. 2, p. 49); 1828 « droit de vote attribué à tous les citoyens » (Guizot, Hist. civil., leçon 13, p. 21); 5. 1548 « adhésion, avis favorable, approbation, soutien » (Th. Sebillet, Art poëtique françoys, éd. F. Gaiffe, 164 ds IGLF). Empr. au lat.suffragium, -ii « vote, expression d'une voix, droit de vote » et en lat. médiév. « aide, soutien » d'où « soutien financier, tribut » et « intercession d'un saint auprès de Dieu » d'où « prière » (Nierm.). Fréq. abs. littér.: 853. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 564, b) 1 174; xxes.: a) 1 519, b) 748. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 427. − Quem. DDL t. 18, 25 (s.v. suffragiste).