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SPLEEN, subst. masc.
Littér. État affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l'ennui, la tristesse vague au dégoût de l'existence. Synon. fam. bourdon2, cafard1; dépression, ennui, hypocondrie, langueur, neurasthénie.Spleen abominable, atroce, indicible, intolérable, maladif, profond; spleen baudelairien, verlainien; accès, crise de spleen; avoir, chasser, donner le spleen; souffrir de spleen; être disposé, en proie au spleen; plonger, sombrer, tomber dans le spleen. L'ennemi est en moi et se fait sentir au moment où je le crois endormi. Je crois que ce mal est proprement le spleen des Anglais, causé par un engorgement du foie (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 299).Aujourd'hui, le spleen est venu; ou plutôt le pressentiment, la peur à l'approche du spleen. Le spleen est surtout fait d'orgueil; cela me plaît; mais on souffre terriblement; jusqu'au désir de la souffrance physique, ou d'un abrutissement pour dériver cette angoisse vagabonde de l'âme et pour l'user (Gide, Journal, 1891, p. 19).V. cafard1ex. de Morand.
Par personnification. [Avec une majuscule] Dans ces grands parcs anglais peuplés d'arbres stériles, Où le Spleen au front pâle, à l'œil morne, au pas lent, De vapeurs obsédé, se promène en bâillant (Fontanes, Œuvres, Maison rustique, t. 1, 1821, p. 225).
P. méton.
Manifestation de cet état affectif. Le spleen, s'est-elle dit [la foule des poètes], plaît à la nation: Faisons-lui donc du spleen, de la consomption (Pommier, Crâneries, 1842, p. 158).
Spleen de qqc.Il faut que je te voye cinq à six jours. Je sens venir le dégoût de tout, qui est le spleen de l'amour (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 347).
Caractère, aspect de ce qui inspire un tel état. L'artiste est donc venu, qui aura rendu la mélancolique grandeur des sites anémiques couchés sous l'infini des ciels; voici donc enfin exprimée cette note poignante du spleen des paysages, des plaintives délices de nos banlieues! (Huysmans, Art mod., 1883, p. 117).
REM.
Spleenuosité, subst. fém.,hapax. Maisons de blanc: pompes voluptiales; maisons de deuil: spleenuosités, rancœurs à la carte (Laforgue, Complaintes, 1885, p. 181).
Prononc. et Orth.: [splin]. Éventuellement voy. longue comme en angl. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1745 spleen subst. masc. (J.-B. Leblanc, Lettres d'un François, t. 1, p. 118); 1748 spleen subst. fém. (I. de Yonge, Comtesse de Denbigh, in Hist. mss. Commission, Report on the mss of the Earl of Denbigh, 5, 167 ds Quem. DDL t. 25); 1750 (Prév., s.v. splenique: la maladie particulière aux Anglois, que nous nommons Spline d'après eux. Ils écrivent Spléen); 1760 spline subst. masc. (Diderot, Lettres à Sophie Volland, p. 167); 1763 spleen subst. masc. (Favart, Angl. à Bordeaux, VIII ds Bonn., p. 140). Empr. à l'angl.spleen, terme désignant la rate, att. dep. le xives., puis spéc. la rate en tant que siège de la mélancolie, d'où son empl. pour désigner des manifestations excessives de l'humeur, et en partic., dep. la fin du xviies. un état dépressif, la mélancolie ou une morosité maladive (v. NED). Spleen est issu directement, ou par l'intermédiaire de l'a. fr. esplen (fin xiiies., G. de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 159), du lat. d'époque impériale splen, -is empr. au gr. σ π λ η ́ ν « rate » concurremment au lat. class. lien, -enis désignant cet organe considéré comme le siège des humeurs. Fréq. abs. littér.: 182. Bbg. Gohin 1903, p. 330. - Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, p. 372.