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RIEUR, -EUSE, adj. et subst.
I. − Adj. et subst.
A. − Subst., vieilli. Personne qui rit. Rieur bruyant. Faites taire tous ces rieurs (Ac.).Ils se mirent à rire avec cette aimable gaieté des nègres, les plus francs rieurs de tous les hommes (Fromentin,Été Sahara, 1857, p. 256):
1. Au théâtre parfois il se tourne [le poète] et, voyant La gaîté des badauds qui va se déployant, Pour un plat calembour, des loges au parterre, Il se sent tout à coup tellement solitaire Parmi ces gros rieurs au ventre épanoui... Sully Prudh.,Solitudes, 1869, p. 67.
Loc. Avoir, mettre les rieurs de son côté, avec soi; avoir les rieurs pour soi. Faire rire aux dépens de son adversaire et, p. ext., avoir l'approbation de la majorité. Vous n'aurez pas les rieurs pour vous (Ac.).Poète de bonne compagnie, il ne se fût pas pardonné d'avoir offensé une femme. Il n'aurait pas eu, du reste, tous les rieurs de son côté (A. France,Vie littér., 1892, p. 329).J'ai laissé tomber un anchois dans mon verre; j'ai roté... Remarque que c'était sans importance. À chaque fois, j'avais le mot d'esprit qui mettait les rieurs de mon côté (Anouilh,Sauv., 1938, ii, p. 176).
B. − Adj. et subst. (Personne) qui est gaie, aime rire, plaisanter, faire la fête. Enfant rieur; jeune fille rieuse. Bouju (...) était si bon enfant, si rieur, si boute-en-train, que personne ne blâmait sa conduite avec sa femme (Balzac, Œuvres div., t. 3, 1836, p. 121):
2. ... les couvents donnaient (...) le plus souvent des jeunes filles avides de libertés de divertissements, d'amusements de toutes sortes, éprises de jouissances et de frivolités. Ainsi, les « maisons » de Rueil, de Noisy, de Saint-Cyr, donnèrent-elles l'essor à une envolée de jeunes « dames » qui savaient être sages sans cesser d'être rieuses, mondaines tout en demeurant réservées... Encyclop. éduc., 1960, p. 17.
En partic., subst. Personne qui se moque, raille. Synon. moqueur, railleur.Elle toléra bien sans rien dire deux ou trois impertinences, mais, à la quatrième, elle empoigna la rieuse et, lui troussant les jupes, elle lui donna, malgré ses douze ans, la plus belle fessée qu'elle eût jamais reçue (Goncourt,G. Lacerteux, 1864, p. 27).Les écrits de Mallarmé offraient de grandes facilités aux rieurs et aux railleurs de tous degrés (Valéry,Degas, 1936, p. 52).
II. − Adjectif
A. −
1. Qui exprime la gaieté. Synon. riant; anton. chagrin2, douloureux, morose.Air, regard, ton rieur; voix rieuse; yeux rieurs; lèvres rieuses. Il était petit, avec un visage rieur, qui tenait de l'oiseau par la frivolité (L. Daudet,Brév. journ., 1936, p. 49).P. métaph. [La branche] doit s'agiter sans cesse, trembloter, Sangloter quand il plaît à l'eau de sangloter, Se secouer gaîment si l'eau devient rieuse (Rostand,Musardises, 1890, p. 210).
P. ext. Qui exprime la moquerie, la plaisanterie. Mmed'Avancelles avait répondu à M. de Croissard (...): « Si je dois tomber, mon ami, ce ne sera pas avant la chute des feuilles. J'ai trop de choses à faire cet été pour avoir le temps. » Il s'était souvenu de cette parole rieuse et hardie; et, chaque jour, il insistait davantage, chaque jour il avançait ses approches (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Coq chanta, 1882, p. 810).
2. [En parlant d'un espace de temps] Pendant lequel on rit, on s'amuse, on est gai. La soirée fut toute rieuse, toute égayée du bavardage joliment jaseur de Nello, qui disait qu'avant quinze jours, il irait jeter ses béquilles dans la Seine (E. de Goncourt,Zemganno, 1879, p. 253).Il fallait bien accepter certains moments rieurs en cette raide jeunesse (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 114).
B. − Au fig., littér., domaine des sensations visuelles. [En parlant d'une chose concr., en partic. d'un élément de la nature] Synon. de riant (v. ce mot II B 1).C'était l'aube d'un jour de gaîtés et de rondes En la clarté rieuse et rose des matins (Régnier,Prem. poèmes, Épis., 1888, p. 167).Et ils parcouraient de rieuses prairies, où (...) le torrent se fait ruisseau (Jammes,Rom. du lièvre, 1903, p. 23).
C. − ORNITH. [En parlant d'un oiseau; sert parfois à qualifier une espèce] Dont les cris aigus et saccadés ressemblent à un rire. Pigeon rieur; colombe rieuse. Ils iraient, parmi les oiseaux rieurs, dans la grâce de la matinée (Montherl.,Lépreuses, 1939, p. 1513).
Mouette rieuse ou, absol., rieuse, subst. fém. Mouette très commune en Europe, aux cris saccadés, au plumage blanc-gris, au capuchon chocolat en été. C'est les Minquiers. Cela sert de reposoir à la mouette rieuse quand elle s'en va de Hollande et au grand goëland à manteau noir (Hugo,Quatre-vingt-treize, 1874, p. 60).Quelques espèces d'oiseaux (certains canards et certains grèbes) viennent nicher dans les colonies de Mouettes rieuses, pour profiter de la sécurité qu'elles apportent, compte tenu de leur nombre et de leur agressivité vis-à-vis des prédateurs (Animaux1981).
Prononc. et Orth.: [ʀiœ:ʀ], [ʀjœ:ʀ], fém. [-ø:z]. DG, Pt Rob., Lar. Lang. fr., Martinet-Walter 1973 [-i-], ce dernier à la quasi unanimité des suj. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob., Warn. 1968 [-j-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1460 « personne qui rit, est en train de rire » (G. Alexis, Faintises du monde, 233, éd. A. Piaget et E. Picot, t. 1, p. 86); b) 1666 expr. (Molière, Misanthrope, II, 4: les rieurs sont pour vous); 1690 avoir les rieurs de son côté (Fur.); 1775 mettre les rieurs de son côté (Ph.-L. Gérard, Comte de Valmont, éd. 1787, t. 3, p. 457); 2. a) 1636 « personne qui aime à rire, à plaisanter » (Monet); 1651 (Scarron, Roman comique, I, 2 ds Romanciers du XVIIes., éd. A. Adam, p. 534); 1648 adj. (Id., Relation véritable, 257, éd. M. Cauchie, t. 1, p. 380: la troupe rieuse); b) 1793-94 p. ext. « qui indique, annonce la gaité » (Desmoulins ds Vx Cordelier, p. 294: un numéro rieur); 1803 (Laclos, Éduc. femmes, p. 471: figure rieuse); 3. a) 1764 mouette rieuse (Valm., p. 508); 1870 absol. rieuse (Privat-Foc.); b) 1904 goéland rieur (Nouv. Lar. ill.). Dér. de rire1*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 634. Fréq. rel. littér.: xixes. a) 598, b) 873; xxes.: a) 1 463, b) 838.