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REFLUER, verbe intrans.
A. −
1. [Le suj. désigne un fluide] Couler en sens inverse, généralement vers le point de départ. Maurice aimait d'amour à venir, au crépuscule, (...) écouter la mer refluant vers le lointain des grèves (E. de Guérin, Journal, 1840, p. 397).Il pleuvait à torrents, les ruisseaux débordés envahissaient les chaussées et les trottoirs, l'eau des égouts refluait dans les rues (A. France, Vie fleur, 1922, p. 422).Absol. Elle (...) m'offrit sa main distraite et le petit sourire bourgeois de ses grands yeux, brouillés de vert comme les flaques marines que la mer en refluant abandonne (Colette, Ces plais., 1932, p. 21).
[En parlant d'un liquide physiol.] La bile a reflué vers le sang (Ac.).Une liqueur particulière, dont les émanations, refluant dans le sang, lui communiquent un caractère plus stimulant et plus actif (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 279).Nos regards se croisèrent, et, avant même que j'eusse prononcé son nom en moi-même, mon sang, refluant à mon cœur, m'obligea à m'arrêter un instant (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 357).
2. P. anal., littér. Déjà, par la hêtraie, le silence du bois refluait (Genevoix, Rroû, 1931, p. 182).
P. métaph. Laissons la source de la vie couler vers sa pente naturelle. Si vous lui donnez des digues, ou elle se perdra en refluant sur elle-même, ou elle deviendra un torrent, et ravagera les terres qu'elle devait féconder (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 333).
3. MAÇONN. [En parlant du mortier de pose d'un carrelage ou du mortier utilisé pour liaisonner un ouvrage de brique ou de pierre] Sortir par les joints (d'apr. Bonnel-Tassan 1966). Enlever aussitôt les bavures du plâtre qui a reflué (cette opération doit être faite avant la prise complète) (Bonnel-Tassan1966, p. 50).
B. − P. anal. [Le suj. désigne un flot de gens] Revenir vers le point de départ, revenir en arrière ou, repoussé d'un endroit, se diriger ailleurs. Synon. reculer.Populations refluant vers la ville. L'air du bal était lourd (...). On refluait dans la salle de billard (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 58).Nos civilisations du Nord, en refluant sur les peuples arriérés du Midi, y ont importé un costume étranger (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 137).
Absol. Le chauffeur, vêtu de l'uniforme de l'armée, fait ronfler sans cesse son klaxon, et la foule reflue précipitamment, comme poussée par un chasse-neige (Malraux, Conquér., 1928, p. 57).
Faire refluer.Synon. de refouler.La perte de la bataille de Waterloo fit refluer un grand nombre de prisonniers françois dans les villes des Pays-Bas (Chateaubr., Mél. hist., 1827, p. 135).
P. métaph. Voyez comme les enragés de politique fuient le centre et refluent aux extrêmes (Alain, Propos, 1924, p. 620).
C. − Au fig.
1. [Le suj. désigne des sensations, des pensées, des sentiments, des souvenirs oubliés] Remonter, resurgir à l'esprit venant des profondeurs de la conscience. Émotions qui refluent sur qqn. Puis, avec le flot de paroles qui jaillit des larmes heureuses, elle reprit, comme si, dans l'émotion et l'épanchement de sa joie, toute son enfance refluait à son cœur (Goncourt, G. Lacerteux, 1864, p. 4).Toute la douceur de vivre reflue en moi (Mauriac, Écrits intimes, Du côté de chez Proust, 1947, p. 141).
Absol. Les heures odieuses de son existence refluent une à une, sa mémoire ayant concentré et raffiné leur venin (Arnoux, Double chance, 1958, p. 167).
Faire refluer.Il fait des efforts violents pour faire refluer le temps, pour revenir à ses souvenirs d'il y a quinze ans (Mounier, Traité caract., 1946, p. 313).
2. Littér. [Le suj. désigne une pers.] Retourner vers. Une pareille blessure faite à mon cœur me fit refluer vers mes anciennes habitudes de violence (Fabre, J. Savignac, 1863, p. 241).
Refluer vers soi-même. Retourner au plus profond de soi-même. La conscience qui hésite n'exprime sa vocation d'unité qu'en se dépassant dans une conscience de soi douloureuse (...); refluant vers moi-même, je me sens terriblement exister, à la façon d'une plaie vive (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 134).
Rare, en empl. trans. Remonter le cours du temps. Maudire le rationalisme, c'est (...) en appeler au moyen âge (...). Il s'agit de savoir s'il faut refluer cinq siècles (Renan, Avenir sc., 1890, p. 45).
REM.
Refluant, -ante, part. prés. en empl. adj.,hapax. Une ardeur, un désir de vivre, associés avec une amertume refluante, comme venant de privation et de désespérance (Baudel., Fusées, 1867, p. 632).
Prononc. et Orth.: [ʀ əflye], (il) reflue [-fly]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1450 [ms. xvies.] « (d'un liquide) couler soudain en sens inverse » (Jean Miélot, Echez amoureux, ms. Bibl. nat. fr. 143, d'apr. P. Laurent ds Romania t. 51, p. 44: la mer qui... flue et reflue deux fois chacun jour par l'influence... de la lune); 2. 1752 fig. en parlant de choses abstr. (Trév.: Les dissensions dont Rome étoit pleine, refluoient jusques dans les armées); 1788 en parlant d'une foule (Barthélémy, Anacharsis, introd., 1 ds Littré). Empr. au lat.refluere « couler en sens inverse, se retirer »; cf. le m. fr. refluir (fin xives. Roques t. 1, I, 10349), de même orig., avec changement de conjug. Fréq. abs. littér.: 304. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 228, b) 364; xxes.: a) 416, b) 650.