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REDONDANCE, subst. fém.
A. − Vieilli. Surabondance (des chairs, des graisses). Synon. plénitude, pléthore.Si elle s'était plus énergiquement empreinte dans sa mémoire (...), cela tenait à sa senteur de bête bien portante et saine; la redondance de sa santé était l'antipode même de cette anémie (Huysmans, À rebours,1884, p. 141).Cette redondance graisseuse d'une forme si particulière, marque chez certains hommes (...) que les charmes de l'épouse les ont rebutés une fois pour toutes (Aymé, Brûlebois,1926, p. 12).
B. −
1. STYL., gén. péj. Abondance de répétitions, de développements, d'ornements, généralement considérée comme excessive, critiquée pour sa lourdeur, son obscurité, son emphase. Synon. boursouflure, enflure, grandiloquence, prolixité, verbiage, verbosité; anton. brièveté, sobriété.Redondance encombrée de métaphores. Rien de figuré ni qui vienne jamais relever sous leur plume la monotonie fastidieuse, la rédondance et le sempiternel retour des mêmes raisons, des mêmes arguments (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 548):
1. ... la phrase du xviiesiècle est longue, à périodes; c'est l'époque du développement, de la dissertation, où la pensée vise sans cesse à s'amplifier par la forme qui l'exprime, jusqu'à atteindre parfois une certaine redondance. Le xviiiesiècle, au contraire, (...) aboutit à la phrase « voltairienne », où se forgent la langue moderne et sa concision. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 43.
P. méton., gén. au plur. Répétition inutile, formule outrancière. Les rengaines, les excitations, les phrases, les mensonges et les redondances de cette feuille d'épiciers libéraux (Goncourt, Journal, 1861, p. 892).Le lecteur n'est pas façonné pour cet art sans éloquence; il s'est habitué aux prédicateurs; les redondances sont pour lui des politesses (Alain, Propos,1911, p. 117).
2. P. anal. [À propos d'autres formes d'expr.] Amplification exagérée, multiplication des éléments décoratifs. Le naturel au théâtre ne doit d'ailleurs pas l'intéresser beaucoup, lui [Mounet-Sully] qui est l'emphase, la déclamation, la redondance et l'exagération en personne (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1926, p. 39).Dans un langage ampoulé et confus, elle [une symphonie] ne parvient pas le moins du monde à cette « brièveté sans redondance » (...) qu'elle a l'audace de se proposer (Le Nouvel Observateur,2 nov. 1966, p. 44, col. 1).
P. méton. Élément décoratif superflu. Il faut prendre garde (...) à propager cette idée funeste que les édifices peuvent se passer du beau, car on en viendrait bientôt à regarder la beauté comme une redondance (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 68).
3. Rare, p. méton. Répétition inutile. Du reste l'authentique, si véritablement elle existe (...), n'apprendrait rien de nouveau, ce ne serait qu'une redondance de fait, qu'une superfétation (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 171).
C. − COMMUN. Caractère d'un message, d'un code, présentant des répétitions, des éléments excédentaires par rapport au nombre de signes strictement nécessaires à la transmission de l'information et permettant ainsi une compréhension et une fiabilité meilleures. La détection d'erreurs portant sur la valeur de l'information peut être réalisée au moyen de codes détecteurs introduisant une information redondante (...). La correction de ce type d'erreurs nécessite une redondance plus importante, qui peut être obtenue par l'usage de codes correcteurs d'erreurs ou par répétition du message (Cornafion, Systèmes informat. répartis,Paris, Bordas, 1981, p. 47).
P. méton.:
2. Nous retrouvons le recours à la théorie des redondances dans le Vocoder et dans le Voder, appareils inventés en 1936 et en 1939 par H. Dudley. À l'émission, le message parlé passe à travers une série de filtres (...). Dépouillées de leurs redondances, les variations essentielles des sons sont transmises en même temps qu'un bref message apporte la formule de ces redondances. Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 114.
En partic., LING. La notion de redondance intervient dans de nombreux phénomènes naturels, dans les langages et dans les méthodes de déchiffrement des écritures secrètes (...). Son étude est dominée par un théorème énoncé par Shannon (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964p. 104).La redondance est propre aux langages naturels et appartient au code (ex.: dans « les journaux » le pluriel est donné deux fois, par « les » et « -aux » (...)). On estime la redondance à 50 % dans le discours (ReySémiot.1979).
P. méton. En français (...). − L'accord provoque aussi des redondances: dans La fille brune, le féminin brune est redondant (D. D. L.1976).
Prononc. et Orth.: [ʀ ədɔ ̃dɑ ̃:s]. Ac. 1694, 1718: re-; 1740-1798: ré-; 1835, 1878: re-, ré- (id. ds Littré pour qui re- est le plus usité); Ac. 1935: re-. V. réviser. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies.-déb. xives. « rebondissement, rejaillissement » (Gloss. rom. ms. Bruxelles Bibl. roy., 9543 ds T.-L.); ca 1357 id. (Trois Maries, p. 291 ds La Curne); 1600 « rejaillissement » au fig. (Fr. de Sales, Defense de la croix, IV, 11 ds Hug.), attest. isolées; 2. 1532 latinisme redundance « abondance » (Rabelais, Pantagruel, VI, éd. V. L. Saulnier, p. 34); 1690 (Fur.: Redondance s. f. Vice du discours qui naît de la superfluité des paroles. La redondance des termes ou des phrases rend un stile foible et languissant); 3. 1762 « répétition, énoncé qui fait double emploi » (J.-J. Rousseau, Émile, II ds Œuvres compl., t. 4, La Pléiade, p. 354); 4. 1964 ling. et télécomm. (Hist. gén. sc., loc. cit.) Empr. au lat.redundantia (dér. de redundans, v. redondant) « trop plein, abondance, excès, redondance du style ». En ling. et télécomm. et plus gén. dans la théorie de l'inform., réempr. à l'anglo-amér. de même orig. redundance (1948, télécomm. et ling. ds NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.: 23. Bbg. Milner (J.-Cl.). La Redondance fonctionnelle. Ling. Investig. 1979, t. 3, n o1, pp. 144-145.