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RAVISSEMENT, subst. masc.
A. − Vx ou littér.
1. Action d'enlever, de prendre de force. Synon. enlèvement, rapt.Il s'agit d'un bail à cheptel (...). Voici l'article 14 (...). Tous ravissements de loups et autres morts violentes se justifieront comme faire se pourra (Labiche, Fourchevif, 1859, 12, p. 418).
P. métaph. Et le train filait toujours, rejetant violemment peupliers, vaches, hangars et toutes choses terrestres (...). Quel but suprême peut exiger un ravissement si brutal, et un renvoi si vif de paysages à tous les diables? (Valéry, Soirée avec M. Teste, 1895, p. 85).
2. Fait d'être enlevé par la mort à l'affection de ses proches. Depuis ce jour [de la mort de Mallarmé], il est certains sujets de réflexion que je n'ai véritablement jamais plus considérés. J'avais longuement rêvé d'en entretenir Mallarmé; son ravissement brusque les a comme sacrés et interdits pour toujours à mon attention (Valéry, Variété II, 1929, p. 169).
B. − Domaine relig., mystique
1. Action de transporter au ciel. Si tu n'as pas été porté au ciel dans les bras des séraphins, il est certain que le Seigneur a accordé cette grâce à ton image, puisque (...) les moines (...) ont été témoins de ton ravissement (A. France, Thaïs, 1890, p. 325).
2. État mystique, supérieur à l'extase, dans lequel l'âme, soustraite à l'influence des sens et du monde extérieur, se trouve transportée dans un monde surnaturel, amenée vers Dieu. Dans la nuit, Vintras eut un ravissement. Il fut enlevé par la lumière divine au delà de nos horizons et hors des limites de nos sens (Barrès, Colline insp., 1913, p. 194):
1. ... ses yeux qui ne voyaient déjà plus, emplis de l'éblouissement de la mort, semblaient apercevoir l'infinie perfection, au delà de la vie, dans un ravissement d'extase dont toute sa face s'éclairait. Zola, Argent, 1891, p. 423.
C. − P. anal.
1. Rare. [Avec compl. prép. indiquant ce qui provoque cet état] Perte de conscience partielle ou totale du monde extérieur. [Nos jours] sont encore pareils aux doigts de ton amie, dont les caresses, dis-tu, surpassent le ravissement de l'opium (Toulet, Comme une fantaisie, 1918, p. 50).
2. État de bonheur, de plaisir extrême qui fait oublier tout ce qui ne suscite pas ce plaisir. Être, tomber dans le ravissement; être pris de ravissement. Je pensais (...) en entendant ce chef-d'œuvre [Tancredi de Rossini] du Guide de la musique, que le degré de ravissement où notre âme est portée fait le thermomètre du beau musical (Stendhal, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 144):
2. ... je lisais Le Cousin Pons. (...) ce jour-là, je le découvrais. J'étais dans le ravissement, dans l'extase, ivre, perdu... La tombée de la nuit interrompit enfin ma lecture. Je pestai contre le wagon qui n'était pas éclairé (...); les employés, qui le croyaient vide, l'avaient remisé sur une voie de garage. Gide, Si le grain, 1924, p. 373.
3. [Sens affaibli] Vif plaisir. Vraiment, pendant huit jours, j'adorai ce meuble. J'ouvrais à chaque instant ses portes, ses tiroirs; je le maniais avec ravissement, goûtant toutes les joies intimes de la possession (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Chevel., 1884, p. 938).Odile aspirait avec ravissement l'air frais de l'automne (Maurois, Climats, 1928, p. 57).
P. méton. Ce qui ravit. La Grèce connaîtra tous les ravissements, depuis la danse en chœur sur les sommets du Taygète jusqu'au banquet d'Aspasie (Renan, Hist. peuple Isr., t. 1, 1887, p. 103).Il n'est pas jusqu'aux boutiques qui ne soient un ravissement par leur diversité (Léautaud, Essais, 1906, p. 64).
Prononc. et Orth.: [ʀavismɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1287 terme de mystique et relig. ravissement de Helye (Joinville, Credo, éd. Natalis de Wailly, 432 ds Trenel, p. 585); 2. a) fin xiiies. « état de l'âme en extase » (Dou diciple et dou mestre, BN 423, f o88d ds Gdf. Compl.); b) 1553 « émotion éprouvée par une personne transportée de joie » (Ronsard, Les Amours, 95, 4, éd. P. Laumonier, t. 5, p. 129); 3. 2emoit. xives. « action d'emporter de force » ravissemens de femmes (Chron. de S. Denis, BN 2813, f o434b ds Gdf. Compl.). Dér. de ravir*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 799. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 066, b) 1 262; xxes.: a) 961, b) 11 233. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 84. − Dumonceaux (P.). Lang. et sensibilité au xviies. Genève, 1975, pp. 105-108.