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PROTESTATION, subst. fém.
A.− Vieilli ou littér., gén. au plur. [Toujours avec un compl.] Témoignage, déclaration (souvent publique) que quelqu'un fait de ses sentiments, de ses intentions, de sa volonté ou de ce qu'il sait, le plus souvent favorables. Synon. assurance.Protestations d'amour, de franchise, de gratitude. M. Levrault redoublait en pure perte ses protestations de dévouement (Sandeau, Sacs,1851, p. 48).Je ne sais que trop quel courage il faut aujourd'hui, pour parler de moi, dans certains milieux, sans protestations d'horreur (Gide, Journal,1931, p. 1048):
1. ... ma grand'mère (...) et Mmede Villeparisis tombèrent un matin l'une sur l'autre dans une porte et furent obligées de s'aborder non sans échanger (...) des protestations de politesse et de joie... Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 694.
[Accompagné d'un adj. spécifiant la nature des protestations] La peine inégalable est pour celui qui doit déchiffrer dans des protestations amoureuses l'indifférence du cœur (J. Bousquet, Trad. du sil.,1936, p. 206).Mignon-Mignard n'accepta pas cette brusque disgrâce, après tant de protestations amicales. Il s'en vint gratter aux portes (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 105).
B.−
1. DR., POL. Déclaration formelle par laquelle on s'élève contre quelque chose qu'on refuse d'accepter. Synon. objection.Faire sa protestation contre une résolution, contre un arrêt, contre un acte (Ac.1835-1935).Faire sa protestation par devant notaire (Ac.).Élever, émettre une protestation; note de protestation; protestation de principe. Nos religieuses eurent l'idée de signer en chapitre, le 8 mai 1707, un acte de protestation contre les signatures qu'on pourrait extorquer d'elles un jour (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 546).Il me dit : « Le gouvernement soviétique élève une protestation formelle contre le transfert de l'or polonais au gouvernement réfugié à Londres (...) » (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 208).
2. P. ext. Manifestation verbale, gestuelle, etc. par laquelle on désapprouve, on refuse ou on s'oppose à quelque chose. Synon. réprobation; anton. acquiescement, approbation, assentiment.Il ne signe pas la protestation pour Tailhade condamné à un an de prison pour avoir exprimé une pensée que nous avons tous (Renard, Journal,1901, p. 692).Quelques protestations s'élevèrent en ma faveur (A. France, Vie fleur,1922, p. 424).Avait-il vraiment voulu le malheur de Florentine? Une vive protestation lui vint aux lèvres (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 256):
2. Un titi de la rue Beccaria tenta de rire : mais son essai fut accueilli par une protestation si générale et si farouche qu'il n'insista pas. Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 39.
SYNT. Protestation ardente, confuse, conventionnelle, énergique, étouffée, froide, indignée, pressante, publique, pudibonde, solennelle, sourde, stérile, systématique, tacite, véhémente, verbale, vive; balbutier, mâcher, murmurer des protestations; soulever, soutenir une protestation; faire taire les protestations; les protestations s'élèvent, se taisent, s'accentuent, durent, retombent à plat, tombent dans le vide; attitude, clameurs, meeting, mot, pensée, silence, sursaut de protestation; concert de protestations.
[En comment. d'un événement rapporté] Bataille étant sorti à sa recherche et le trouvant dans le corridor et lui demandant ce qu'il faisait : « Je pète! Je pète! » C'était sa protestation contre les simagrées de pudibonderie de cette rosse (Goncourt, Journal,1887, p. 688).
[Avec un compl. indiquant l'orig. de la protestation]
[de + subst.] Ce chant d'une femme, c'est la protestation de tout un peuple (Hugo, Corresp.,1840, p. 579).Donc la force de cohésion et de protestation des ouvriers s'accroît en vue d'un soulèvement général (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. xli).
[adj.] Ce geste d'autorité nationaliste, qui semblait annoncer l'intention du gouvernement de briser l'élan de la protestation ouvrière (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 461).
[Avec un compl. indiquant les modalités de la protestation] Toutes les protestations armées, même les plus légitimes, même le 10 août, même le 14 juillet, débutent par le même trouble (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 275).
Subst. (indiquant le moyen par lequel on proteste) + de protestation.Cri, geste de protestation; lettres, tract de protestation. − Moi, laissez donc! Je vous compromettrai... Je ne compte pas, je ne suis personne. Il y eut une clameur de protestation (Zola, L'Œuvre,1886, p. 90).Le réalisme peut aussi pour une bonne part être considéré comme un mouvement de protestation contre cette affirmation (G. Marcel, Journal,1922, p. 283):
3. ... il est arrivé à André Gide et à moi-même d'être sollicités de porter à Hitler les pétitions de protestation contre la condamnation de Dimitrov, innocent de l'incendie du Reichstag. Malraux, Conquér.,1949, p. 174.
C.− DR. COMM., FIN. Action de dresser un protêt. (Dict. xxes.).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔtεstasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1269-78 « déclaration, attestation solennelle qu'une personne fait de ses sentiments, de sa volonté » je faz bien protestacion (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 15221); 2. 1283 « opposition à une demande, une exception » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, VI, 196, p. 99); 1304 protestacioun « déclaration formelle par laquelle on proteste contre quelque chose » (Year books of the reign of Edward the first, Years XXXII-XXXIII, p. 37 ds Gdf. Compl.); d'où 1479 « écrit contenant cette déclaration » (4 juin, Lett. de Franç. de Genas a Louis XI, Arch. ds Gdf., s.v. protest), attest. isolée; à nouv. 1790 (Robesp., Discours, Petit. peuple avign., t. 6, p. 594); en partic. a) 1842 hist. relig. « acte par lequel les principaux partisans de la doctrine de Luther protestèrent en 1529 contre un décret de la diète de Spire » (Ac. Compl.); b) 1890 hist. pol. les députés de la protestation (Lar. 19eSuppl.); 3. 1462 dr. « action par laquelle on dresse le protêt d'une lettre de change, d'une traite » (Établissement de quatre Foires annuelles en la ville de Lyon, 8 ds Ordonn. des Rois de France, t. XV, p. 646); 4. 1834 « témoignage de désapprobation, d'opposition » (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, p. 65). Empr. au b. lat. protestatio « protestation, assurance » formé sur le supin protestatum de protestari, v. protester. Fréq. abs. littér. : 1 139. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 812, b) 1 349; xxes. : a) 2 261, b) 2 067.