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PROSE, subst. fém.
A. −
1. Forme du discours écrit ou oral, qui n'est soumise à aucune des règles de la versification; discours réalisé dans cette forme. Écrire, faire de la prose; écrire, exprimer, parler en prose; lire un morceau de prose. Notre affaire est de montrer comment la prose, par son mouvement propre, discipline à sa manière l'imagination. (...) l'oeuvre complète de prose est le roman (Alain, Beaux-arts, 1920, p.312).Il n'est pas rare, aujourd'hui encore, que des critiques reprochent à une oeuvre de prose de manquer de poésie (Sartre, Sit. II, 1948, p.238):
1. ... un livre de vers a, plus qu'un livre de prose, la chance d'être remarqué. Des vers idiots, ça se voit tout de suite. La critique parle des bons vers, elle sait ce qu'ils valent, mais elle ne distingue pas une prose d'une autre, et, pour ne s'engager à rien, elle n'en parle pas. Renard, Journal, 1908, p.1168.
En prose
Qui corresp. à cette forme de discours, qui est écrit en prose. Chanson, comédie, conte, discours, drame, oeuvre, récit, roman, tragédie en prose. Une petite pièce en un acte et en prose, intitulée La Suite d'un bal masqué (Jouy, Hermite, t.4, 1813, p.365).Forts de trois Ballades, (...) de son théâtre et de ses trois premiers romans, (...) si drôles par places, surtout le théâtre en prose et Han, nous voudrions qu'il n'eût laissé que cela et eût disparu, contesté (Verlaine, OEuvres compl., t.4, Mém. veuf, 1886, p.258).J'écrirai une oeuvre de joie qui adoptera dans un écrit en prose le cours que ma vie voudra tandis que sur le plan poétique ma recherche se resserrera autour de l'invention de vérités éternelles (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p.196).
Qui écrit en prose. Écrivain en prose. Quelques-unes de ces pages qui ont prouvé qu'on était poète en prose (Mussetds Le Temps, 1831, p.98).V. poète B 1 b ex.
[La prose en tant qu'elle est empreinte de poésie ou qui en présente certains caractères] Prose lyrique, narrative*, rimée; poème* en prose; rimer de la prose. V. poétique1A 2 ex. de Baudelaire et de Sartre.
Prose cadencée, rythmée, rythmique. Prose dans laquelle les accents d'intensité reviennent à des places déterminées de la phrase. Il semble plus facile de sentir que de définir la nuance qui sépare tels vers libres de telle prose rythmique (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p.251).On croirait parfois écouter du Racine [chez Shakespeare]. La traduction est en prose rythmée. Pas de rimes: c'est toujours ça de moins (Renard, Journal, 1906, p.1091).La prose cadencée, connue des Grecs et des Latins, est un art fort ancien (Morier1975):
2. La prose rythmée est un état semi-conscient, dans lequel une équivalence approchée entre les longueurs de l'expiration prédomine sur le jeu voulu des accents, qui intervient ou non de loin en loin. La période logique garde toute son autorité. Souza, Rythme fr., 1912, p.32.
2. P. métaph. Ensemble des éléments concrets de la vie, les réalités communes, quotidiennes. Des arbustes taillés précédaient une conciergerie. Ils la franchirent et reprirent en sens inverse la grise prose de la route (Malègue, Augustin, t.1, 1933, p.146).
B. − Manière de s'exprimer propre à un auteur, une école, une époque, un milieu; l'ensemble des textes que caractérise cette manière. La prose française; prose classique, contemporaine, littéraire, oratoire; bonne, mauvaise prose. Les vers passionnés de Zaïre et la prose brillante d'Héloïse (Bonald, Essai analyt., 1800, p.21).Pour le style, on convient généralement que la prose de Locke est une des meilleures proses de l'époque (Cousin, Hist. philos. XVIIIes., t.1, 1829, p.87).La prose d'Anatole France est-elle d'un poète? Vraiment, je ne sais plus (Bremond, Poés. pure, 1926, p.105).
Souvent iron., fam. C'était pour lui l'heure vraiment douce de la journée, où se pouvaient gaver, délecter tout à l'aise, de belle prose administrative, ses instincts de rond-de-cuir, endurci (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 3etabl., 1, p.91).«Le Ministre du Commerce à Monsieur le Ministre des Beaux-Arts.» «Vous avez bien voulu me prier d'intervenir auprès de mon collègue des Finances...» Effort vain: derrière la prose administrative urgente, le sourire venait de reparaître (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p.205).
Production écrite de quelqu'un, marquée par sa personnalité. Il craignait plus que la mort les terribles dédains du silence, et frissonnait en songeant à toutes les chances que pouvait avoir sa première prose amoureuse d'être jetée au feu (Balzac, Femme aband., 1832, p.267).Le Moniteur a envie d'avoir de ma prose: cela tombe mal au milieu de mes occupations (Delacroix, Journal, 1853, p.17).Dites-nous-le, dans le sans-gêne de votre prose de tous les jours (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p.103).
[P. allus. au Bourgeois Gentilhomme de Molière] (Faire de) la prose (sans le savoir). Faire ou réussir quelque chose de manière inconsciente, sans en avoir eu l'intention. Qui sait même si je ne pourrai pas quelque jour fixer entre vous deux mes pénates errantes. J'ai fait ce vers sans m'en douter, comme la prose de M. Jourdain (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1805, p.686).Mais combien peu savent ce qu'ils font quand ils digèrent! La plupart sont comme M. Jourdain, qui faisait de la prose sans le savoir; et c'est pour ceux-là que je trace une histoire populaire de la digestion (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.187).
C. − LITURG. Hymne latin, versifié, souvent rimé, et qui, à certaines messes, prend place après le graduel. La prose du St Sacrement (Ac.).Le Dies Irae, le Stabat Mater sont des proses (Ac.1935).Un prêtre dit la messe, et l'on chante une prose (Hugo, Légende, t.4, 1877, p.462).Les psaumes des douleurs et les proses des regrets (Huysmans, En route, t.2, 1895, p.246).Les proses et les séquences, dont les mélodies se présentent sous forme de vocalises pures, ou soutenues par un texte purement syllabique (Mocquereau, Nombre mus. grégor., 1908, p.160).
HIST. DE LA MUS. Psaume non canonique ou cantique chanté au vies. par les fidèles en versets alternés (latin vulgaire et grec) avec des antiennes-refrains. Les proses, les tropes (...) les antiennes en vers battent en brèche l'ancienne théorie grégorienne (Aubry, Trouvères, 1909, p.202).
REM.
Proser, verbe,rare. a) Empl. intrans. Écrire en prose. Je travaille aussi à proser pour être payé (Verlaine, Corresp., 1887, p.78).b) Empl. trans. Mettre en prose. Au part. passé. Qu'est-ce qui reste? son théâtre? Candide? C'est du La Fontaine prosé et du Rabelais (...). Sainte-Beuve, pour finir, s'écrie: «La France ne sera libre que quand Voltaire aura une statue sur la place Louis XV!» (Goncourt, Journal, 1863, p.1254).
Prononc. et Orth.: [pʀ ο:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1265 «forme du discours qui n'est pas soumise aux règles de la versification» (Brunet Latin, Trésor, III, 10, éd. F. J. Carmody, p.327); spéc. 1464 faire le rimeur en prose «raconter des balivernes» (Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 1569); 2. 1476 [date de l'éd.] «texte en prose» (Premier vol. des croniques de France, éd. Pasquier-Bonhomme, Les fais du roy loys le barbe, chap.II); 3. 1831 désigne l'ensemble des éléments matériels de la vie p.oppos. à l'idéal, à la poésie (Hugo, Feuilles automne, préf., p.714). B. 1remoit. xives. «hymne latine qui se chante aux messes solennelles après le graduel» (Tombel de Chartrose, XXIV, 203 ds T.-L.). Empr. au lat. d'époque impériale prosa «prose» p.oppos. aux vers, subst. de l'adj. prosus, -a, -um, antérieurement prorsus, -a, -um «tourné en droite ligne»; le sens B est empr. au lat. eccl. (v. Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér.: 1907. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2242, b) 2318; xxes.: a) 3399, b) 2909. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.390.