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PROIE, subst. fém.
A. −
1. Être vivant qu'un animal (carnassier) capture pour en faire sa nourriture. Proies d'une araignée, d'un insecte; proie convoitée; proie fraîche, morte, vivante; attendre, épier, guetter la/sa proie; chasser, poursuivre, emporter, déchirer, dépecer, dévorer, manger sa proie; bondir, fondre, se jeter, s'acharner sur sa proie; être la proie des vautours. Il fallait passer les canaux du fleuve (...), payer un salaire au nocher; sans quoi, le corps privé de sépulture eût été la proie des bêtes féroces (Volney,Ruines, 1791, p.264).L'ours effrayé lâche sa proie, se débat, et Michaël tombe au fond de l'abîme (Dusaulx,Voy. Barège, t.2, 1796, p.189).
Oiseau (ou un mot du même parad.) de proie. Oiseau qui se nourrit principalement d'animaux vivants. Oiseau de proie diurne, nocturne. J'ai devancé à la course les navires, les plus fins voiliers et les grandes hirondelles de proie (Sand,Lélia, 1833, p.129).
P. anal. Personne avide et cruelle:
1. Mes ailes et ma voix auraient frémi de joie. Et les noirs ennemis, les deux oiseaux de proie, Ces gardiens envieux qui te suivent toujours, Auraient connu soudain que tu fais mes amours. Chénier,Bucoliques, 1794, p.147.
Loc. fig. Lâcher, laisser, abandonner la proie pour l'ombre*.
2. CHASSE, vieilli ou littér. (fréq. dans des cont. métaph.). Animal pris à la chasse. Il faut que le gibier paye le vieux chasseur Qui se morfond longtemps à l'affût de la proie (Baudel.,Fl. du Mal, 1863, p.283).Cette transfiguration de la chasseuse, je ne risque pas chasseresse, trop noble, de la chasseuse qui rabat une proie succulente, patiemment guettée (Arnoux,Roy. ombres, 1954, p.68).
Aller à la proie. Aller à la chasse en traquant le gibier vivant (à l'aide d'un oiseau de proie). Sous la féodalité, lorsque les nobles allaient à la proie, il [le paysan] était chassé, traqué, emporté dans le butin (Zola,Terre, 1887, p.79).
(Oiseau, faucon) âpre à la proie. V. âpre B 1.
B. − P. anal.
1. [En parlant de choses] Objet, bien, pris de force, avec violence ou avec avidité. Synon. butin, prise.Le matin même, il avait signé la vente de sa concession de Vandame à la Compagnie de Montsou. Acculé, égorgé, il s'était soumis aux exigences des régisseurs, leur lâchant enfin cette proie guettée si longtemps (Zola,Germinal, 1885, p.1523):
2. La pervenche, grand Dieu! la pervenche! Soudain Il la couvre des yeux; il porte la main, Saisit sa douce proie: avec moins de tendresse L'amant voit, reconnoît, adore sa maîtresse. Delille,Homme des champs, 1800, p.115.
SYNT. Bonne, riche proie; se disputer, se partager la proie; proie des créanciers, des voleurs, du vainqueur; constituer une proie facile, désignée.
2. Littér. [En parlant de pers.] Personne dont quelqu'un s'empare ou à qui il fait violence. Synon. victime.Être une proie facile, tentante pour qqn; s'acharner sur, jouer avec sa proie; être la proie d'une femme; proie convoitée, désirée. Mais cette fois, la Belcredi tenait sa proie; elle avait tout loisir de combiner et d'arranger ses trames (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.74).
[P. allus. littér. à Racine, Phèdre I, 3] Chez eux [les Anciens] on trouve, pour ainsi dire, des fragmens de sentimens, mais rarement un sentiment complet; ici, c'est tout le coeur; c'est Vénus toute entière à sa proie attachée! (Chateaubr.,Génie, t.1, 1803, p.380).
C. − Littér., loc. verb.
1. Être la proie de
a) Qqn est la proie de qqn
α) Être la victime de. Quand je pense qu'avant de me connaître tu étais la proie de ta famille! (Tr. Bernard, M. Codomat, 1907, ii, 5, p.166).Vous connaissez cette petite Madame de Noailles? On pourrait songer à elle, mais elle doit être la proie de poétaillons, de plaisantins (Blanche,Modèles, 1928, p.52).
β) Au fig. Qqn est la proie de qqc. (subst. abstr. exprimant une force hostile). Être exposé à, livré à; subir la force irrésistible de. Être la proie de l'adversité, du malheur. Oui, je n'avais pas du tout le sentiment d'être la proie d'une tentation horrible; il s'agissait d'une curiosité un peu dangereuse à satisfaire (Mauriac,Th. Desqueyroux, 1927, p.239).
b) Qqc. est la proie de qqc. (subst. concr. désignant une force naturelle nuisible). Maison qui est la proie d'un incendie. Le Palais épiscopal et le sanctuaire de la cathédrale d'Oviedo sont la proie des flammes −le sanctuaire a été arrosé de pétrole et d'essence avant d'être incendié (Camus,Révolte Asturies, 1936, ii, 3, p.417).
Au fig. Cette lettre [un pneumatique] deviendrait la proie du hasard. Elle tomberait soit au milieu du groupe soit chez Agathe seule, et agirait selon le cas (Cocteau,Enfants, 1929, p.143).
2. En proie à
a)
α) Qqn (est) en proie (à qqn). Être assailli par, livré à l'action violente de. Synon. être en pâture*.Elle se mit à lui faire des plaisanteries sur son retard, qui l'aurait livrée en proie aux commis voyageurs, sans la ressource du petit apothicaire (Stendhal,Lamiel, 1842, p.159).
β) Au fig. Qqn (est) en proie à qqc. (subst. désignant un mal physique ou moral, un sentiment, une émotion). Synon. de être malmené, tourmenté par.Je pensai avec un vif chagrin, que Maria, partie depuis près de deux mois, devoit être en proie aux plus cruelles inquiétudes (Genlis,Chev. Cygne, t.2, 1795, p.69).Il se roule sur le parquet, en proie à une véritable crise nerveuse (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.586).
SYNT. Être en proie au délire, à la fièvre, à la maladie, au remords, à de vives inquiétudes, à l'avidité, à la cupidité, à la rapacité de qqn, à l'angoisse, à une anxiété, aux affres de la douleur, à des convulsions.
b) Vieilli. Qqc. (est) en proie à qqc. (subst. concr. désignant une force hostile). Maison en proie aux flammes; pays en proie à la disette, à la famine, à des calamités, à des fléaux, à des horreurs. Vous figurez-vous ce que peut être une nuit, dans une ville en proie à la peste? (Latouche, L'Héritier,Lettres amans, 1821, p.118).
Prononc. et Orth.: [pʀwɑ], [-a]. Littré, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 [ɑ]; Pt Rob. [a], [ɑ]; Warn. 1968 [ɑ], [a]; Lar. Lang. fr. [ɑ]; Martinet-Walter 1973 16/17 [ɑ]. Voir G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t.19 no1 1981, p.218. Ac. 1694, 1718: proye; dep. 1740: proie. Étymol. et Hist. 1. 1119 preie «être vivant dont un animal s'empare pour le dévorer» (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 1648); 1275 oiseaus de praie (Jean de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 20115); 2. ca 1150 «ce dont on se rend maître dans la guerre» (Le Roman de Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 2875); 3. déb. xiiies. «personne dont on s'empare; qu'on cherche à posséder» (Andefroi le Bastard, Chansons, éd. A. Cullmann, p.114); 4. ca 1380 «tout ce dont on s'empare» (Roques t.2, no13032, 9577); 5. 1587 fig. en proye du vice (La Noue, Disc., p.116 ds Gdf. Compl.). Du lat. praeda «butin, dépouilles»; «prise faite à la chasse ou la pêche»; «pâture des animaux»; «gain, profit». Fréq. abs. littér.: 3049. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5092, b) 4866; xxes.: a) 3555, b) 3875.