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POISSARD1,-ARDE, subst. fém. et adj.
I. − Subst. fém.
A. − Vieilli. Marchande aux halles grossière et hardie dans ses manières et son langage. Ne trouveriez-vous pas encore très nécessaire, en prévision des séances orageuses, de convoquer parfois un camelot, une poissarde de la halle (...) pour mettre les élèves au courant du vocabulaire ordinairement employé dans ce genre de tumulte? (Coppée,Franc-parler I, 1894, p.11).
En partic. Marchande de poissons aux halles. M. l'abbé Coignard (...) vida [des petits poissons] aussi facilement que s'il n'avait jamais vécu que parmi les poissardes de la halle (A. France,Rôtisserie, 1893, p.328).
B. − P. ext. Femme vulgaire dans ses manières, particulièrement grossière et insolente dans son langage. V. bacchante ex. 13.
II. − Adjectif
A. − Vieilli. Qui imite ou adopte un langage et des moeurs attribués au bas peuple. Elle conserva la robe à ramages, le fichu jaune, la marmotte des poissonnières classiques, avec la voix haute, le geste prompt, les poings aux côtes, l'engueulade du catéchisme poissard coulant des lèvres (Zola,Ventre Paris, 1873, p.714).Celui-ci (...) homme de bonne compagnie un peu poissard, mêlant la halle à l'hôtel de Rambouillet [la majorité en 1849] (Hugo,Actes et par., 1, 1875, p.37).Augustine tenait l'emploi d'orateur poissard de la maison (E. de Goncourt,Élisa, 1877, p.123).
B. − En partic. Qui est propre à ce langage. Argot, style poissard. Avec le peuple, avec la populace du dehors (...) l'abbé Maury avait le propos également gai, gaillard et même poissard (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.4, 1851, p.278):
. Avec eux la chanson a pris (...) une crânerie canaille (...) Elle parle l'argot des faubourgs. Au xviiiesiècle, elle parlait, avec Vadé, le langage poissard (...) C'est le ton des halles... A. France,Vie littér., 1902, p.392.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, HIST. DE LA LITT. [À propos d'oeuvres de la seconde moit. du xviiies. aux sujets réalistes traités dans un style imitant le parler pop.] Aux confins du même genre, (...) tirant sur le poissard ou le grivois, les amateurs distinguent et goûtent fort les amours de Pierre et Pierrette [de Désaugiers] (Sainte-Beuve,Portr. contemp., t.5, 1845, p.67).
REM.
Poissarderie, subst. fém.Acte ou propos poissard; style poissard. Et ton style, admettant plus d'un mot prohibé, Dans la poissarderie est mainte fois tombé (Pommier,Crâneries, 1842, p.155).
Prononc. et Orth.: [pwasa:ʀ], fém. [-aʀd]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. I. 1. 1640 subst. fém. poissarde (Oudin Curiositez: une vendeuse de marée, par mespris); 1690 (Fur.: Terme injurieux que se disent les harangères les unes aux autres pour se reprocher leur vilenie et malpropreté); 2. 1835 «femme aux manières hardies, au langage grossier» (Ac.). II. 1. 1743 adj. «qui appartient à un genre littéraire imitant le langage grossier du peuple» (d'apr. FEW t.8, p.621); 1748 langue poissarde (Journal de Verdun, sept. d'apr. Esn.); 1749 (Les Quatre bouquets poissards de M. Vadé, v. TLF t.1, p.XCVIIc); 2. 1748 subst. désigne le genre littéraire correspondant (Journal de Verdun d'apr. Esn.: Langage que j'appellerai le Poissard). I fém. de poissard «voleur» (1531 Jacq. Sylvius, Isagoge, p.41 ds Gdf.), dér. de poix* (suff. -ard*): propr. «celui qui a les mains comme enduites de poix pour voler» (cf. 1582 poissard subst. «celui qui enduit de poix» Bretin ds Hug.; 1611 adj. «enduit de poix» Cotgr.), la poissarde étant réputée peu honnête dans ses transactions et habillée de vêtements crasseux, comme poissés; le sens «marchande de poissons», par rapprochement plais. avec poisson* (FEW t.8, p.621b, note 2). II est tiré de I; v. aussi Sain. Sources Arg. t.1, p.67). Fréq. abs. littér.: 48. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.141. _ Gohin 1903, p.243 (s.v. poissarderie).