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PLOYER, verbe
Vieilli ou littér. Synon. usuel plier.
I. − Empl. trans.
A. − Mettre une matière souple (étoffe, papier) en deux ou plusieurs épaisseurs. Synon. plier, replier.; anton. déplier, déployer, étaler.Allons, bélître, continua-t-il en s'adressant à son élève (...) roule les bandes et ploie les compresses (Gautier, Fracasse, 1863, p.433).À qui donc écrit-elle? se disait Giovan, tandis que Giulia ployait ses paperasses (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.201):
1. Dans ces moments, il n'y a pas à vouloir lutter, il faut imiter les petits bâtiments qui ploient leurs voiles, ferment leurs écoutilles et se laissent battre comme une épave, comme une planche sombrée. Goncourt, Journal, 1885, p.467.
B. − Rapprocher les unes des autres les parties d'une articulation du corps; p.méton., faire jouer une articulation. Ployer le genou, la jambe. Une troupe de colombes passagères ploie ses ailes pour se reposer sur un rivage hospitalier (Chateaubr.,Martyrs, t.1, 1810, p.133).Les danseuses s'agenouillaient et se relevaient (...), traînaient leurs jambes, ployaient leurs jarrets, déplaçaient leurs pieds agiles (Gautier, Rom. momie, 1858, p.201).
1. Au fig. Ployer le(s) genou(x). Adopter une attitude d'adoration, de respect, de soumission. Nous, Messieurs, qui croyons en Dieu, qui, ployant le genou devant son adorable suprématie, l'avons reconnu pour le père, le maître (Lacord., Conf. N.-D., 1848, p.188).Le seul juste devant lequel les hommes aient consenti à ployer le genou est immobilisé par les trois clous qui le fixent à un gibet (Mauriac, Journal, 1943, p.353).
2. Empl. pronom. Les doigts s'attardaient, se ployaient dans les touffes souples (Gracq, Syrtes, 1951, p.152).
C. − Courber, tordre une chose flexible, au moyen d'une charge, ou en exerçant une pression. Synon. arquer, incurver, plier.Ployer un arbre, une branche, une tige. L'enfançon divin avec ses ailes et son bandeau, ployant son arc et nous criblant de fortes flèches, la poulette et moi (Cladel, Ompdrailles, 1879, p.314).On dépense moins d'effort à ployer une lame d'acier qu'à vouloir courber une barre de fer (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p.18).
1. En partic. [L'obj. désigne tout ou partie du corps] Incliner, fléchir. Ployer la nuque. Des inflexions de voix, un petit froncement de lèvres, une façon de ployer la tête (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p.315).La danseuse-étoile, étincelante (...) ployait son buste léger, son dos de cygne, ses bras minces (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.297).
Empl. pronom. à valeur passive. Les apophyses épineuses (...) sont presque nulles dans les chameaux, la girafe, etc.; sans cela elles auroient empêché le cou de se ployer en arrière (Cuvier, Anat. comp., t.1, 1805, p.162).
Au fig. [Avec une idée de respect, de soumission] Oh! Votre colère est terrible, je le sais, Madame. Ma tête ploie d'avance sous le châtiment que vous me préparez (Hugo, M. Tudor, 1833, journée 2, 4, p.96).Les dieux Ont ployé ton cou libre au joug injurieux (Leconte de Lisle, Poèmes trag., 1886, p.191).
2. Au fig. [L'obj. désigne une pers., une manifestation de l'esprit] Soumettre à une influence, à une domination; faire céder, accoutumer à (faire) quelque chose. Synon. assujettir.Savoir, s'il n'y aurait pas moyen, vu les circonstances locales, de ployer nos croyances à cet usage (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.121).Pendant ses années de mariage, un besoin de représailles avait peut-être germé dans son coeur, un besoin obscur (...) de ployer les volontés (Maupass., Notre coeur, 1890, p.325):
2. ... il n'existe pas, dans le monde, de société plus cohérente, mieux liée, plus tyrannique. L'Angleterre a hérité de Sparte et de Rome la science de ployer l'individu à l'intérêt suprême du clan. J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p.133.
II. − Empl. gén. intrans.
A. − Fléchir, se courber (sous l'effet d'une pression, d'une charge).
1. [Le suj. désigne une réalité concr.] Ils voyaient déjà la frêle balustrade de bois (...) ployer et faire ventre sous la pression de la foule (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.27).Les mimosas ployaient, comme abritant les bancs où s'étalaient la fête (Gide, Nourr. terr., 1897, p.232).
En empl. pronom. Les immenses avirons qui se ployaient dans leur longueur (Flaub., Champs et grèves, 1848, p.246).
2. [Le suj. désigne tout ou partie du corps] Je pris sa main, une main encore flottante, là, dans l'air, et son bras ployait du ploiement de l'osier, sans craquer (Giono, Manosque, 1930, p.40).Les épaules de Marcelle s'affaissèrent (...). Son buste ployait, mais de sa tête inclinée elle résistait (Chardonne, Dest. sent., i, 1934, p.206).
P. métaph. Un romantique (...), entre les quatre murs de son cabinet, est pape. Mais ce que porte allègrement un Hugo fait ployer les épaules plus frêles d'un Vigny et d'un Baudelaire (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p.33).
3. [Avec un compl. prép. introduit par sous] Ployer sous un fardeau. On n'a point vu passer de somptueux bagages Escortés de captifs faits aux peuples maudits, Cheminant et ployant sous le poids des pillages (Leconte de Lisle, Poèmes trag., 1886, p.114).Les arrieros criards (...) poussaient devant eux les bêtes éclopées et celles qui ployaient sous les charges de fourrage (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.375).
P. métaph. Le petit nombre de Saxons qui n'avoient pas voulu ployer sous le joug de Charlemagne (Genlis, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.169).
B. − Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers., son comportement, ses sentiments] Céder, se soumettre. Synon. fléchir, s'incliner.L'Occident tout entier ployait avec un respectueux amour sous sa sainte loi (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p.viii):
3. À genoux, vassal, à genoux! Si votre âme brutale n'est pas touchée de la plus excellente beauté de l'univers, que votre audace ploie du moins devant le respect que vous devez à la fille des Bambucci. Sand, Lélia, 1833, p.259.
Empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers., une réalité abstr.] Se ployer à qqc. Le protestantisme se ploie partout à ce qu'on demande de lui, parcequ'il n'a rien à conserver, ni dogmes, ni discipline (Lamennais, Relig., 1826, p.9).L'orgueil national qu'on reproche aux Anglais ne les empêche pas d'être la plus souple des nations lorsqu'il s'git de se ployer aux besoins des consommateurs (Say, Écon. pol., 1832, p.82).
Prononc. et Orth.: [plwaje], (il) ploie [plwa]. Att. ds Ac. dep. 1740. Conjug. v. aboyer. Étymol. et Hist. V. plier. Fréq. abs. littér.: Ployer: 339. Ployé: 225. Fréq. rel. littér. Ployer: xixes.: a) 523, b) 674; xxes.: a) 600, b) 272. Ployé: xixes.: a) 234, b) 468; xxes.: a) 459, b) 229.
DÉR. 1.
Ploiement, subst. masc.a) Action de ployer (quelque chose); résultat de cette action. Synon. pliage, pliement.Le mari, serré dans une redingote pompeuse, saluait avec un ploiement des genoux (Maupass., Une vie, 1883, p.97).Il retombait gracieux, en un ploiement élastique des branches (Pergaud, De Goupil, 1910, p.143).Au fig. Le vrai combat était, pour Beethoven, dans le ploiement de cette forme à sa pensée, en sorte que celle-ci pût se couler exactement dans celle-là (Rolland, Beethoven, t.2, 1937, p.380).b) Art milit. Passage de l'ordre de bataille à l'ordre de route pour une armée. Anton. déploiement. (Dict. xixeet xxes.). [plwamɑ ̃]. 1resattest. a) xves. ploiement «action de ployer, de plier» (Gloss. lat.-fr., ms. B.N., lat. 7679 ds Gdf.), 1538 pliement (Est. d'apr. FEW t.9, p.69b), b) 1845 art milit. (Besch.); de ployer, plier, suff. -ment1*.
2.
Ployable, adj.[P. allus. à la formule de Pascal: Il faudrait avoir une règle; la raison s'offre; mais elle est ployable à tous sens; et ainsi il n'y en a point (Pensées VII, 4, éd. Havet, ds Littré)] Synon. pliable.Ployable en tous sens. Que l'on peut infléchir selon son désir, sa volonté. Il est puéril et vain d'invoquer la justice, (...) c'est une idée toute métaphysique et ployable en tous sens, et (...) en cette pourpre banale toutes les tyrannies se sont taillé un manteau (Jaurès, Ét. soc., 1901, p.135).Les textes évangéliques −textes si riches que, pour reprendre la formule de Pascal, bien plus encore que la raison ils sont ployables en tous sens (Du Bos, Journal, 1923, p.339). [plwajabl̥]. Att. ds Ac. 1935. 1reattest. v. pliable (dér. s.v. plier).
BBG.Dauzat Ling. fr. 1946, p.14. _Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.103-104.