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PLANQUER, verbe
I. − Empl. trans., arg. ou pop.
A. − Empl. trans. dir.
1. Planquer qqc.
a) Mettre un bien précieux (ou acquis frauduleusement) en sûreté ou en réserve. Ça vous ennuierait de me garder ce billet de la loterie nationale? Mon père ne veut pas que j'en achète, et je ne sais pas où le planquer (Montherl.,Fils personne, 1943, ii, 1, p.291).Les spéculateurs, qui ne pensent qu'à placer, planquer leur argent et faire une bonne affaire (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.342).L'argent qu'il ne pouvait verser au défenseur d'office, faute de pouvoir (...) mettre la main sur le magot qu'il avait planqué (Vialar,Débucher, 1953, p.99).
b) Cacher, dissimuler, camoufler. Des murs renforcés de feuillage la planquaient [la villa] aux regards (Le Breton,Razzia, 1954, p.51).Son litron de rouge planqué dans un coin (Queneau,Zazie, 1959, p.97).Les bars clandestins de Soweto sont planqués dans le salon d'un appartement, dans un garage ou dans la cour d'une de ces petites bicoques en briques (L'Echo des Savanes, juin 1984, no20, p.104, col. 4).
c) Empl. abs. [Le suj. désigne une prostituée] Dissimuler une partie des gains journaliers au détriment de son souteneur. Sans bien savoir pourquoi, et pas avec l'intention de mal faire, depuis six mois Nana planquait. Bébert, distrait, se rendait pas compte (Pt Simonin ill., 1957, p.225).
2. Planquer qqn.Cacher dans un endroit sûr une personne qui est recherchée par la police ou par ses ennemis. Elle a dénoncé deux gosses juifs qu'on avait planqués dans une ferme (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.199):
. −La souris? Elle va rester là? −Apparemment. −C'est bien ça! Je te planque ici et tu vas te faire piquer à cause d'une garce! Et le plus triste, c'est que nous serons tous en cabane avec toi! R. Fallet,Pigalle, 1981 [1979], p.118.
B. − Empl. pronom.
1. [Corresp. à supra I A 2] Se cacher pour échapper aux recherches de la police ou de ses ennemis. C'était au début novembre. Le petit n'a certainement pas parlé, mais avec cette arrestation, et les Italiens qui ont déferlé sur la côte, les amis étaient devenus nerveux. On exigea de moi (...) que j'aille me planquer (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.310).
2. Se cacher, se dissimuler. I' m'mêlerait à la corvée de charbon dans Lens; on irait jusqu'à chez nous. J'pourrais voir, à condition de m'planquer et de n'pas m'faire voir (Barbusse,Feu, 1916, p.172).J'attends (...) la Mireille qu'elle rentre, je me planque dans l'impasse Viviane, elle devait passer là fatalement (Céline,Mort à crédit, 1936, p.34).V. écorner ex. 3.
3. S'abriter, se mettre à couvert pendant le tir de l'ennemi ou, p.ext., pendant une fusillade. Nous nous planquons dans une porte chaque fois que la fusillade recommence (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.293).On entendit un ronflement d'avion, une voix lasse murmura: −Planquez-vous, les gars. Ils remettent ça (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.87).
P. anal. En temps de guerre s'arranger pour se soustraire aux obligations militaires ou pour trouver une position, un poste où l'on ne participe pas au combat. Les plus ignobles sont ceux de l'active. Voilà des gaillards qui ont choisi librement ce métier-là, dès le temps de paix, et quand vient le moment où les pékins comme nous sont invités à se faire casser la gueule, eux se planquent (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p.217).
II. − Empl. intrans., arg. de la police. Surveiller discrètement un objectif déterminé, une personne suspecte; p.ext., surveiller discrètement ce qui se passe dans un lieu déterminé, ou les faits et gestes d'une personne. Les gendarmes de la brigade de recherche qui ont «planqué» pendant des jours devant la maison du médecin sont convaincus qu'il a fait disparaître lui-même l'arme, le lendemain du crime (Le Nouvel Observateur, 26 juill. 1976, p.31, col. 3).Sur la Côte d'Azur, à Saint-Laurent-du-Var, un café sert de quartier général aux gangs d'enfants gitans. Nous [des journalistes] avons planqué devant toute une journée, observant les allées et venues au téléobjectif (Actuel, oct. 1984, p.82, col. 1).
REM.
Planquage, subst. masc.[Corresp. à supra I A 2] Pop. Fait de cacher quelqu'un. Les maquis de planquage de jeunes qui refusaient de partir au service du travail obligatoire en Allemagne (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, p.130).
Prononc.: [plɑ ̃ke], (il) planque [plɑ ̃:k]. Étymol. et Hist. 1790 «cacher» (Le Rat du Châtelet, pp.16-17); 1821 (Ansiaume, Arg. bagne Brest, fo13 ro, § 350: Planquer/cacher/ [fo13 vo, § 375: se planquer]); 1922 subst. planqué «celui qui est affecté à un poste à l'abri des risques des combats» (Montherl., Songe, p.81). Altération de planter* au sens arg. anc. «mettre, cacher» (1455, Villon, Ballades en jargon, éd. A. Lanly, I, 21, VII, 28; cf. aussi l'angl. to plant «cacher [de la marchandise volée]» dans l'arg. des voleurs [NED] et le m. fr. plant «faux lingot», planteur «celui qui écoule de faux lingots», 1455 Jargon des Coquillars, éd. M. Schwob ds Mém. de la Soc. ling. de Paris, t.7, p.179 et 180), peut-être par un croisement avec plaquer* «appliquer, mettre». Fréq. abs. littér.: 83. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.240. _ Sain. Argot 1972 [1907], p.111.