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PLÉNITUDE, subst. fém.
A. − Vieilli ou littér. État d'un contenant, d'un lieu qui est plein, rempli. Abdoullah-Khan ne laissait pas de se rendre compte (...) de la plénitude connue de ses coffres (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p.278).Vu l'absence de fiacres et la plénitude des tramways, retour à pied (Flaub., Corresp., 1880, p.23).
MÉD. État d'un organe, le plus souvent de la digestion ou de la circulation, qui est plein, parfois de façon excessive. Plénitude des vaisseaux. Bientôt elle [la fille naturelle à l'âge de la puberté] éprouve (...) tous les indices de plénitude, tant dans les mamelles que dans toutes les parties qui appartiennent à la génération (Laclos, Éduc. femmes, 1803, p.438).Plénitude absolue des entrailles, dures comme une pierre (Michelet, Journal, 1861, p.580).
En partic. (Sensation, sentiment de) plénitude. Impression de tension, de pesanteur ressentie à l'épigastre quand l'estomac est ou semble être rempli. Sensation de plénitude brusque au niveau de l'estomac (Quillet Méd.1965, p.138).
P. anal. Qualité d'un corps, d'une partie du corps, potelé, charnu; corps, partie du corps ayant ces caractéristiques. Ses épaules prirent une délicieuse plénitude (Balzac, Curé vill., 1839, p.48).Sa robe dessinait nettement les plénitudes fermes de sa chair (Maupass., Contes et nouv., t.1, Partie camp., 1881, p.373).
B. − [Corresp. à plein de; v. plein I D]
1. Abondance de quelque chose. Elle me déroulait ces circonstances avec une plénitude naïve de paroles (Sainte-Beuve, Volupté, t.1, 1834, p.77):
1. La vraie variété est dans cette plénitude d'éléments réels et inattendus, dans le rameau chargé de fleurs bleues qui s'élance, contre toute attente, de la haie printanière qui semblait déjà comble... Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.551.
MÉD., vieilli. Abondance excessive de quelque chose. Cela marque une grande plénitude d'humeurs (Ac.1798-1878).
2. État d'une personne, (et p.méton. d'un de ses attributs) qui est entièrement occupé, absorbé par quelqu'un, par quelque chose. Ma vie est un continuel débordement de bonheur, une plénitude de vous seule, une paix, un sommeil dont vous êtes le rêve! (Lamart., Raphaël, 1849, p.280).
C. − [Le subst. a sa valeur la plus cour. d'intens.]
1. État de quelque chose, parfois de quelqu'un qui est au maximum de ses caractéristiques, qui a toute son intensité, sa densité, sa richesse.
[Le subst. est rel. à]
a) [une chose concr., naturelle ou fabriquée, un lieu, une pers. envisagée sous un aspect déterminé] Plénitude de la lune, de la mer. Le souvenir d'un ciel sombre où fait rage la vide plénitude du vent (G. Bataille, Exp. int., 1943, p.195).En été, on pourra contempler l'Espagne dans sa plénitude, sous sa lumière orangée (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p.14).
b) [un mode d'expression, une oeuvre hum.] Plénitude d'une note, d'un son, d'un timbre, d'une voix; plénitude d'un style. Il est assurément, dans toute la plénitude du mot, un musicien (P. Lalo, Mus., 1899, p.332):
2. On ne saurait croire combien de fois il [V. Hugo] a manqué, tenté, essayé, recommencé certains morceaux, certains vers et certaines strophes, avant d'atteindre, en un jour de bonheur, à la forme définitive, à la plénitude. Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p.768.
c) [un moment du temps, une durée] Plénitude de l'existence, de la vie. Ce furent des journées d'une singulière plénitude (Bourget, Disciple, 1889, p.165).
d) [une activité, une action, un état, une faculté, une notion abstr., intellectuelle] [Vieillard] jouissant de la plénitude de ses facultés physiques et morales (Lamart., Voy. Orient, t.2, 1835, p.235).J'affirmerai de nouveau, dans sa plénitude, contre toute monarchie et théocratie, le principe républicain (Proudhon, Révol. soc., 1852, p.2).
SYNT. Plénitude de beauté, de santé; plénitude de la force, du génie, de l'intelligence, de la puissance, du talent de qqn; être dans la plénitude de ses moyens.
e) [un sentiment, une sensation d'ordre moral, affectif] Le son de voix bref et rauque du vieillard annonçait une étrange plénitude d'emportement (Hugo, Misér., t.2, 1862, p.249).Dans la plénitude de la souffrance et du remords (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p.249).
SYNT. Plénitude de l'amour, du bonheur, de la joie; accéder, arriver, parvenir à la plénitude de qqc.
2.
a) (Sentiment de) plénitude. État d'une personne comblée, qui se sent telle, qui ressent un bien-être physique et moral. Plénitude absolue, heureuse; plénitude intérieure; plénitude de l'être; état de plénitude. Avec quelle plénitude paisible, ce matin, comme je me promenais dans la cathédrale, j'ai reconnu sur ses tapisseries les images de mon histoire sainte d'enfant (Barrès, Pitié églises, 1914, p.311):
3. L'être, ai-je dit autrefois, c'est l'attente comblée. La vie peut nous apparaître à certains moments entièrement vide; rien n'a d'importance, rien ne compte: c'est la négation même de ce sentiment de plénitude, de profusion que nous éprouvons parfois. G. Marcel, Journal, 1919, p.202.
b) Plénitude de l'âme, du coeur. État de l'âme, du coeur, qui est comblé. Comme si la plénitude de l'âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides (Flaub., MmeBovary, t.2, 1857, p.30):
4. ... il y a des plénitudes du coeur qui sont actives et d'autres qui sont mornes. L'intensité de votre âme vous conduit à dédaigner la vie comme elle conduirait un autre à tout désirer de la vie. Barrès, Cahiers, t.4, 1906, p.229.
D. − Totalité, intégrité d'un droit, d'un pouvoir. Plénitude des attributions, des pouvoirs de qqn. Il rentrera dans la plénitude de ses droits civils (Code civil, 1804, art.30, p.8).V. imposer ex. 10.
E. − THÉOL. CHRÉT.
1. Plénitude (de Dieu, du Christ). État de perfection totale, complète de Dieu; divinité, abondance de grâces que le Christ a reçue de Dieu pour accomplir sa mission. Il n'est pas une seule âme qui n'ait reçu de la plénitude du Christ (Bremond, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.401).La plénitude infinie de Dieu, l'insignifiance de tout le reste (Bremond, Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.344).
2. Plénitude des temps. Moment de l'histoire où toutes les conditions furent remplies pour l'accomplissement des prophéties concernant le Messie. Dans la plénitude des temps, Dieu leur a envoyé son Fils (Théol. cath.t.4, 11920, p.1020).
Prononc. et Orth.: [plenityd]. Ac. 1694 et 1718: pleni-; dep. 1740: pléni-. Étymol. et Hist.1. Ca 1300 «accomplissement (d'un temps)» (Vie des Saints, Traduction de la Légende Dorée, Bibl. Nat. fr. 20330, fo1 vods Gdf. Compl.); 2. fin xives. «intégrité, totalité, absence de toute restriction» (Oresme d'apr. F. Meunier, Essai sur la vie et les ouvrages..., 1857, p.192); 3. 1378 «compte complet de, tous les» (Miracle de Pierre le Changeur, Miracles de N.-D., éd. G. Paris et U. Robert, t.6, p.228); 4. 1563 «richesse et achèvement, perfection» (Ronsard, Réponse aux injures, 1035, OEuvres, éd. P. Laumonier, t.11, p.168); 5. 1679 «réplétion, engorgement (dans le tube digestif)» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, Grands écrivains de France, t.6, p.161); 1680 «id. dans les vaisseaux» (Rich.). Empr. au lat. plenitudo «ce qui remplit, accomplissement, achèvement», dér. de plenus (v. plein), au sens 1, cf. le lat. chrét. plenitudo temporis, gr. τ ο π λ η ́ ρ ω μ α τ ο υ ̃ χ ρ ο ́ ν ο υ Épitre de St Paul aux Galates, 4, 4 ds Blaise. Fréq. abs. littér.: 1097. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1071, b) 1071; xxes.: a) 1470, b) 2293. Bbg. Darm. 1877, p.190. _Gohin 1903, p.346.