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PIGNOCHER1, verbe intrans.
A. − Fam. Manger sans appétit, du bout des dents, par petits morceaux. «... je n'ai pas faim.» Un gros homme (...) l'écoutait. −Tu n'as pas faim? dit-il, et puis tout à l'heure, tu vas piquer dans nos assiettes (...). Allons, va, je paie! Commande, j'aime mieux cela que de te voir pignocher à droite et à gauche, comme tu fais toujours (Veuillot,Odeurs de Paris, 1866, p.165).Le dîner, peu luxueux, composé des restes de la veille, s'est passé sans incidents, presque silencieusement... monsieur dévore, et madame pignoche dans les plats avec des gestes maussades et des moues dédaigneuses... (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.32).
Empl. abs. Elle mangeait d'appétit, sans pignocher comme font les enfants débiles, mal équilibrés (Vialar,Tournez, 1956, p.8).
Empl. trans. Il pignocha quelques bouchées (Vialar,Bien-aller, 1952, p.117).
B. − Arg. des peintres, parfois péj. Peindre à petits coups de pinceaux et avec minutie. À l'aide d'un bout de bois, d'un calame, du premier instrument venu, il [Van der Borscht] améliorait, retouchait, pignochait et, en quelques minutes, on voyait naître positivement un paysage (L. Daudet,Voy. Shakesp., 1896, p.168).
Empl. trans. Il parle de Henri Matisse allant montrer à Rodin ses dessins et repartant furieux de l'atelier du maître, parce que celui-ci lui aurait dit: «Pignochez; pignochez. Quand vous aurez encore pignoché cela quinze jours, vous viendrez me le remontrer» (Gide,Journal, 1906, p.202).
Au part. passé. Magnard, c'est un bourgeois, il ne sait pas... envoyez-lui une petite chose, mais finie, pignochée (Goncourt,Journal, 1881, p.113).
P. métaph. Mon ravissement était devant les asperges, trempées d'outre-mer et de rose et dont l'épi, finement pignoché de mauve et d'azur, se dégrade insensiblement jusqu'au pied −encore souillé pourtant du sol de leur plant −par des irisations qui ne sont pas de la terre (Proust,Swann, 1913, p.121).
Prononc. et Orth.: [piɳ ɔ ʃe], (il) pignoche [piɳ ɔ ʃ]. Homon. et homogr. pignocher2. Att. ds Ac. dep. 1694. Goncourt, op. cit., 1857, p.338: pinocher. Étymol. et Hist. 1. 1640 «manger sans appétit, en prenant de temps à autre quelques petits morceaux» (Oudin Ital.-Fr., s.v. pilucare: pignocher une grappe de raisin ou autre chose); 2. 1852 peint. «peindre à petits coups» (Humbert); cf. 1857 (Mérimée, Lettres Mmede La Rochejacquelein, p.68); 1857 des sepias très pinochées (Goncourt, op. cit., p.338). Altér. du m. fr. espinocher «s'occuper de bagatelles», fin xvies. (E. Pasquier, Lettres, XII, 1 ds Hug.), puis au xviies. «manger par petits morceaux, avec dégoût» (Fur. 1690-Trév. 1752), lui-même dér. de espinoche «petit morceau d'une chose qu'on mange» ca 1450 (A. Gréban, Myst. Passion, éd. O. Jodogne, 6315), «bagatelle» 1526 (J. Bouchet, Opusc., p.108 [ds Gdf.] ds Hug.) d'apr. peigner*, pigner (v. aussi pignocher2); pignocher a pris le sens de «peindre à petits coups de pinceau» d'apr. peindre*.
DÉR.
Pignocheur, -euse, subst.a) Fam. Personne qui pignoche en mangeant. Je m'en serais bien envoyé un [cigare]. Pas du tout un de ces crapulos dont je me faisais tourner le coeur dans les coulisses. Non, je me serais bien envoyé un cigare d'honneur, bien paisiblement, là, comme un bon rot espagnol, au milieu de toutes ces pignocheuses [au restaurant] (Giono,Roi sans divertiss., 1947, p.216).b) Arg. des peintres. Peintre qui travaille de façon minutieuse. Voir Hugues, Expr. atelier, s. d. [piɳ ɔ ʃoe:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. a) 1640 «personne qui pignoche en mangeant» (Oudin Ital.-fr., s.v. pilucone), 1947 au fém. toutes ces pignocheuses (Giono, loc. cit.), b) 1872 peint. (Bürger, Salons de 1861 à 1868, t.II, p.238); de pignocher1, suff. -eur2*.
BBG. Quem. DDL t.14.