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PASSADE, subst. fém.
A. − Vieilli ou région.
1. Action de passer, passage.
a) [Avec déterm. désignant l'agent du procès] L'énorme passade du courant (Rimbaud,Illumin.,1873, p.304).
b) [Avec déterm. désignant l'obj. du procès] Synon. transport.Il ne reste plus qu'une dernière cérémonie à accomplir: «la passade» du lit. Mariette a choisi le sien, il s'agit de le transporter de chez le menuisier chez elle (Pesquidoux,Chez nous,1921, p.67).
2. P. méton.
a) Celui, celle, ceux qui passe(nt); cortège. Soudain, du fossé où ils sont cachés, des jeunes hommes sautent sur la route (...). Ce sont les donzelons du fiancé. Ils viennent prendre leur place au haut bout de la passade, selon l'usage, car on approche de la maison du promis (Pesquidoux,Livre raison,1925, p.28).
b) Ce que l'on donne à celui, à celle, à ceux qui passe(nt). On fait halte. Les gens sortent. On leur chante: Donnez-nous la passade, braves gens, si vous passiez par chez nous, nous vous la donnerions... C'est-à-dire: versez-nous un coup de vin! −Nul ne refuse (Pesquidoux,Livre raison,1925p.27).
En partic. Charité que l'on demandait en passant et notamment secours que les compagnons typographes sans ouvrage, les passants, venaient demander dans les ateliers où ils ne pouvaient être embauchés (d'apr. France 1907). Demander, donner la passade (Ac. 1798-1878).
3. Loc. adv. À la passade. En passant. Plusieurs lui décochent, pour la forme, une interrogation à la passade, et personne ne prend la peine d'attendre qu'elle ait répondu (Vidocq,Mém., t.4, 1828-29, p.210).
4. Proverbe. Cela est bon pour une passade. C'est bon pour une fois, à condition de ne pas y revenir (d'apr. Littré).
B. − Au fig., usuel
1.
a) Aventure amoureuse de courte durée. Avoir une passade avec qqn. Pour désigner cette courte flambée des sens, plus sérieuse que les simples coucheries, moins intéressantes que les folies de tête (...) ce nom, jovial comme un nom libertin, sinistre comme un coup de lance: une passade (Bruant1901, p.389).Ah! Vraiment? As-tu déjà été infidèle? Dis? (Signes d'assentiment de Maurice) Plusieurs fois? Maurice: Oh! Des passades... Moins que rien... (Mauriac,Feu sur terre,1951, ii, 1, p.97):
1. ... j'aurais d'abord voulu qu'elle eût de l'amour pour moi, qui avais tant d'admiration pour elle. Je vois aujourd'hui qu'elle était trop froide, trop raisonnable, pas assez folle, pas assez caressante pour que notre liaison, si elle eût été d'amour, pût continuer. Ce n'aurait été qu'une passade de ma part... Stendhal,Souv. égotisme,1832, p.92.
(Avoir) une passade avec qqn. Je ne suis pas un grand bonhomme mais je suis jeune; elle peut avoir l'impression qu'une passade avec moi serait sans conséquence; et puis, si j'en sors le coeur brisé, tant pis, elle s'en fout... (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.92).
[Avec adj.] Passade amoureuse; passade platonique, sensuelle, vénale. Que si on la blâme de sa vénalité soit dit à sa décharge que les passades sentimentales ne lui avaient jamais beaucoup réussi (Toulet,Comme une fantaisie,1918, p.77):
2. Il fallait qu'elle sût que mon père l'avait trompée et qu'elle prît cela dans sa valeur objective, comme une passade toute physique, non comme une atteinte à sa valeur personnelle, à sa dignité. Sagan,Bonjour tristesse,1954, p.166.
De passade, loc. adj. (vieilli ou littér.). Qui dure le temps d'une passade; pour une passade. Je passe sous silence les amours de passade avec Turko Maria (Balzac, OEuvres div., t.1, 1830, p.434).Ceux qui ne se satisfont pas au bordel, ont une vieille maîtresse, une femme de passade ou une épouse légitime, près desquelles il n'y a ni émotion ni tremblement (Goncourt,Journal,1864, p.13):
3. J'étais le troisième (sans compter l'avocat, l'homme du Palais-Royal, M. Legrainier, Delarbre, le fils du marchand Saint-Antoine, et cent autres de passade (...)); j'étais le troisième, à qui cette perfide sirène avait persuadé qu'elle n'aimait les hommes que dans l'âge mûr... Restif de La Bret.,M. Nicolas,1796, p.99.
P. méton. Partenaire d'une aventure amoureuse. Margarita Cogni, d'abord simple passade, s'était lentement imposée (...). Fataliste et indolent, Byron subissait, après un accès de rage, les êtres qui exigeaient qu'il se laissât aimer (Maurois,Byron, t.2, 1930, p.145).
b) Synon. de passe (v. passe1I C).Il m'a fallu la retrouver dans cette maison de rendez-vous, elle, Izé, tombée dans les passades à dix louis et moins (Lorrain,Phocas,1901, p.244).
2. Caprice, engouement, toquade. C'est à propos de Gide et de sa passade communiste que Lacretelle émet ce jugement (Mauriac,Nouv. Bloc-Notes,1961, p.108).
C. − Spécialement
1. CHORÉGR. Ancien pas de danse:
4. La ville et les églises recevaient l'Infante avec ces pompes et ces lenteurs qui l'avaient tant ennuyée. Eux, les bouffons et les nains, ils lui offraient ce qu'elle aimait, ce qu'ils savaient faire, supérieurement (...). Ils dansèrent. Tant de fois l'Infante avait repris ici même, ces passades [it. ds le texte] et ces fleurets, qui sont trois pas en avant, l'un derrière l'autre, et qui précèdent la volte... La Varende,Goût esp.,1946, p.236.
2. ÉQUIT. Figure ancienne dans laquelle le cheval parcourait au galop une même longueur de terrain, passant et repassant toujours sur une même ligne et exécutant une demi-volte à chaque extrémité (d'apr. Tondra Cheval 1979). Telle était sa frénésie de cheval, qu'au retour de ses promenades, il se plaisait encore pendant une heure, à volter et faire des passades, devant les fenêtres de Claribel (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.71).
3. ESCR. Synon. de passe (v. passe1I B 1 b α). (Dict.xixeet xxes.).
4. NATATION, vieilli. Donner une passade. ,,Passer sur la tête d'un autre nageur en le faisant plonger ainsi malgré lui`` (Delvau 1867, p.353). «Tiens! c'est vous, monsieur Arthur» dit Adolphe en nageant près de moi. «C'est que c'est drôle de se retrouver dans l'eau! Je suis très fort maintenant (...) Voulez-vous que je vous donne une passade? (...) Non, je vous remercie (...)» (Kock,Ni jamais,1835, p.220).
5. THÉÂTRE. [L'agent du procès est un acteur] (Faire une) passade. (Exécuter un) changement de place sur la scène. Fauchery (...) se mit à mimer la scène. Voyons, vous, Fontar (...); il faut vous pencher, avec ce geste, pour saisir la duchesse... Et toi, Rose, c'est alors que tu fais ta passade, vivement, comme ça (Zola,Nana,1880, p.1326).Recommencé de la scène déjà vue, nouvelle retraite précipitée d'André en son sous-sol de bahut, et nouvelle passade d'Adèle qui retourne ouvrir la porte du palier (Courteline,Boubouroche,1893, ii, 1, p.52).V. numéro ex. 8.
P. anal. V. éberluer ex. de Gide.
Prononc. et Orth.: [pasad], [pɑ-]. Martinet-Walter 1973 [a], [ɑ] (13/4). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1454 «partie (au jeu)» (Arch. JJ 191, pièce 49 ds Gdf.); 1590 au fig. (A. Paré, OEuvres, éd. J. F. Malgaigne, t.3, p.68); 2. 1458 «court voyage» (Arnoul Greban, Myst. de la Passion, éd. O. Jodogne, 26273); 1470 droit de passade «droit de passage» (doc. ds Bartzsch, p.95); 1508 passade «bref passage» (Débat des Dames de Paris et de Rouen ds Rec. de Poés. fr. t.12, p.43); 3. 1480 équit. ici, au fig. (G. Coquillart, Droitz nouveaulx, 809 ds OEuvres, éd. M. J. Freeman, p.169); 1573 au propre (Baif, Passe-tems, l. II ds Hug.); 4. ca 1530 «charité faite aux passants, aux pèlerins» (La Complainte des quatre Élémens ds Rec. de Poés. fr. t.11, p.224); 5. 1654-55 escr. (Brébeuf, La Pharsale, III ds Littré); 6. 1735 «goût passager pour quelque chose» (Voltaire, lettre 26 juin ds Littré); 1740-55 «caprice amoureux, liaison passagère (Saint-Simon, Mém., éd. A. de Boilisle, t.5, p.255). Dér. de passer1*, suff. -ade*, peut-être avec infl. de l'ital. passata, att. au sens de «passage» dep. le xives. (Boccace ds Tomm.-Bell.) et dont les autres sens anc. (le sens 6 est empr. au fr. d'apr. DEI), bien qu'att. un peu plus tardivement, correspondent à ceux du fr. (v. Hope, pp.46-47). Fréq. abs. littér.: 36. Bbg. Grafström (A.). Rem. sur qq. textes de Vadé. In: [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t.2, p.627. _Spitzer (L.). Über einige Wörter der Liebessprache. Leipzig, 1918, p.20.