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PANTIN, subst. masc.
A. − Figurine de carton ou de bois plat et mince, découpé et colorié, représentant généralement un personnage burlesque, et dont les membres articulés sont actionnés au moyen d'un fil. On tirait des armoires les joujoux somptueux de la petite: poupées, pantins, polichinelles, des chasses dans leur décor de sapins (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.62).Ces pantins, qui étaient si à la mode au dix-huitième siècle, étaient de simples images gravées et coloriées ensuite à l'aquarelle. On les trouvait alors couramment dans le commerce sous la forme d'estampes, et c'était un plaisir pour les amateurs d'assembler les membres répartis au gré du hasard sur la feuille de papier (D'Allemagne, Hist. jouets, 1902, p.208):
1. Alors qu'il voyait chacun occupé à faire danser un petit homme de carton, ses doigts éprouvaient des impatiences qui lui devinrent bientôt très importunes. Un jour que pour une affaire importante, qui intéressait l'ordre tout entier, il faisait visite à Monsieur Chauvel, avocat au Parlement, avisant un pantin suspendu à la cheminée, il éprouva une terrible tentation d'en tirer les ficelles. A. France, Dieux ont soif, 1912, p.183.
[Dans des compar. implicitement ou explicitement formulées pour dépeindre les gestes saccadés, mécaniques ou désordonnés d'une pers., ou le manque de tenue, de fermeté dans son maintien] Marcher comme un pantin; mouvements de pantin; pantin désarticulé, disloqué. On se rabattait sur Clindor, qui était de bonne volonté, mais bâti comme un pantin (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t.1, 1857, p.310).Et, soudain, il éclata de rire au souvenir de ce corps ridicule de pantin cassé dans l'herbe (Mauriac, Destins, 1928, p.176).Bergson impute le rire cruel en face d'une chute à la rupture d'équilibre qui déshumanise l'homme et le change en pantin (Cocteau, Diff. d'être, 1947, p.164).
P. ext. Marionnette, poupée. Son bras cassé (...) tremblait à chacun de ses mouvements, ce qui lui donnait l'apparence d'un pantin de son qu'on agite (Daniel-Rops, Mort, 1934, p.295).Il décrivait un parcours anguleux, brisé, avançant tout droit, sans dévier d'un pouce, dirigé inflexiblement par la fatalité, puis virait à quatre-vingt-dix degrés, ainsi qu'un pantin à ressort (Arnoux, Algorithme, 1948, p.296).V. aussi infra Zola, Vérité, 1902, p.367.
P. métaph. Il était bien évident qu'il y avait simplement là (...) une tragique marionnette, que des mains invisibles faisaient mouvoir. Le père Crabot avait eu beau disparaître (...) son ombre noire passait sans cesse sur la scène, ses mains souples se devinaient, tirant les fils, poussant les pantins, travaillant au triomphe de la congrégation (Zola,Vérité,1902,p.367).
B. − P. anal. Personnage ridicule, inutile, qu'on ne peut prendre au sérieux. Synon. guignol, fantoche.Les juges étaient au nombre de trois, en robe et toque rouge (...) au-dessus d'eux, siégeaient d'autres pantins en robe et toque noire (L. Daudet, Morticoles, 1894, p.288).Au lieu de laisser à votre pays l'armature forte d'une noblesse résidente, il [Louis XIV] a fait de ses grands les pantins ridicules de Versailles, chargés de lui passer sa chemise et d'avancer sa chaise percée (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p.38).Nous n'étions décidément rien que des pantins impuissants, dont l'inutile présence encombrait les routes (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.25).
En partic.
[Au moral] Personne qu'on ne peut prendre au sérieux en raison de son manque de consistance, de fermeté, de volonté, qui se laisse mener par les autres, par ses passions personnelles ou par les circonstances. Synon. marionnette, girouette.Cet homme, ce Salavin, Duhamel nous le montre avec ses manies, ses tics cachés de pantin humain, ses idées absurdes, sa sottise, ses mauvais désirs (Massis, Jugements, 1924, p.195).Des êtres aussi disloqués que ce pantin, me disais-je, n'ont pas trop de tout leur égoïsme pour tenir reliés entre eux les éléments disjoints de leur figure (Gide, Faux-monn., 1925, p.1115):
2. Qui flotte avec le courant, qui ne se dirige pas d'après des principes supérieurs, qui n'a pas d'idéal, pas de conviction, celui-là n'est qu'une parcelle du mobilier terrestre, un objet mû non un sujet moteur, un pantin non une créature raisonnable, un écho non une voix. Qui n'a pas de vie intérieure est l'esclave de son milieu, comme le baromètre est l'obéissant valet de l'air immobile, et la girouette l'humble servante de l'air agité. Amiel, Journal, 1866, p.50.
[Dans les arts] Personnage qui n'a pas la consistance d'un être réel, qui manque de vérité, de naturel. Étudier l'homme tel qu'il est, non plus leur pantin métaphysique, mais l'homme physiologique, déterminé par le milieu, agissant sous le jeu de tous ses organes (Zola, L'OEuvre, 1886, p.175).Guitry, au fond, est un réactionnaire. Il aime les marquis de Bourget, ces beaux pantins qui peuvent avoir raison pendant cinq actes sans dire un mot de vrai (Renard, Journal, 1908, p.1199).En rien la Nature ne fait de sauts et il y entre −dans tous les états de la vie −une continuité que le danseur doit respecter dans son art sous peine d'être un pantin hors nature et sans beauté vraie (Duncan, Danse, 1927, p.29).
Prononc. et Orth.: [pɑ ̃tε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.a) 1747 «petite figure de carton colorié dont on fait mouvoir les membres par le moyen d'un fil» (Barbier, Journ., IV, 211 ds Brunot t.6, p.1099: Dans le courant de l'année dernière on a imaginé à Paris des joujoux qu'on appelle des pantins); b) 1762 «personne ridicule» (Gaudet, La Bibliothèque des Petits maîtres, préf., foa 3 vo); c) 1793 «personne qui change d'opinion et qu'on fait agir comme on veut» (Petit, Conv., Buchez et Roux, t.XXVII, p.212 d'apr. Brunot t.10, p.47). Dér. régr. de pantine «écheveau de soie lié ensemble pour être envoyé à la peinture», att. dep. 1570 (Sources du droit du Canton de Genève, publié par E. Rivoire, t.3, p.294) lui-même dér. de pan1* (lat. pannus) à l'aide d'une finale -ine p.anal. avec de nombreux termes servant à désigner des étoffes comme alepine*, cambrésine*, ratine* (cf. aussi florentine, londrine, v. Höfler, p.109 et 44), avec un développement sém. comparable à celui de poupée* (v. FEW t.7, p.560). Un rapprochement avec le nom de lieu Pantin près de Paris (DG) en raison du fait que la 1reattest. semble situer la fabrication de ces jouets à Paris, ne paraît pas fondé. Fréq. abs. littér.: 209. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 69, b) 396; xxes.: a) 593, b) 259. Bbg. Chautard Vie étrange Arg. 1931, p.125. _Greimas Mode 1948, p.86.