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OUI, adv.
I. − [Oui exprime l'acceptation d'un énoncé positif ou bien d'un état de chose]
A. − [Comme marque d'acceptation]
1. [En réponse à une question positive]
a) [Oui est empl. seul] −Il pleut? −Oui! Vous croyez au succès? Ceci était dit par une ombre à une autre ombre dans une loge d'avant-scène. −Et même à un grand succès, oui (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p.345).−C'est lui qui a tiré le premier, n'est-ce pas? −Oui. Il m'aura pris pour un voleur (Bosco, Mas Théot., 1945, p.216).
b) [Oui se voit associer un adv. ou une interj. manifestant le degré de conviction ou un sentiment du locuteur] Certes oui; eh oui; eh bien oui; oui, bien sûr; oui malheureusement.
Mais oui. −Est-ce qu'elle est dans la partie? −Mais oui. Elle chiffonne (Ponson du Terr., Rocambole, t.5, 1859, p.285):
1. −Tiens, c'est vous, Duchêne? répondit [notre chirurgien] (...) en se retournant. Combien de blessés? −Dix-sept à dix-huit mille. −Diable! Eh bien! ça va-t-il ce matin? −Mais oui; je suis en train de chercher un bouchon. Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p.133.
[Mais oui comme réponse à une question positive sous la dépendance d'un tour incitant à une réponse négative (le locuteur ayant aussi la possiblité de démentir par si le tour incitant à la réponse négative)] −Quoi, vous n'allez pas me dire que vous avez oublié [le français]? −Mais oui, mais oui! Quelquefois, je suis obligé de me traduire moi-même, vous voyez cela? (F.-R. Bastide, Les Adieux, Paris, Gallimard, 1971 [1956], p.280).
c) Oui et non. V. non I A 1 c.
2. [En réponse à une injonction positive] −Viens ici. −Oui.
[Comme acceptation globale d'une succession d'injonctions, les unes formulées positivement, les autres négativement] −Je vais te donner ce papier bleu. Tu vas le leur porter. Tu courras bien. Ne le perds pas et ne le déchire pas. −Oui, madame (J. Romains,Mort de quelqu'unds P. Hoeybye, p.48, infra bbg).
3. [Pour marquer l'acceptation du propos de l'interlocuteur] Synon. bon! soit! d'accord.Le jeune homme baissa la tête une seconde, comme pour prendre de l'élan, et dit encore: −Employé de banque. −Oui. Et vous voulez suivre un traitement contre la timidité? (Duhamel, Combat ombres, 1939, p.39).−J'ai dû trop boire, continua-t-elle, voyez-vous, c'est ça. −C'est ça, oui, dit l'homme (M. Duras, Moderato cantabile, Paris, Union gén. d'éd., 1962 [1958], p.33):
2. −Oh moi, autant que possible j'évite les gens qui m'ennuient, qui me font perdre mon temps. −Oui, je sais, je vous ai souvent observé. Vous avez un de ces instincts de conservation. Sarraute, Les Fruits d'or, Paris, Gallimard, 1969 [1963], p.21.
Oui(-)da, oui(-)dà (vieilli). −(...) mais que ce soit sans raison valable qu'on m'enveloppe dans une pareille disgrâce, c'est ce qui est opposé à la bonté bien connue de Sa Majesté... −Oui-dà! dit le roi, ceci m'intéresse (Musset, Mouche, 1854, p.266).Vous avez quatre-vingt-deux ans, monsieur le curé, lui dit-il, c'est un bel âge! −Oui-da, monseigneur, répliqua le curé (...), vous avez beau z'être archevêque, vous n'y viendrez peut-être point! (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.355).
Ça* oui.
Dame oui. −Du moment que la chaussette elle va tout va, proféra Des Cigales. −Dame oui! dit L'Aumône en riant (Queneau, Loin Rueil, 1944, p.29).
[Marque l'acceptation, mais le locuteur introduit ou suggère une réserve, une restriction] −Tu y tiens donc beaucoup à ce monsieur X...? −Mais, maman, je l'aime! −Oui, oui, tu l'aimes... C'est entendu, tu l'aimes (Colette, Naiss. jour, 1928, p.16).−Que faites-vous cet après-midi? −J'ai rendez-vous chez le dentiste. −Oui, chérie, mais je vous ai entendue téléphoner; vous n'avez rendez-vous qu'à trois heures (Maurois, Climats, 1928, p.54):
3. Le commissaire Mansuy réfléchit, faillit se reprendre, ouvrit même la bouche. Maigret le regardait, interrogateur. Mais il répéta: −Un accident, oui... −On ne peut pas supposer autre chose, n'est-ce pas? −Je ne pense pas. Simenon, Vac. Maigret, 1948, p.34.
[Oui interr., acceptant la prop. mais demandant confirmation]:
4. −Au fait, je te dois soixante-quinze francs. −Ah! oui? tu les as vendus [ces sachets de drogue]... R. Desnos, Le Vin est tiré, Paris, Gallimard, 1962 [1943], p.80.
[Le locuteur feint ironiquement d'accepter le propos] V. aussi ouais, ouiche.−Mais... nous reprendrions nos occupations. −Oui! Vous reprendriez des fusils pour nous foutre sur la gueule! (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.105).
4. [Dans le fil du discours du locuteur, pour confirmer une prop. précédemment formulée]
[Marque que le locuteur fait sienne une prop. tout d'abord évoquée comme hyp.] Ne serait-ce pas, se dit-il, une façon de se moquer de cet être, si comblé de tous les avantages de la fortune, que de prendre possession de la main de sa femme, précisément en sa présence? Oui, je le ferai, moi, pour qui il a témoigné tant de mépris (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.65).Et d'abord on pouvait prendre pour un lac dans une dépression de terrain non boisée, une abondance de brume épaisse. Oui, vraiment, à travers les branches, on eût dit de l'eau (Gide, Retour Tchad, 1928, p.992):
5. −Je t'en ficherai, des robes blanches! Hein? C'est encore pour te faire des nichons dans ton corsage avec des boules de papier, comme l'autre dimanche?... Oui, oui, attends un peu! Je te vois bien tortiller ton derrière. Ça te chatouille, les belles frusques. Zola, Assommoir, 1877, p.679.
[Insiste sur la vérité d'une affirmation difficilement croyable] Il me frappa sur l'épaule, le grand Frédéric, oui monsieur, il me frappa sur l'épaule, et il me dit, il faut encore frotter ces gens-là, et vous serez content, mon ami, ainsi que tous ces braves gens (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1643).Ils m'ont trahi, oui, tous; j'excepte de ce nombre ce bon Eugène, si digne de vous et de moi (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1814, p.217).J'ai vendu mes meubles, mes tapis, jusqu'à mes livres −oui, mes livres! −Vous n'en trouverez pas un seul ici (Bernanos, Imposture, 1927, p.518):
6. On entendit au loin le claquement sec d'une mitrailleuse. −D C A? −D C A, mon cul! C'est l'avion qui tire, oui! Sartre, Mort ds âme, 1949, p.87.
[Oui enchaîne sur un propos précédent sans tenir compte de l'objection ou de la protestation qui l'a interrompu (si marquerait la réplique à cette objection, à cette protestation)] −(...) Ainsi vous n'êtes pas assassiné, car pour volé nous savons que vous l'êtes? −Comment cela? lui demandai-je un peu surpris. −Oui, vous savez bien, cette belle montre à répétition que vous faisiez sonner dans la bibliothèque (Mérimée, Carmen, 1845, p.26).Elle: (...) Je veux montrer une femme qui sente en elle peu à peu l'amour maternel remplacer l'amour conjugal. Vous comprenez? Moi: Pas du tout. Elle: Oui; elle a épousé quelqu'un d'assez ordinaire, et peu à peu sent se développer pour lui un amour... maternel (Gide, Journal, 1911, p.334):
7. Écoutez, Mademoiselle Sophie, dit le docteur avec un profond soupir, vous n'êtes pas franche avec moi, vous me cachez quelque chose que j'ai le droit de savoir. −Oh! Le droit! dit Sophie impatientée. Tenez, vous m'agacez... −Oui, j'ai le droit de tout savoir comme médecin Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p.152.
5. [Oui associé à une question positive, appelant une réponse confirmative] Synon. n'est-ce pas, dis, etc.Et cette petite voix transie [demandait]: «On se rencontrera demain, oui, Jean?...» (Roy, Bonh. occas., 1945, p.258).
[Associé à une injonction] C'est une petite femme qui tire un homme par la manche. (...) «Tu la fermeras, oui?» dit l'homme (Sartre, Nausée, 1938, p.44).Enthousiasmés, nous nous précipitâmes, dans ses jambes, à la portière. −Allez-vous me laisser descendre, oui! (H. Bazin, Vipère, 1948, p.34).
Oui ou non. V. non I A 4.Oui ou merde (merde exprimant le refus). V. merde II A 1.
B. − [Empl. indir. (du type dire «oui»)]
1. Dire (penser, faire signe, prétendre, etc.) que oui (ou dans des constr. qui en dérivent). Hier soir, tu es allée à Puyloubiers? Elle me fit signe que oui (Bosco, Mas Théot., 1945, p.147).
Rem. Dans l'ex. qui suit, oui exprime la conviction du locuteur et non une réponse directe à la question négative (si exprimerait le démenti). La mère, (la regardant attentivement): Quel dur visage est le tien, Martha! Martha, (s'approchant et avec calme): Ne l'aimez-vous donc pas? La mère, (la regardant toujours, après un silence): Je crois que oui (Camus, Malentendu, 1944, p.117).
2. Dire oui; c'est oui. Accepter, être d'accord. Les filles (...) sont bien stylées et évitent les trivialités qui effraient les jeunes gens. C'est oui? −Je ne couche pas avec les prostituées (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.111).
3. Pour un oui ou pour un non. V. non I A 6 b.
C. − Empl. subst.
1. [Désigne l'acte de dire oui] Ses réticences, ses silences, ses «peut-être», ses «probablement», ses «oui, oui», firent de lui un homme universel et nécessaire (Billy, Introïbo, 1939, p.60).
2. Réponse positive, acceptation. Il ne me faut qu'un oui, de votre part, monsieur, pour accepter, en votre nom, une des meilleures cures des environs de Paris (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.202).J'étais décidé, absolument décidé, et d'ailleurs las d'être indécis, lorsqu'en sortant je trouve mon parrain qui m'attend: «Et bien! T'y voici enfin venu! Bien fait, car elle t'adore! −Vrai? −Un mot, et tu as son oui (...)» (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p.270).
II. − [En concurrence avec si]
A. − [Comme marque d'assertion après une question rhét. négative. (Si est justifié par la corrélation avec une question de forme négative; oui l'est par l'orientation vers une réponse positive)] Et Corinne, se retournant avec vivacité vers moi, s'écria: N'est-il pas vrai monsieur, que c'est Lord Nervil? Oui, madame, lui répondis-je, c'est lui (Staël, Corinne, t.1, 1807, p.115).Un doute m'a saisi. −Le Christ même ne fut-il pas sceptique? −Oui, il le fut et d'un doute plein d'amour et de pitié pour l'humanité (Vigny, Journal poète, 1830, p.924).−Ne vois-tu rien dans le feu, Choupille? −Oui! Une hallebarde. −Et toi, Jeanpoil? −Un oeil (Bertrand, Gaspard, 1841, p.95).Minutello: (...) Lucciana, n'ai-je pas raison? Lucciana: Oui, mon père (Salacrou, Terre ronde, 1938, i, 1, p.137).
Mais oui. Ne me fait-on pas passer pour imbu du fatalisme, m'a-t-il demandé? −Mais, oui, Sire, du moins parmi beaucoup de gens (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.150).
[Oui... mais...] −N'es-tu pas de bon accord avec tes camarades? −Oui, nous vivons dans la paix et l'union entre nous; mais [il y a] ce Mamoth, qui, du haut des montagnes, s'élance dans les plaines et renverse les arbres avec ses cornes (Crèvecoeur, Voyage, t.2, 1801, p.4).Ne doit-il pas toujours y avoir une idée dans un mot, dit l'écolier? −Oui, si cela se peut, répond Méphistophélès, mais il ne faut pourtant pas trop se tourmenter là-dessus; car là où les idées manquent, les mots viennent à propos pour y suppléer (Staël, Allemagne, t.3, 1810, p.94).Pauline: Mais quel que soit l'objet, ne le voit-on pas parfait quand on aime? Moi: Oui, d'abord. Mais à mesure, on fait des découvertes (Michelet, Journal, 1822, p.175).
B. − [Dans un énoncé antithétique, après une première phrase négative représentée elliptiquement par un groupe nominal (le plus souvent un pron. disjoint)] Gatsby qui peut avoir les plus jolies filles... n'en veut qu'une, Daisy, et elle est mariée. Un temps il l'aura. Un temps seulement. Elle retournera vers son mari, elle n'en mourra pas, elle, mais lui, oui (J. Alaux, Épouses libres et maîtresses esclavesds Marie-Claire, févr. 1975, p.27 ds M. Wilmet, p.237, infra bbg.).
III. − [En concurrence avec non; marque l'acceptation d'un énoncé négatif: là où non porterait sur l'énoncé lui-même (en confirmant son signe négatif), oui porte sur l'énonciation et signifie «vous avez raison de dire que (+ énoncé négatif)», «il est vrai que (+ énoncé négatif)»]
A. − [En réponse à une question] −D'ailleurs j'aime d'un autre côté. −Qui ça? −Morvillette. −Il n'a pas le sou. −Oui. Mais c'est l'homme de Paris le plus fort aux armes (Lavedan,Les Viveursds P. Hoeybye, p.48 infra bbg):
8. le mendiant: Il n'est plus bien loin, n'est-ce pas, Électre? électre: Oui. Elle n'est plus bien loin. le mendiant: Je dis Il. Je parle du jour. électre: Je parle de la lumière. Giraudoux, Électre, 1937, II, 1, p.125.
[En appui d'un morphème négatif] −(...) vous ne travaillez donc pas aujourd'hui? −Non, j'ai besoin de temps en ce moment. Elle eut un sourire d'une hypocrite timidité. −Du temps pour ne rien faire? −Rien, oui (M. Duras, Moderato cantabile, Paris, Union gén. d'éd., 1962 [1958], p.40).
B. − [En réponse à une injonction négative] −Vous n'oublierez jamais de venir à neuf heures. −Oui, mais irez-vous donc au bal tous les soirs? (Balzac, Langeais, 1834, p.255).
[Par une ambiguïté délibérée, marquant l'obéissance passive, mais non l'adhésion] −Me promets-tu d'être raisonnable? −Oui, Sire. −Ah! tu vois! alors tu ne songeras plus à ce mariage? −Oui. −Oui? C'est-à-dire que tu vas oublier Hjalmar? −Non (Maeterlinck, La Princesse Maleine, 1, 2 ds Dam.-Pich. t.6 1968 [1940], § 2137, p.50).
REM.
Béni-oui-oui, subst. inv. en genre et en nombre,fam. Personne qui dit toujours «oui», qui fait preuve de servilité. Ces hommes [les Algériens de 1954] ne pouvaient rester des «béni-oui-oui», des «cireurs de chaussures», l'idée de l'indépendance étant une force irrésistible (L'Humanité, 29 oct. 1984, p.10, col. 1).
Prononc. et Orth.: [wi]. Homon. ouïe. Warn. 1968, init. asp., v. aussi Littré: ,,Ce mot a une demi-aspiration``. Ce qui veut dire qu'il n'y a pas d'élision devant oui: le oui comme le non (pas d'homon. avec l'ouïe), mais fam. et dans des expr. toutes faites: je crois bien qu'oui à la place de que oui. Pas de liaison non plus: un/oui, des/oui (pas d'homon. avec des ouïes). Ac. 1694: oüy; 1718: ouy; 1740 et dep.1798: oui; 1762: ouï. Étymol. et Hist. a) Ca 1380 oui particule exprimant l'affirmation (Livre des mestiers de Bruges et ses dérivés, éd. J. Gessler, Gesprächbüchlein, p.11); 1381 ouil (Grands jours de Troyes, Arch. X1a9183, fo7 rods Gdf.); 1474 ouy dea (Le Nouveau Pathelin, 548 ds La Farce de Maistre Pathelin et ses continuations, éd. J.-F. Aubailly, p.197); b) 1536 subst. (Roger de Collerye, OEuvres, éd. Ch. d'Héricault, p.214: ung non pour ung ouy). De oïl*. Fréq. abs. littér.: 36985 (oui-da: 39). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 33742, b) 57982; xxes.: a) 66658, b) 57344. Bbg. Cadiot (A.). Oui mais non mais... Lang. fr. 1979, no42, pp.94-101. _Cohen (M.). Emplois nouv. de oui et non. B. Soc. Ling. 1952, t.48, p.40. −Hoeybye (P.). Oui, si et non. Fr. mod. 1939, t.7, pp.47-51. _Plantin (Ch.). Oui et non sont-ils des «pro-phrases»? Fr. mod. 1982, t.50, pp.252-265. _Pohl (J.). Matériaux pour l'hist. du syst. oui-non-si en fr. mod. Kwart. neofilol. 1976, t.23, pp.197-208. _Wilmet (M.). Oui, si et non en fr. mod. Fr. mod. 1976, t.44, pp.229-251. _Wunderli (P.). Die Prosätze oui und si. Z. fr. Spr. Lit. 1976, t.86, pp.193-220.