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ONTOLOGIE, subst. fém.
A. − PHILOSOPHIE
1. [L'ontologie]
a) [Au xviies. et p. réf. à la philos. aristotélicienne] Partie de la philosophie qui a pour objet l'étude des propriétés les plus générales de l'être, telles que l'existence, la possibilité, la durée, le devenir. Synon. philosophie première (v. philosophie I A 1).Cette science abstraite et tronquée qu'on appelle quelquefois dans les écoles actuelles ontologie (P. Leroux,Humanité, 1840, p. xx).Le problème de l'être chez Aristote, c'est (...) le problème de l'objet du discours philosophique, d'un discours un: non pas le problème ontologique comme problème philosophique (Heidegger) mais le problème de la possibilité de l'ontologie, exemple de la possibilité de la philosophie elle-même, de sa nature et de son fonctionnement (L. Jerphagnon,Dict. des gdes philos., 1973, p.39, s.v. aristotélisme):
1. Sans doute Wolf rétablit l'ontologie dont Descartes n'avait que faire, mais toute sa métaphysique est d'inspiration rationaliste et cartésienne. Elle a pour objet les «possibles», pour but de montrer pourquoi et comment ils sont possibles. Elle procède par concepts a priori et travaille à rejoindre l'existence, à la construire dialectiquement comme le «complément du possible». R. Verneaux,Les Sources cartésiennes et kantiennes de l'idéalisme fr., 1936, p.461.
Étude des êtres en eux-mêmes et non tels qu'ils nous apparaissent (d'apr. Foulq.-St-Jean 1962). L'ontologie, en tant que science des substances et des causes, est impossible (Proudhon,Créat. ordre, 1843, p.3):
2. Au sens strict, la métaphysique c'est l'ontologie [it. ds le texte], c'est-à-dire l'étude de l'être dans ses propriétés générales et dans ce qu'il peut avoir d'absolu; c'est l'étude de ce que sont les choses en elles-mêmes, dans leur nature intime et profonde, par opposition à la seule considération de leurs apparences ou de leurs attributs séparés. L. Meynard,Métaphysique, 1959, p.15 ds Foulq.-St-Jean 1962.
b) [Dans la pensée contemporaine, notamment dans la phénoménol. et l'existent.] Partie de la philosophie qui a pour objet l'élucidation du sens de l'être considéré simultanément en tant qu'être général, abstrait, essentiel et en tant qu'être singulier, concret, existentiel. La phénoménologie est d'emblée chez Sartre au niveau de l'ontologie (G. Varet,L'Ontologie de J. P. Sartre, Paris, P.U.F., 1948, p.46).Il [Heidegger] s'est toujours proposé de renouveler la signification de l'ontologie. Mais le point de départ sera anthropologique: l'ontologie doit commencer avec l'analyse de l'homme, car l'homme est ce qu'il y a de plus proche de nous, et surtout il est le seul «étant» qui ait la compréhension de soi-même (L. Jerphagnon,Hist. des gdes philos., 1980, p.329):
3. L'idée est ici que l'ontologie doit être totale, c'est-à-dire ne point perdre de vue que son objet est double, ou plus précisément ambigu. Il ne faut donc pas qu'elle se prenne pour une ontologie «essentielle» ou qu'elle se perde, dès l'origine, en une analyse «existentielle»: dans ces deux cas, elle manque son objet, qui est le rapport même des essences à l'existence, des intentions de la conscience à leurs motivations. F. Jeanson,Le Problème moral et la pensée de Sartre, 1965, p.112.
2. [Une ontologie] Conception ou visée particulière de l'ontologie; système ontologique particulier ou problématique ontologique particulière. L'existentialisme avec Kierkegaard est d'abord une réaction contre Hegel et l'esprit de système en général; un siècle plus tard il esquisse presque partout un retour à Hegel et édifie des ontologies (Lacroix,Marxisme, existent., personn., 1949, p.3).Tout naturalisme mis à part, une ontologie qui passe sous silence la Nature s'enferme dans l'incorporel et donne, pour cette raison même, une image fantastique de l'homme, de l'esprit et de l'histoire (Merleau-Ponty,Résumés de cours, Collège de France [1956-57], 1968, p.91):
4. Jaspers désespère de toute ontologie parce qu'il veut que nous ayons perdu la «naïveté». Il sait que nous ne pouvons arriver à rien qui transcende le jeu mortel des apparences. Il sait que la fin de l'esprit c'est l'échec. Camus,Sisyphe, 1942, p.41.
P. ext. Théorie sur l'être; ensemble de vérités fondamentales de l'être. Avant toute science positive et toute physique s'affirme une métaphysique plus ou moins consciente, une sorte d'ontologie spontanée qui sert de cadre général pour la compréhension des faits (Philos., Relig., 1957, p.34-15).
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. prép. de]
[indiquant l'appartenance à une école, le nom d'un philosophie] L'ontologie sartrienne. Les racines même du dogmatisme scholastique étaient dans l'ontologie et la logique péripatéticiennes (Ozanam,Philos. Dante, 1838, p.247).Lorsque l'ouvrage est terminé [Les Nouveaux Essais de Leibniz], en 1705, Locke vient de mourir et cette polémique posthume, qui ne craint aucune réfutation et veut être le couronnement d'une ontologie rationaliste, constitue, en réalité, un excellent avant-propos à la doctrine naissante de l'empirisme moderne (Hist. sc., 1957, p.1634).V. supra ex.3 et infra ex.5.
[indiquant le champ d'application, le point de vue, la perspective de l'étude] L'Être et le Néant entend proposer une ontologie. Il est vrai que c'est une ontologie de style nouveau, une «ontologie phénoménologique» ainsi qu'elle s'intitule elle-même (D. Dubarle,L'Ontologie phénoménologique de J. P. Sartreds R. de philos., 1947 [1946], p.90).Chaque discipline scientifique ne conduit au maximum qu'à une ontologie régionale, laquelle peut fort bien ne pas être sans contradiction avec celle où permettrait d'aboutir telle autre discipline voisine ou éloignée (G. Varet,L'Ontologie de Sartre, Paris, P.U.F., 1948, p.16):
5. [L'ontologie naissante de Merleau-Ponty] se trahit davantage dans La phénoménologie de la perception. L'ontologie de la substance est rejetée. L'Être ne saurait résider au-delà, en dehors des phénomènes, il ne saurait être abstraitement conclu, inductivement ou dialectiquement, comme l'opposé aux apparences sensibles. F. Heidsieck,L'Ontologie de Merleau-Ponty, Paris, P.U.F., 1971, p.107.
B. − HIST. DE LA MÉD.
1. Doctrine qui prétend étudier l'être de la maladie, notamment des fièvres, comme si la maladie existait conformément à un type bien défini, à une essence. La découverte de cette ontologie médicale qui s'opposait (...) à ce que la médecine figurât au rang des sciences, est ma propriété (Broussais, Examen des doctrines méd.,Paris, Méquignon-Marvis, 1821 [1816], p. vii).Broussais veut détruire l'ontologie grâce à l'observation; ce qu'il appelle «irritation», c'est la réaction des organes contre les agents stimulants qui les impressionnent; le langage moderne donnera à ce phénomène le nom d'excitation et la psychologie y verra le fait premier de la sensation (Hist. sc., 1957, p.1645).
2. ,,Étude des êtres vivants et des phénomènes individuels`` (Garnier-Del. 1958 et 1972). J'appelle l'étude propre de la vie biologie, et l'étude des êtres vivants ontologie (...). Pour moi l'ontologie, est la Science des êtres naturels (P. Flourens,Ontologie naturelle, Paris, Garnier, 1861, pp.4-5).
Prononc. et Orth.: [ɔ ̃tɔlɔ ʒi]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1692, 20 janv. philos. (Le Clerc, Lettre à Locke ds Quem. DDL t.2); 2. 1832 méd. (Raymond). Empr. au lat. sc. ontologia (1646, J. Clauberg, Metaphysica, ch. I, 1-2 d'apr. Lal. 1968), comp. des élém. formants onto- (v. ontif) et -logie*. Fréq. abs. littér.: 67.
DÉR. 1.
Ontologisme, subst. masc.,philos. a) ,,Doctrine qui fonde les jugements ontologiques sur l'intuition de l'Être absolu [Dieu], même si elle n'en épuise pas l'essence`` (L. Jerphagnon, Dict. des gds philos., 1973). Malebranche se déclara pour le fidéisme, tant à cause de prétendues difficultés déduites de la théorie de la connaissance, qu'à cause de l'impossibilité pour l'homme d'avoir l'idée de l'infini; mais il ne recourut pas à la révélation; la vision en Dieu, d'où devait sortir ce qu'on a appelé l'ontologisme, lui servit d'échappatoire (Théol. cath.t.4, 11920, p.807).Sous prétexte que l'intuition intellectuelle nous est refusée et que l'ontologisme est une erreur, beaucoup se résignent à un compromis (M. Blondel,Le Procès de l'intelligence, 1922, p.237).V. ontologiste ex. de Bouyer.b) Doctrine ou tendance d'esprit favorable à l'ontologie (supra A 1 a et b) (d'apr. Lal. 1968). Les noumènes (...) n'étaient-ils pas impliqués dans la définition du phénomène? Le criticisme de Kant se place ainsi, dès le début en plein ontologisme (A. Fouillée,La Pensée et les nouvelles écoles anti-intellectualistes, 1911, p.10).[Chez Heidegger] l'ontologisme de la philosophie de l'existence conserve à l'existence opposée à la pensée −la fonction du pouvoir qui caractérise la pensée (E. Lévinas,En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger, 1974 [1932], p.104). [ɔ ̃tɔlɔ ʒism̭]. 1reattest. 1868 (Souviron, Dict. des termes techniques, 374 ds Quem. DDL t.12); de ontologie, suff. -isme*.
2.
Ontologiste, subst. masc.a) Philos. α) Partisan de l'ontologisme (supra 1 a). Au XIXesiècle, un ontologiste ardent, l'abbé Fabre, a réédité l'ouvrage de Martin, en y changeant seulement le titre de quelques chapitres, et il a fait de l'ouvrage une «démonstration» de l'ontologisme. (...); le même abbé Fabre n'a pas manqué d'enrichir la littérature ontologiste d'une réédition enthousiaste de Juvénal (Théol. cath.t.4, 11920, p.849).Empl. adj. Relatif à l'ontologisme. Le danger de l'ontologisme est qu'il risque perpétuellement de passer au panthéisme, confondant l'être en général avec l'être même de Dieu. D'où les condamnations de propositions ontologistes au moins équivoques prononcées par le Saint-Office en 1861 (Bouyer1963).V. supra ex. de Théol. cath. β) Celui qui construit une ontologie (supra A 2). Si l'on veut (...) suivre les ontologistes dans leurs controverses sur la nature de l'espace et du temps, on se heurte sans doute contre des contradictions insolubles (Cournot,Fond. connaiss., 1851, p.223).Rem. On rencontre chez Bachelard la var. ontologue, avec compl. prép. de indiquant la perspective de la recherche ontologique. Avant de lire les livres de Diolé, je ne m'imaginais pas que l'illimité était si aisément à notre portée. Il suffit de rêver à la pure profondeur, à la profondeur qui n'a pas besoin de mesure pour être. Mais alors, pourquoi Diolé, ce psychologue, cet ontologue de la vie humaine sous-marine s'en va-t-il au désert? (Bachelard, Poét. espace, 1957, p.186). b) Hist. de la méd. ,,Partisan d'une doctrine dont Raspail fut un des derniers représentants, et qui considérait les maladies comme des entités réelles, indépendantes de l'organisme`` (Lar. encyclop.; dict. xixeet xxes.). [ɔ ̃tɔlɔ ʒist]. 1reattest. 1824 (Raymond); de ontologie, suff. -iste*.
BBG.Colomb. 1952/53, p.432. _Quem. DDL t.1, 20 (s.v. ontologiste), 26 (s.v. ontologisme).