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NOTION, subst. fém.
A. −
1. Connaissance immédiate, intuitive de quelque chose. Synon. conscience, idée (v. ce mot I A 1).N'avoir aucune notion, pas la moindre notion du danger, de la durée, des distances, du lieu, du réel. Il faillit tomber (...) et, comme subitement rappelé à la notion des choses, se dirigeait vers la portière (Lorrain,Sens. et souv.,1895, p.178).Est-il possible que tu aies perdu toute notion du bien et du mal? (Martin du G.,Thib.,Été 14, 1936, p.663).V. alliage ex. 25, autorité ex. 25:
1. ... il tomba dans un sommeil de lassitude traversé par des rêves incohérents, dans une sorte de syncope entrecoupée par des réveils sans connaissance; il avait tellement fini par perdre la notion de ses désirs et de ses peurs qu'il demeura ahuri, n'éprouvant aucun étonnement, aucune joie, alors que tout à coup le médecin entra. Huysmans,À rebours,1884, p.277.
Loc. Avoir notion de + subst. ou que + verbe.Dès l'instant qu'il eut notion que ce petit point de vie avait disparu et qu'au milieu du désert sournois il était seul, il eut, très distincte, la sensation qu'a l'impotent auquel une main méchante vient d'arracher son bâton (Montherl.,Songe,1922, p.129):
2. Même au front, et même pendant cet hiver à la clinique, j'ai vécu sous pression, comme j'ai fait toute ma vie, sans une heure inoccupée, sans avoir notion du temps qui coule, sans avoir la conscience du présent. Martin du G.,Thib.,Épil., 1940, p.919.
2. Surtout au plur. Connaissance d'ensemble, élémentaire, acquise de quelque chose. Synon. rudiments.Il n'avait aucune notion de critique; il était uniquement le croyant qui demande à sa foi de rester vierge (Estaunié,Empreinte,1896, p.231).Il sied que les jeunes personnes aient des notions sur la littérature anglaise (Adam,Enf. Aust.,1902, p.506).L'enseignement primaire avait pour mission d'enseigner les premiers éléments: lecture, écriture, calcul, et d'imprimer dans les esprits des enfants les notions essentielles dont ils auront besoin plus tard, l'école une fois quittée (Encyclop. éduc.,1960, p.28):
3. Pour compléter son éducation, il avait appris les notions de beaucoup de choses afin d'être universel, et il en avait étudié à fond une ou deux restreintes et particulières afin de s'y montrer profond... Flaub.,1reÉduc. sent.,1845, p.263.
SYNT. Acquérir, donner, inculquer des notions; notions confuses, fondamentales, générales, simples, usuelles; premières, vagues notions; notions d'anglais, de calcul, de droit, d'hygiène, de secourisme; notions historiques, mathématiques, philosophiques.
P. méton. (emploi didact., princ. dans les travaux scol. et universitaires). Ouvrage ou partie d'ouvrage proposant les premiers éléments d'une science, d'une technique. Synon. éléments.Article premier. Notions préliminaires sur les tuniques du canal alimentaire (Cuvier,Anat. comp.,t.3, 1805, p.352).Notions pratiques d'algèbre à l'usage des candidats chefs de district des eaux et forêts (ouvrage de P. Michon, Nancy, École Nat. des Eaux et Forêts, 1953).
B. −
1. Construction, représentation de l'esprit. Synon. idée (v. ce mot I A 1).La notion juste, exacte du prix des choses semblait, à ma cervelle d'enfant, la science la plus difficile, la plus impossible à acquérir (Goncourt,Journal,1882, p.210).Une notion très nette subsistait en lui, celle de l'honneur militaire qui veut qu'on tienne bon avant tout, et qu'on ne déserte pas son poste (Moselly,Terres lorr.,1907, p.275).Il faudrait partir de la notion que quand on veut vraiment approcher un auteur, ses idées importent peu (Du Bos,Journal,1924, p.230):
4. À l'antique notion terrienne, humble, quasi maraîchère, que nous nous faisions de l'artiste, attaché à un lieu et s'y mettant en espalier, il a substitué [M. Picasso] la figure de l'aventurier. Gillet,Art fr.,1938, p.176.
2. Manière de concevoir, conception, point de vue. Synon. idée (v. ce mot I A 4).La notion chrétienne de la toute-puissance divine, mal comprise par le païen (Théol. cath.t.4, 11920, p.1053).La notion soutenue toute sa vie par Nietzsche sous des formes différentes, que la tâche unique est de faire naître des conditions pouvant susciter les âmes de génie (Du Bos,Journal,1924p.33).Ce fut longtemps une notion admise par tous que la conception d'un livre devait sortir tout entière du cerveau de son créateur (Civilis. écr.,1939, p.22-7).
C. − Spécialement
1. PHILOS., LING.
a) Idée générale et abstraite en tant qu'elle implique les caractères essentiels de l'objet. Synon. concept.Nous prétendons que l'on peut parler de la forme ou du mécanisme d'un «esprit», ou d'une institution, mais dans le sens où l'on parle de la forme d'une lime ou d'une machine à vapeur. Ce n'est pas une notion que nous analysons, c'est une réalité que nous «montrons» (Ruyer,Esq. philos. struct.,1930, p.17).À ses yeux [de Sartre] la contingence n'était pas une notion abstraite, mais une dimension réelle du monde (Beauvoir,Mandarins,1958, p.342):
5. Je développe dans chaque paragraphe l'étude d'un ou plusieurs mots dans des contextes significatifs et, en fin de partie ou de chapitre, je regroupe de façon plus abstraite, les sèmes nécessaires à la définition de l'ensemble lexical ainsi composé. Ces sèmes sont des notions simples, plus simples, du moins, que celles qu'elles servent à définir, exprimées par des mots du xxes. placés entre guillemets. J. Picoche, Le Vocab. psychol. dans les chroniques de Froissart,Paris, Klincksieck, t.1, 1976, p.10.
[Le plus souvent suivi d'un compl. prép. de] Dans l'Occident capitaliste, la pauvreté allait d'ordinaire avec la faiblesse. La notion de pauvre appelait la notion de faible (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.586).La notion de service public, tantôt, au sens institutionnel du terme, désigne un organisme administratif, tantôt, au sens fonctionnel du terme, désigne une activité, une mission ayant un caractère d'intérêt général (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr.,1967, p.67).On parlera plus volontiers de la notion de liberté que du concept de liberté, la liberté ayant de multiples définitions et appelant une problématique extrêmement complexe, alors que l'on n'hésitera pas à définir le concept d'addition (Éduc.1979).V. corrélatif B ex. de Camus et culpabilité B 2 ex. de Camus, Homme rév., 1951, p.296:
6. Fédérés autour d'une notion dont ils délimitent le champ, les mots qui composent un ensemble s'opposent d'après des relations plus ou moins compliquées dans un jeu où interfèrent souvent des facteurs tenant aux circonstances et d'autres tenant à la morphologie. R.-L. Wagner, Les Vocab. fr.,Paris, Didier, t.1, 1967, pp.74-75.
SYNT. Notion de cause, de durée, d'espace, de force, de matière, de mouvement, de nécessité, de personne, de progrès, de temps, de volume; notion d'ensemble, de nombre (premier, complexe...), de postulat; notion de délit, de propriété; notion de groupe de pression; notion d'artisan.
b) LOG., au plur. Notions communes. Notions qui font partie intégrante de la raison et sont communes à tous les hommes comme par exemple le principe de non-contradiction (d'apr. Morf. Philos. 1980, s.v. commun).
P. ext. Notions communes, reconnues. Vérités, idées reconnues, admises par tous. [Le Christ] renverse toutes les notions communes de la morale (Chateaubr.,Génie,t.2, 1803, p.358).Les notions reconnues, les principes, mon esprit ne les admet point qu'il ne les ait reconnus lui-même (Gide,Nouv. Nourr.,1935, p.291).M. Achille est un cas, tout simplement, et qui se laisse aisément ramener à quelques notions communes (Sartre,Nausée,1938, p.93).
2. THÉOL. Notion divine. ,,Attribut propre d'une personne, qui nous la fait connaître en la distinguant des autres personnes`` (Foi t.1 1968).
Prononc.: [nosjɔ ̃], [nɔ-]. Étymol. et Hist. 1. 1570 «connaissance» (La Cité de Dieu, trad. G. Hervet, I, 229a, éd. 1578 d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch. t.32, p.112); 2. 1647 philos. (Descartes, Méditation troisième ds OEuvres philos., éd. F. Alquié, t.2, p.445: notion de l'infini). Empr. au lat. notio (dér. de notum, supin de noscere «apprendre à connaître, connaître») «acte de prendre connaissance, examen (au sens gén. et techn. du droit)» et dans la lang. philos. «idée que se fait l'esprit, conception de l'esprit, signification d'un mot». Fréq. abs. littér.: 3460. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)2197, b) 3612; xxes.: a) 3470, b) 8819. Bbg. Rey (A.). La Terminol.: noms et notions. Paris, P.U.F., 1979, pp.29-34.