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NOBLESSE, subst. fém.
A. − HISTOIRE
1. [Avec insistance à la fois sur la qualité et p. méton. sur les pers. qui peuvent s'en prévaloir]
a) Qualité par laquelle quelqu'un est noble. Titres* de noblesse; quartiers* de noblesse. Les armes conféroient la Noblesse: la Noblesse se perdoit par la lâcheté; elle dormoit seulement quand le noble exerçoit une profession roturière non dégradante (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist., t.3, 1831, p.368).Les Sigognac ont des armes parlantes; ils portent d'azur à trois cigognes d'or, deux et une. Leur noblesse est fort ancienne. Palamède de Sigognac figurait glorieusement à la première croisade (Gautier,Fracasse,1863, p.446).V. anoblir ex. 1, 2, 6 et anoblissement ex. 1:
1. ... les fonctions de juger et de combattre, et les propriétés ou bénéfices qui y étoient attachés, étoient simplement viageres sous les deux premières races des rois de France, (...) elles sont devenues héréditaires sous le nom de noblesse [it. ds le texte] ainsi que les bénéfices sous le nom de fiefs, au commencement de la troisième. Bonald,Essai analyt.,1800, p.173.
b) Syntagmes
Ancienne noblesse, vieille noblesse. Noblesse existant avant la Révolution de 1789. Vous trouverez des manières dans l'ancienne noblesse, et dans la nouvelle des formes. Les seigneurs vous accueilleront avec cette grâce vraiment française et cette politesse chevaleresque, apanage de la haute naissance (Courier,Pamphlets, Au réd. «Censeur», 1820, p.45).M. de Viargue, était un des derniers représentants de la vieille noblesse du pays (Zola,M. Férat,1868, p.43):
2. Tous les nouveaux nobles, quelle que soit leur origine, se sont hâtés de répéter dans le même esprit: il faut que le Tiers puisse députer des gentilshommes. La vieille noblesse, qui se dit la bonne, n'a pas le même intérêt à conserver cet abus; mais elle sait calculer. Elle a dit: nous mettrons nos enfants dans la chambre des communes, et, en tout, c'est une excellente idée que de nous charger de représenter le Tiers. Sieyès,Tiers état,1789, p.39.
Haute noblesse. Noblesse qui est à la fois la plus ancienne et la plus illustre. M. de Brossard (...) se prétend de la plus haute noblesse, descendant de Louis le Gros, je crois (Stendhal,H.Brulard, t.1, 1836, p.398):
3. ... leur orgueil se nourrit de l'espérance de n'être plus confondues dans la foule des gentilshommes. Ainsi la haute noblesse consentirait de bon coeur à rejeter dans la chambre des communes le reste des nobles avec la généralité des citoyens. Sieyès,Tiers état,1789p.59.
Lettres de noblesse ou d'anoblissement. Lettres patentes du roi par laquelle il conférait la noblesse pour services rendus ou moyennant finance. En septembre 1664 un édit avait révoqué toutes les lettres de noblesse accordées depuis 1634 (Brasillach,Corneille,1938, p.413).V. anoblir ex. 3:
4. Les lettres de noblesse datent en France de Philippe le Hardi: elles avaient pour but principal l'exemption des impôts que le Tiers État payait seul. Mais les anciens nobles de France ne regardaient jamais comme leurs égaux ceux qui n'étaient point nobles d'origine... Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.208.
P. métaph. L'idée de spéculation n'est certes pas sortie des esprits avec la chute de Law, mais le haut commerce ne paraît pas avoir conquis encore ses lettres de noblesse (E. Schneider, Charbon,1945, p.118).Le yachting acquiert ses lettres de noblesse aux quatre expositions universelles (1867, 1878, 1889, 1900) (Jeux et sports,1967, p.1543).
Noblesse de cloche. Noblesse qui avait été acquise par l'exercice de fonctions de maire ou d'échevin. Quelque bourgeois y a gravé [sur la porte] les insignes de sa noblesse de cloches, la gloire de son échevinage oublié (Balzac,E. Grandet,1834, p.6).
Noblesse dormante. Noblesse qui était suspendue, mise en sommeil, pour une cause de dérogeance temporaire: pendant la durée du mariage d'une femme noble avec un non-noble ou, dans certaines provinces, durant l'exercice d'une profession dérogeante. (Ds Littré, Guérin 1892, DG).
Noblesse d'Empire, noblesse de l'Empire, noblesse impériale. Noblesse conférée par Napoléon à ses guerriers les plus glorieux ou à ceux qui avaient rendu d'éminents services civils. Vous avez plaidé pour Mademoiselle de Miremont, qui tient à la nouvelle noblesse, la noblesse de l'Empire (Scribe,Camaraderie,1837, i, 6, p.254).Robert (...) unissait, sans s'en rendre compte, à l'amour de la démocratie le dédain de la noblesse d'Empire (Proust,Guermantes 1,1920, p.79):
5. La noblesse n'est rien si elle n'est une chose ancienne de plusieurs générations. Tant qu'il existe un témoin de sa naissance, elle n'est pas (...). De là vient le soin des familles patriciennes de faire oublier la date et de cacher le parchemin du titre primordial (...). Aussi belle, assurément, sera dans cent ans l'origine de la noblesse impériale et la légende n'en sera pas obscure. Vigny,Mém. inéd.,1863, p.62.
Noblesse d'épée. Noblesse très ancienne, parfois considérée comme originaire et dont les hommes se consacrent traditionnellement au métier des armes. Synon. noblesse de race.Les membres des parlements français eux-mêmes (...) n'ont jamais pu se faire considérer comme les égaux de la noblesse d'épée (Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.311).Un beau gaillard en uniforme, avec un tricorne sous le bras et une carte dépliée devant lui. −«Noblesse d'épée?» −«Presque...» (Martin du G.,Thib., Belle sais., 1923, p.894).
Noblesse d'extraction, noblesse de race. Noblesse de naissance transmise par la ligne paternelle dont l'origine remonte aux grands feudataires ou même au-delà, se perdant dans la nuit des temps. Synon. noblesse de sang, de parage, de nom et d'armes, d'épée.Ce n'est point une noblesse de race, mais une magistrature héréditaire, à laquelle sont attachés les honneurs, à cause de l'utilité dont les pairs sont à la chose publique, et non en conséquence de l'héritage de la conquête, héritage qui constitue la noblesse féodale (Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817p.208).Ces nobles de campagne étaient des paysans comme les autres, mais chefs des autres. Anciennement il n'y en avait qu'un dans chaque paroisse: ils étaient les têtes de colonne de la population; personne ne leur contestait ce droit, et on leur rendait de grands honneurs. Mais déjà, vers le temps de la Révolution, ils étaient devenus rares. Les paysans les tenaient pour les chefs laïques de la paroisse, comme le curé était le chef ecclésiastique (...). Cette petite noblesse de race avait disparu en grande partie (Renan,Souv. enf.,1883, p.27):
6. ... vers le milieu du dix-septième siècle, une grande confusion s'était répandue dans l'ordre de la noblesse; des titres et des noms avaient été usurpés. Louis XIV prescrivit une enquête, afin de remettre chacun dans son droit. Christophe fut maintenu, sur preuve de sa noblesse d'ancienne extraction, dans son titre et dans la possession de ses armes. Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.18.
Noblesse de finance. Noblesse acquise par l'achat de titres, de lettres de noblesse. (Ds Littré, Guérin 1892, DG, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Noblesse par lettres. Noblesse conférée par le souverain pour services rendus. (Ds DG, Lexis 1975).
Noblesse militaire. Noblesse conférée, à la fin de l'Ancien Régime, pour service à l'armée pendant une certaine durée ou pour l'appartenance à certains grades. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Noblesse personnelle. Noblesse qui n'était pas transmissible. (Ds Guérin 1892, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Noblesse de robe. Noblesse acquise par l'exercice présent ou passé de certaines charges, p. oppos. à noblesse d'épée. Synon. plus rare noblesse d'office.M. Myriel était fils d'un conseiller au parlement d'Aix; noblesse de robe (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.7).La noblesse s'en prenait à la vénalité et à l'hérédité des charges qui constituaient une autre aristocratie: car le Tiers État était en réalité la noblesse de robe (Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.202):
7. Jean-Jacques Olier est né à Paris (...). Sa famille appartenait, depuis quelque cinquante ans, à la noblesse de robe: le bisaïeul marchand drapier à Chartres; le grand-père, conseiller-secrétaire du roi en 1556, et allié aux Molé; le père, grand audiencier de France. Bremond,Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.428.
Nouvelle noblesse. V. noblesse d'Empire.
Petite noblesse. Noblesse qui est moins ancienne et surtout moins illustre. Le but de ces randonnées (...) était quelque goûter, ou garden-party, chez un hobereau ou un bourgeois fort indignes de la marquise. Mais celle-ci, quoique dominant de très haut, par sa naissance et sa fortune, la petite noblesse des environs, avait, (...) tellement peur de décevoir quelqu'un qui l'avait invitée, qu'elle se rendait aux plus insignifiantes réunions mondaines du voisinage (Proust,Sodome,1922, p.765):
8. Le gentilhomme avait cédé morceau par morceau sa terre aux paysans, ne se réservant que les rentes seigneuriales, qui lui conservaient l'apparence plutôt que la réalité de son ancien état. Plusieurs provinces de France, comme celle du Limousin, dont parle Turgot, n'étaient remplies que par une petite noblesse pauvre, qui ne possédait presque plus de terres et ne vivait guère que de droits seigneuriaux et de rentes foncières. Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p.156.
c) Proverbes et loc.
Noblesse oblige. Il faut vivre conformément à son rang et, p. anal., se conduire en faisant honneur au nom que l'on porte, à la famille à laquelle on appartient, à la position que l'on occupe. Tout ce que je viens de vous dire peut se résumer par un vieux mot: noblesse oblige! (Balzac,Lys,1836, p.164).Le caractère de cette noble fille était un exemple bien frappant de la maxime: noblesse oblige. Je ne connais rien de généreux, de noble, de difficile qui fût au-dessus de sa générosité et de son désintéressement (Stendhal,H. Brulard, t.1, 1836, p.310):
9. Ces jeunes Anglais pensaient sérieusement à ressusciter la Chevalerie, son code de l'honneur, son respect religieux de la femme. La féodalité pouvait être périmée mais l'attitude féodale, qui considérait les hommes comme liés entre eux par des devoirs réciproques, restait la plus souhaitable. Ils regrettaient le temps où la règle de vie avait été «noblesse oblige». Maurois,Disraëli,1927, p.151.
Noblesse vient de vertu. La véritable grandeur, la seule supériorité proviennent de la valeur personnelle, du mérite, de la vertu. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892).
Soutenir noblesse (vieilli). Vivre, mener un train conforme à la noblesse de sa naissance. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892, DG).
2. P. méton. Ensemble des gentilshommes et des anoblis plus partic., à la fin de l'Ancien Régime, ordre qui, avec ceux du clergé et du Tiers-État, constituait l'ensemble de la population française. Ordre de la noblesse; privilèges de la noblesse; noblesse/bourgeoisie; noblesse/clergé. Cette croisade si fatale, dans laquelle devait périr l'élite de la noblesse française (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.27).Le clergé et la noblesse se résignaient déjà à prêter main-forte aux vainqueurs pour écraser l'ennemie commune, la République (Zola,Fortune Rougon,1871, p.103).V. anoblir ex. 2, anobli ex. 3, anoblissement ex. 1 in fine et aristocratie ex.3:
10. ... l'aristocrate tenait à marquer sa dignité par la manière de vivre. Il portait l'épée;; sa carrière était celle des armes. Conseiller-né du prince, il acceptait de le servir comme ministre, diplomate, gouverneur ou intendant (...). Le gentilhomme entrait aussi dans l'Église. Mais il dérogeait s'il acceptait un emploi subalterne ou recherchait un gain mercantile; Colbert excepta le commerce de mer, sans grand succès. L'évolution économique, par la puissance de l'argent, avait donc été néfaste à la noblesse féodale. Lefebvre,Révol. fr.,1963, p.51.
Assemblée de noblesse. Assemblée de gentilshommes. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892).
Noblesse couronnée. Princes de la famille royale. (Ds Besch. 1845-46, Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
Noblesse présentée. Les nobles qui vivent à la Cour. Synon. noblesse de Cour. (Ds Littré, Guérin 1892).
Noblesse de province, p. oppos. à noblesse de Cour.
Noblesse titrée. Les nobles qui ont un titre de noblesse (de duc, comte, marquis), p. oppos. à la simple noblesse. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
3. Dans la plupart des pays, des civilisations occidentales et à certaines époques, ordre social constitué par la naissance, la conquête ou dont les membres exercent certaines fonctions et détiennent en contrepartie certains privilèges; p.méton. ensemble de ses membres ou de leurs descendants. Noblesse allemande, anglaise. La noblesse romaine, n'ayant rien à faire ni militairement, ni politiquement, doit être ignorante et paresseuse (Staël,Corinne, t.1, 1807, p.291).Les signatures de la chancellerie de Malte, qui fait foi pour la noblesse du monde entier (Villiers de L'I.-A.,Corresp.,1877, p.232).La noblesse bavaroise et les Stände [ordres, États] du Wurtemberg continuaient leur opposition; mais la pensée de renoncer à leurs privilèges ne les effleurait pas (Lefebvre,Révol. fr.,1963p.615):
11. Dans les temps féodaux, on considérait la noblesse à peu près du même oeil dont on considère aujourd'hui le gouvernement: on supportait les charges qu'elle imposait en vue des garanties qu'elle donnait. Les nobles avaient des privilèges gênants, ils possédaient des droits onéreux; mais ils assuraient l'ordre public, distribuaient la justice, faisaient exécuter la loi, venaient au secours du faible, menaient les affaires communes. À mesure que la noblesse cesse de faire ces choses, le poids de ses privilèges paraît plus lourd, et leur existence même finit par ne plus se comprendre. Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p.95.
Rem. De nos jours, ce terme, désignant l'ensemble des descendants actuels de la noblesse est assez peu attesté. Association de la Noblesse Française (A.N.F.). La noblesse française ne représente qu'une infime minorité de la population en France. Serait-elle beaucoup plus en qualité? Est-elle encore une élite (...)? Aurait-elle perdu son âme au contact de la vie moderne et du monde des affaires? Est-elle seulement un reflet du passé? (E.de Séréville, A. de Saint Simon, Dict. de la noblesse fr., Paris, 1975, préf., p.18). On rencontre plus facilement l'adj. noble adjoint au terme famille pour désigner les descendants, plus rarement le subst.: Qu'est-ce qu'un noble? Nous ne parlerons que de la définition juridique: descendre d'un auteur en possession de la noblesse française (E.de Séréville, A. de Saint Simon, Dict. de la noblesse fr., Paris, 1975, préf., p.16).
B. − Au fig.
1. [En parlant de qqn]
a) [de son aspect physique, de son maintien, des composantes de la personnalité] Pureté des traits, caractère de beauté sobre; impression de majesté, de dignité; attitude reflétant un mélange harmonieux de dignité, de grâce et d'élégance. Noblesse naturelle; noblesse du visage; air de noblesse. Leur front est large, uni, blanc, poli comme celui des plus belles femmes d'Angleterre ou de Suisse; mais la ligne régulière, droite et large du nez donne plus de majesté et de noblesse antique à la physionomie (Lamart.,Voy. Orient, t.1, 1835, p.155).C'est à cette habitude de porter des fardeaux assez lourds sur leur tête, que les indigènes (...) doivent souvent la noblesse de leur allure et de leur port (Gide,Journal,1927, p.866).L'extraordinaire noblesse d'un visage aux lignes si simples, si pures que ni l'âge, ni la souffrance, ni même l'empâtement d'une mauvaise graisse n'en altéraient jamais la bienveillance profonde, l'expression de calme et lucide acceptation (Bernanos,M. Ouine,1943, p.1362).
b) [de son comportement, de ses sentiments] Dignité, élévation des idées et des sentiments; mélange de générosité, de dépouillement et d'élégance. Noblesse d'âme, de caractère, de coeur. La haute noblesse du clergé catholique est due tout entière au célibat (J. de Maistre, Pape,1819, p.292).Pas de noblesse sans courage. La noblesse, c'est le côté dur de l'homme; et pourtant elle n'est qu'un sentiment, et très secret. Ce n'est pas l'esbroufe. La vie n'est rien, sans noblesse (Chardonne,Attach.,1943, p.124):
12. ... la vraie noblesse est dans le caractère, dans le mérite personnel, dans la distinction morale, dans l'élévation des sentiments et du langage, dans la dignité de la vie et le respect de soi-même. Ceci est mieux que du jacobinisme et l'inverse de l'égalitarisme brutal. Au lieu de rabaisser tout le monde. C'est le droit à monter... Amiel,Journal,1866, p.222.
2. [En parlant de qqc.] État, caractère de ce qui est noble. Noblesse du style, de l'expression, des propos.
a) Caractère de beauté sobre, de majesté, de détachement, d'élégance; absence de vulgarité. Il y a des arts sans noblesse; ceux dont le but est l'utilité pratique et matérielle; on les nomme des métiers (Cousin,Hist. philos. mod., t.2, 1846, p.190).À l'autre bout de Madrid, s'étend le quartier royal qui a de la noblesse et du style, et qui découvre le seul paysage de cette ville sans perspectives (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p.219).
b) BEAUX-ARTS (archit., peint., sculpt.). L'Église fut sévère pour le Caravage parce qu'il s'écartait de la grande tradition chrétienne, faite de noblesse et de beauté (Mâle,Art relig.,1932, p.7).Pour que ces visions fussent dignes de Dieu, il [le Tintoret] voulait qu'elles fussent nobles; et il tirait sa noblesse de l'idéalisation du dessin, de la transfiguration par la lumière, du lyrisme de la couleur (Malraux,Voix sil.,1951, p.442):
13. La hardiesse bourguignonne était reconnaissable, plus belle à son goût que l'ogive écrasée de la Chaise-Dieu. Il suffisait de se rappeler la splendeur de Cluny. Toute la flamme du gothique, et plus de mesure. Toute la noblesse du plein cintre, ses certitudes de pensée, sa sérénité. Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.135.
Prononc. et Orth.: [nɔblεs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1140 «fête, réjouissance pompeuse» (Geffrei Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6507); 2. 1155 «fait de l'emporter sur les autres par sa valeur, sa dignité» d'une personne (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9031); ca 1280 d'une chose (Girart d'Amiens, Escanor, 3 ds T.-L.: Et qui bel conmence et define, l'uevre en est plus bele et plus fine Et de plus grant noblece asez); 1674 en parlant du style (Boileau, Art poétique, I, v. noble I B 1 d); 3. ca 1280 coll. «ensemble de personnages de grande valeur, de grande qualité» (Girart d'Amiens, op. cit., 3184 ds T.-L: ... la grant noblece De la Table Rëonde i vint). B. 1. Fin xiiies. noblace «qualité de celui qui est noble de naissance» [d'apr. FEW t.7, p.159a] (Laur., Somme, ms. Chartres 371, fol. 5 rods Gdf. Compl., sans cont.); 1331 noblesche (Cart. noir de Corbie, BN 17758, fol. 104 ro, ibid.); ca 1465 l'estat de noblesse (Jean de Bueil, Le Jouvencel, 2epart., XIX, éd. L. Lecestre, t.2, p.82); 1607 noblesse de robbe longue (E. Pasquier, Recherches, tables, non foliotées); 1615 petite noblesse (F. Maynard, Manifeste ds Satires fr. du XVIIes., éd. F. Fleuret et L. Perceau, t.1, p.69); 1678 haute noblesse (G. A. de La Roque, Traité de la noblesse et de ses espèces, IX, p.22); 2. ca 1490 coll. «l'ensemble des nobles» (Violier des hist. rom., 47 d'apr. FEW, loc. cit., p.158a). Dér. de noble1*; suff. -esse*. Fréq. abs. littér.: 2969. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6134, b) 4786; xxes.: a) 3109, b) 2956. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.353. _Duby (G.). Hist. des sociétés médiév. Annuaire du Collège de France. 1971, t.71, pp.527-529. _Duch. Beauté 1960, p.134. _Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.273.