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MONOPOLE, subst. masc.
A. −
1. Régime, établi par la loi ou résultant de circonstances économiques ou administratives, qui soustrait un particulier, une société, un organisme d'État, au régime de la libre concurrence et lui accorde l'exclusivité de la fabrication ou de la vente d'un produit, de l'exploitation d'un service. Exercer un monopole; avoir le monopole de qqc. Je prêchais aux plus pauvres de cultiver les arbres fruitiers afin de pouvoir un jour conquérir à Grenoble le monopole de la vente des fruits (Balzac,Méd. camp.,1833, p.44).Je repris les cahiers des paysans révolutionnaires de 1789 et demandai que l'État préludât, par le monopole d'importation des blés, à l'institution d'un service public d'approvisionnement (Jaurès,Ét. soc.,1901, p.lxvi).Ces gens (...) étaient les caravaniers professionnels du transit antique entre la Babylonie et l'Égypte. Leur monopole tenait à la possession d'un stock perfectionné d'animaux de charge (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p.222):
1. L'empereur, revenant ensuite à la compagnie des Indes, a dit que c'était une grande question que le monopole d'une compagnie, ou la liberté du commerce pour tous. Une compagnie, observait-il, plaçait de très grands avantages entre les mains de quelques-uns qui peuvent faire très bien leurs affaires, tout en négligeant celles de la masse... Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.2, 1823, p.282.
SYNT. Monopole de droit (ou légal), de fait; monopole privé, public (ou d'état); monopole administratif, fiscal, mixte; monopole bilatéral; monopole commercial, industriel.
P. anal. La science est un monopole aux mains des riches. Elle exclut le peuple (Flaub.,Bouvard,t.2, 1880, p.80).
En partic.
a) Vieilli. Privilège exclusif accordé à certaines catégories de personnes d'occuper certaines charges, d'assurer certaines fonctions. Le monopole des agents de change (DG):
2. ... il en existe une autre [bourgeoisie], qui n'a jamais vécu que de places du gouvernement, de pensions sur la cassette, de monopoles et de privilèges, qui donnait tout au roi, pour recevoir de sa main sacrée les dépouilles de la nation. Erckm.-Chatr.,Hist. paysan,t.2, 1870, p.389.
b) MAR. Monopole du pavillon. ,,Droit exclusif que se réserve un État d'exploiter son trafic maritime`` (Gruss 1952).
Monopole de la pêche. Monopole des inscrits maritimes pour la pêche en mer et la pêche côtière (d'apr. Le Clère 1960).
2. P. méton. Entreprise privée ou organisme d'État qui bénéficie de ce régime. Le défunt avait réussi à se défaire de ses concurrents et à convertir son commerce en monopole (Balzac,C.Birotteau,1837, p.119).Théoriquement, le monopole fixe souverainement le prix, ce qui lui permet de réaliser d'importants profits (Baudhuin1968):
3. L'assemblée constituante avait compris, que dans l'intérêt du pays, il fallait multiplier les concessions afin de prévenir les monopoles toujours oppressifs pour les masses: et cependant ne pas trop les morceler, pour ne pas nuire au développement des travaux. Monopole et impôt sel,1833, p.21.
Emploi adj. Que de capitaux, que de mains industrieuses employés dans des fabrications monopoles, qu'il faut dès-lors ménager, quoiqu'elles soient des abus! (Say,Écon. pol.,1832, p.185).
Au plur., dans le vocab. pol. Entreprises qui, exerçant un monopole de fait dans un secteur économique donné, influencent, selon certains, le pouvoir politique:
4. ... si (...) le gouvernement entend s'appliquer à stimuler, par tous les moyens possibles, la production agricole et la reconstruction industrielle, il va de soi qu'il ne tolérera pas les coalitions d'intérêts, les monopoles privés, les trusts, dont la persistance dans la période de démarrage compromettrait par avance les réformes de structure économiques et sociales que veut aujourd'hui l'immense majorité des Français... De Gaulle,Mém. guerre,1956, p.564.
B. − Au fig. Possession exclusive et souvent arbitraire de quelque chose.
1. [En parlant d'une chose abstr.] Avoir, s'attribuer le monopole du patriotisme, de l'honnêteté, de la vertu. Personne ici-bas n'a le monopole de la douleur (Sainte-Beuve,Poisons,1869, p.9).Mon père réservait le monopole du talent aux idoles de sa jeunesse (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.172).
2. P. plaisant. [En parlant d'une pers.] Mais quelle honte que de promener par la ville une femme laide! (...) On vous croit d'abord notaire ou magistrat, ces deux professions ayant le monopole des épouses grotesques et bien dotées (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, 25 jours, 1885, p.711).
REM. 1.
Monopoler, verbe intrans.,vx. Avoir le bénéfice d'un monopole. (Dict. xixeet xxes.).
2.
Monopolique, adj.Qui détient un monopole. Synon. monopolistique b (dér. s.v. monopoliste).Les firmes d'importance mondiale et leurs groupes sont monopoliques à des degrés divers (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.285).
3.
Monopoloïde, subst. masc.,rare. Entreprise, organisme d'État, qui a un régime voisin du monopole. Si l'on ajoute à ce cas celui d'économies nationales qui échangent des marchandises et des services (...) la série des «monopoloïdes» bilatéraux plurinationaux s'allonge (Perroux,Écon. XXes.,1964p.58).
Prononc. et Orth.: [mɔnɔpɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1343 «cabale, conspiration» harele, monopole, assemblee (Arch. JJ 74, pièce 80 ds Gdf.); encore att. mais ,,vieilli`` dep. Ac. 1694; 2. 1358 «privilège exclusif de fabriquer ou de vendre quelque chose, d'occuper certaines charges, détenu par un particulier, une société ou un organisme d'État» (Ordonn. des rois de France, IV, 346 ds Delb. Notes mss); 3. 1821 fig. «possession exclusive de quelque chose» (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t.2, p.319: les savants européens (...) qui ont fait de la science une sorte de monopole). Empr. au lat. d'époque impériale monopolium, du gr. μ ο ν ο π ω ́ λ ι ο ν «droit de vendre certaines denrées», lui-même comp. de μ ο ́ ν ο ς «seul» et de π ω λ ε ι ̃ ν «vendre». Fréq. abs. littér.: 457. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)652, b)230; xxes.: a) 339, b) 1059. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.347. _ Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.151-152.