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MODESTE, adj.
A. − [En parlant de choses]
1. Sans recherche, sans prétention; dépourvu de faste, de luxe ou d'éclat. Synon. discret, simple; anton. fastueux, luxueux, princier, somptueux, splendide.Mise, robe, tenue modeste; modeste bouquet, présent; hôtel, intérieur, logis, réduit modeste; train de vie modeste. Une installation modeste. Quelque chose comme le logis d'un garde-chasse (A. France,Pt Pierre,1918, p.177):
1. Nos repas sont charmants encore que modestes, Grâce à ton art profond d'accommoder les restes Du rôti d'hier ou de ce récent pot-au-feu En hachis et ragoûts comme on n'en trouve pas chez Dieu. Verlaine, Œuvres compl.,t.2, Odes en son honn., 1893, p.30.
[En parlant d'une couleur] Qui n'est pas éclatant, qui n'attire pas les regards. Synon. discret, neutre; anton. criant, voyant, tapageur.Une pierre d'Orient (...) scintille entre ses sourcils, étonnée d'éteindre, par ses feux brefs, deux yeux occidentaux d'un bleu modeste (Colette,Pays. et portr.,1954, p.65).
2. Assez bas dans la hiérarchie sociale (ou socioculturelle); peu fortuné. Synon. humble, petit; anton. aisé, fortuné, opulent, riche.Classe, milieu modeste; emploi, situation modeste. Robert le Fort était (...) un homme (...) d'origine modeste, puisque la légende lui donne pour père un boucher (Bainville,Hist. Fr.,t.1, 1924, p.47):
2. Madame Clarence (...) aimait à recevoir: elle réunissait tous les jeudis des amis de condition modeste et qui se plaisaient à la conversation. Les dames qui fréquentaient chez elle, très diverses d'âge et d'état, manquaient toutes d'argent et avaient toutes beaucoup souffert. A. France,Île ping.,1908, p.327.
Faible pécuniairement, de bas prix. Synon. limité, modique, restreint; anton. ample, coquet, considérable.Bourse, fortune, loyer, salaire modeste; modestes ressources; revenus, moyens financiers modestes; achat modeste. Ses parents vivaient en province, et lui faisaient une pension modeste, mais qui lui suffisait (Musset,Mimi Pinson,1845, p.215):
3. ... Mademoiselle Mariette (...) ne parut pas mécontente de ce repas léger. À la faveur d'une si modeste dépense, il était permis d'aller le soir prendre du café et lire des journaux dans un estaminet... Champfl.,Avent. MlleMariette,1853, p.14.
3. De peu d'importance (dans un ordre de grandeur ou de valeur). Synon. étroit, faible, médiocre, moyen, petit, réduit, restreint; anton. beau, considérable, fort, grand, gros, important, large, vaste.Jardin modeste; dimensions, proportions modestes; rôle modeste; citer un chiffre modeste; apporter une modeste contribution à qqc.; contribuer, pour sa modeste part, à qqc. Tu souhaiterais m'entendre parler non de mes modestes soucis, mais des grands problèmes qui tracassent l'Europe (Duhamel,Maîtres,1937, p.118):
4. ... les plis du sommet décharné dont la très modeste altitude − deux mille neuf cents mètres − fait l'effet d'un coteau au centre de cette aire de sommets de plus de quatre mille, nid d'aigles de l'Europe... Peyré,Matterhorn,1939, p.162.
B. − [En parlant de pers.; souvent postposé]
1.
a) Modeste dans.Qui a de la modération, de la retenue. Synon. mesuré, modéré, pondéré.Modeste dans sa conduite, dans ses propos, dans ses dépenses, dans ses ambitions, dans ses exigences, dans ses prétentions. Il est plus d'une femme modeste en ses désirs et simple dans ses goûts, Qui met tout son bonheur à plaire à son époux (Collin d'Harl.,Vieux célib.,1792, i, 8, p.25):
5. En voyant cet accueil fait au médecin, Genestas pensa que, la veille, il avait été trop modeste dans la manière dont il lui avait peint l'affection que lui portaient les habitants du canton. Balzac,Méd. camp.,1833, p.139.
[P. méton.] Peu important. Synon. mesuré, médiocre, modéré, raisonnable, restreint, simple; anton. exigeant, difficile, grand.Ambitions, besoins, désirs, prétentions, voeux modestes. Je me contente d'être né avec des goûts modestes et remercie le Ciel de m'avoir donné, jusqu'à ce jour, le moyen de les satisfaire (Courteline,Boubouroche,Philosophie, 1893, p.125).
b) Qui est peu exigeant sur un chiffre, sur une somme. Croyez-vous, messieurs, que mille francs soient une somme trop forte pour réparer ces désastres?... Non, vous nous trouverez modestes, nous ne forçons pas les chiffres, comme les défenseurs qui demandent des sommes exorbitantes, afin d'en obtenir la moitié (Champfl.,Bourgeois Molinch.,1855, p.217).
Par antiphrase, fam. Qui est trop exigeant sur une somme ou qui sous-estime l'importance d'un événement:
6. Pas le lendemain, mais le jour suivant, je l'ai vue quand même la collection... Gorloge, il était modeste... Quinze kilos!... Elle en pesait au moins le double... Céline,Mort à crédit,1936, p.193.
c) Peu fortuné; d'humble condition. Synon. petit, simple.Famille modeste; ménage modeste. Les uns montent en carrosse, les autres font venir un fiacre; les plus modestes viennent à pied (About,Grèce,1854, p.369).Qu'on vende de la droguerie ou des mines d'or, qu'on soit Ford ou un modeste représentant, il s'agit toujours de manier les hommes (Bernanos,Journal curé camp.,1936, p.1247).
2. Qui ne cherche pas à se mettre en valeur, à faire étalage de ses qualités ou de son savoir; qui a ou qui affecte une opinion réservée de son propre mérite. Synon. discret, effacé, humble, réservé; anton. fat, fier, hautain, orgueilleux, prétentieux, vaniteux.Savant modeste; doux et modeste, simple et modeste, faussement modeste. Il faut toujours rester modeste et défiant de soi-même, même après un succès (Chênedollé,Journal,1807, p.27):
7. ... nous sortions d'un dîner chez les Thianges où elle, qui d'habitude était silencieuse et modeste, avait beaucoup étonné nos amis en commentant avec verve les idées politiques de France... Maurois,Climats,1928, p.96.
Emploi subst. Un faux modeste. Le père Alexis, comme tous les vrais saints, était un modeste (G. Leroux,Roul. tsar,1912, p.122).
Faire le/la modeste. Affecter de se sous-estimer dans ses oeuvres ou dans sa conduite. Anton. faire le fier*, l'important*.Je faisais la modeste, mais combien j'étais flattée de recevoir plus de félicitations qu'elle! (Gide,École femmes,1929, p.1256).
[P. méton., en parlant d'un élément du caractère ou du comportement] Qui témoigne d'une nature réservée, peu fière. Synon. discret, effacé, réservé, retenu, timide.Air, maintien, regard, sourire, ton modeste; attitude, contenance, mine, physionomie modeste; garder un silence modeste; avoir une opinion modeste de soi-même. Il m'avait enseigné à châtier mon orgueil, à prendre, de mes vertus et de mes forces, un sentiment modeste et mesuré (Duhamel,Confess. min.,1920, p.196).[La cuisinière] contenait mes louanges par de petits rires modestes (Arnoux,Chiffre,1926, p.66).
Loc. Avoir le succès, le triomphe, la victoire modeste. Ne pas se glorifier d'un succès. Alban, comme tous ceux de qui l'orgueil est dans les profondeurs, avait le triomphe modeste. D'autres eussent insisté: on n'eût plus vu qu'eux. Lui, il rend la cape, remonte et s'efface (Montherl.,Bestiaires,1926, p.422).Il avait la victoire relativement modeste ou, du moins, il en tempérait l'expression (Arnoux,Double chance,1958, p.82).
3. Qui a de la pudeur, de la décence. Synon. chaste, convenable, correct, décent, digne, honnête, prude, pudique; anton. dévergondé, effronté, hardi, impudent, inconvenant, indécent.Épouse, jeune fille modeste. Celle-ci, à demi nue en Diane chasseresse, celle-là, modeste et amoureuse sous le costume de Mademoiselle de la Vallière (Balzac,Peau chagr.,1831, p.293):
8. Les vins et le spectacle de ces «jeunes époux» rendirent les honnêtes puritains un peu trop égrillards pour le goût de Shelley. Les plaisanteries devinrent risquées. La jolie Harriet, qui était modeste, rougit beaucoup... Maurois,Ariel,1923, p.74.
Prononc. et Orth.: [mɔdεst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. et subst. 1. 1370-72 «modéré, éloigné de tout excès» (Oresme, Ethiques, B.N. 204, fo458a ds Gdf. Compl.); 2. a) 1560 les modestes «les petits, les pauvres» style biblique (Bible, éd. A. Rebul, Eccli. 3 c 20 ds FEW t.6, 3, p.7 a); b) ca 1649 «modique, qui ne dépasse pas une faible mesure» espérances modestes (La Rochefoucault, Apologie de M. le prince de Marcillac ds Œuvres, éd. A. Régnier, t.2, p.449); c) 1686 «médiocre, sans éclat» (Bossuet, Oraison funèbre de M. Le Tellier ds Œuvres, éd. B. Velat, p.165: Renfermé... dans les modestes emplois de la robe); 3. a) 1607 «chaste, honnête, sage» (Hulsius); b) 1611 «humble, exempt de vanité, réservé» (Cotgr.). B. Subst. mil. xviies. fém. «[dans la lang. des Précieuses] la première des trois jupes de dessous [les deux autres étant dénommées la secrête et la friponne]» d'apr. J. Quicherat, Hist. du cost. en France, 1875, p.504; v. aussi Brunot t.3, p.156); 1706 masc. «petit mouchoir placé à l'encolure d'un corsage pour en voiler le décolleté» un modeste fort galant (Rich.). Empr. au lat. modestus «modéré, mesuré; calme, doux, tempéré; honnête; réservé, discret; vertueux». Fréq. abs. littér.: 2372. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3084, b) 3580; xxes.: a) 3364, b) 3514.