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MITAN, subst. masc.
A. − Vieilli ou région. Milieu (de), centre (de). Qu'elle demeure dans le trou aux fades ou dans le mitan du grand vivier, si ça lui plaît, je ne m'en embarrasse pas (Sand,Jeanne,1844, p.358).Elle arrive, pointant un bout de nez fouineur au mitan de sa face de pleine lune (Pourrat,Gaspard,1922, p.160):
−. Route bordée de platanes, d'Arles à Raphèle (...). X kilomètres sans écraser qu'une poule et qu'un chien. Deux crevaisons de pneus: l'une au milieu de la Camargue; l'autre en plein mitan de la Crau. Gide,Journal,1910, p.311.
B. − Arg. [Pour désigner la pègre] Milieu. Les anciennes vedettes du mitan s'étaient pour la plupart mouillées avec les Frizous (Le Breton,Rififi,1953, p.44).Sur Oscar [le banquier], les avis différaient beaucoup dans le mitan. Certains vous juraient leur parole d'homme avoir jamais rencontré plus régulier; d'autres le tenaient pour le roi de l'arnaque (Simonin,Touchez pas au grisbi,1953, p.202).
Prononc. et Orth.: [mitɑ ̃]. Balzac, Paysans, 1844, p.34 et Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p.134: mitant. Étymol. et Hist. Ca 1190 bourg. ou moitan de lor voie «à mi-chemin» (Floovant, éd. Sven Andolf, 2319); xiiies. mitan fém. «moitié» (Cart. de S.-Jean de Laon ds Du Cange, s.v. mitarius); 1290 fr.-comtois moitant masc. «milieu» (J.Priorat, Li abréjance de l'ordre de chevalerie, éd. U. Robert, 6831); 1396 moitant (doc. de Dijon ds Gdf.). Mot d'orig. discutée. Alc.-Moll. fournissent une attest. du cat. mitant «qui se trouve au milieu» datant de 1461 et considèrent qu'il s'agit d'une forme secondaire de l'a. cat. mijant, cat. mod. mitjan, de même sens. Cat. mitjan est sans doute la continuation du lat. mediante, mais il n'en va pas de même pour mitant car le passage de -dz- à -t- serait tout à fait inhabituel. Certains aut. ont proposé de rattacher le mot à un lat. *medietaneus (Romania t.10, 1881, p.609). Cette hyp. doit être rejetée étant donné que -aneus n'a pas pu donner -a en gallo-roman. Horning (Z. rom. Philol. t.9, 1885, p.141 et 511 ; t.14, 1890, p.221; t.15, 1891, p.563), partant des formes du lorr., fait remonter le mot à medium tempus. Cette proposition n'est pas convaincante puisqu'elle n'explique pas les autres formes du mot en fr. Marchot (Arch. rom. t.6, 1922, pp.365-366) fait une distinction entre mitan «moitié» et mitan «milieu». Selon lui, le premier représenterait un medium tantum, formé sur le modèle de l'a. fr. deus, trois tans «deux, trois fois autant», le second serait formé comme l'a. fr. entretant «pendant ce temps là». À l'origine on aurait eu emmitant «dans l'intervalle», puis par chute du em- on aurait abouti à mitant. Cette distinction n'est pas fondée: ou moitan de lor voie dans Floovant signifie aussi bien «à mi-chemin» que «au milieu du chemin». FEW t.13, 1, p.94 considère, après avoir examiné la chronol. (mitan est att. dès la fin du xiies. et non seulement à partir de la fin du xives. comme on le pensait jusqu'ici) et l'aire géogr. du mot (dans les plus anc. attest., qui proviennent de la Bourgogne et de la Franche-Comté, la 1resyllabe rappelle singulièrement le produit de medietatem, v. Vox rom. t.2, 1937, pp.42-43, à la différence des mots tels que mijour* qui ont tous mi en position inaccentuée) que mitan représente le comp. très anc. mediu tantu (mediu s'étant développé comme un mot autonome) et qu'il s'est répandu, au xveet surtout au xvies., sur l'ensemble du territoire, se superposant ainsi à milieu*. Lors de sa diffusion, la forme fr.-comtoise et bourg. moitan a été modifiée en mitan, moi- correspondant à mi en français. Fréq. abs. littér.: 20. Bbg. Gauchat (L.). Medium et ses dér. Vox rom. 1937, t.2, pp.42-46. _ Spitzer (L.). Mitant - the middle, the half. Mod. Lang. Notes. 1942, t.57, pp.356-358.