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MATIN, subst. masc.
A. − [Matin en tant que moment particulier de la journée] Commencement du jour qu'annonce le lever du soleil. Dès la première heure du jour, la déesse était sur pied, et celui qui voulait mériter ses grâces particulières devait se présenter à son lever pour la prière du matin (Nerval, Filles feu, Isis, 1854, p.650).Au réveil du matin, soyez comme les champs Où tout germe, fleurit, se colore et parfume (Noailles, Coeur innombr., 1901, p.91).Je te trouve bien matinal, Aldo. Mauvaise brume ce matin, n'est-ce pas? Ici, cela réveille toujours de bonne heure; la gorge pique. Je le répète toujours à Roberto: brouillard du matin, c'est le premier jour d'hiver à l'amirauté (Gracq, Syrtes, 1951, p.47):
1. À six heures et quart il y eut une grande marée d'hommes s'engouffrant dans le métro. C'était vraiment un monde d'hommes que ce monde d'avant l'aube et du premier matin: toute la ville, à cette heure, était aux hommes, comme une ville d'Orient. Montherl., Célibataires, 1934, p.852.
SYNT. [Les syntagmes les plus fréq. font apparaître matin lié à des mots qui traduisent principalement les phénomènes climatiques, les variations saisonnières et les premières activités de la journée de l'homme] Matin bleu, clair, frais, gris; matin d'été, de son arrivée, d'une attaque, du départ, d'hiver, de printemps, d'octobre; l'air du matin; brise, brouillard, fraîcheur, journal, messe, soleil, toilette du matin.
L'étoile du matin. V. étoile I B 1 b.
De bon matin, au grand matin. Tôt, aux premières heures du jour. Et je me trouvais tout à coup et sans transition à Venise, de très bon matin, à l'aube du jour, installé sur un balcon de palais avec Flaubert et mon frère, et pêchant à la ligne (Goncourt, Journal, 1860, p.836).
Au/du petit matin, dès le petit matin. Dès le lever du jour. Il y a un grand charme à quitter au petit matin une ville familière pour une destination ignorée (Gracq, Syrtes, 1951, 12).
Être du matin. Être matinal. Je m'en doutais (...) parce que les notaires (...) ça n'est pas du matin (Labiche, Cagnotte, 1864, ii, 3, p.52).
Loc. fig., fam. (Ne pas) s'être levé assez matin (pour). (Ne pas) être assez habile (pour):
2. Alors elle [sa mère] me dicta ses conditions. − (...) Tu l'épouseras donc [François] (...). Seulement, si ce monsieur a cru m'avoir, il ne s'est pas levé assez matin. Vialar, Bon Dieu, 1953, p.28.
Emploi abs. Le matin, au matin, dès le matin. Au commencement, dès le commencement du jour. Je suis donc sorti, chaque jour, dès le matin, pour ne rentrer que tard dans la nuit, au moment du sommeil (Duhamel, Confess. min., 1920, p.210).
Emploi adv. D'où diable vient-elle si matin? se demanda-t-il (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.76).Il est bon de se lever matin: on voit des choses curieuses (About, Roi mont., 1857, p.148).
B. − [Matin en tant qu'expression d'une certaine durée]
1. Espace de temps compris entre minuit et midi:
3. ... un homme qui se lève dès patron-minette [sic], mange sur le pouce, se couche à deux heures du matin, cela uniquement pour la jouissance de la prévarication, l'argent qu'il gagne ainsi étant de suite perdu dans des jeux de Bourse. Goncourt, Journal, 1887, p.713.
2. Première partie de la journée allant du lever du soleil jusqu'à midi. Le lendemain matin, vers onze heures, le comte et la comtesse de Kergaz vinrent passer la journée à Paris (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.372).Entre samedi matin et dimanche soir, il a eu le temps d'en parler à dix mille personnes (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.49):
4. Les jeudis matins, chacun de nous installé sur le bureau d'une des deux salles de classe, nous lisions Rousseau et Paul-Louis Courier que nous avions dénichés dans les placards, entre des méthodes d'anglais et des cahiers de musique finement recopiés. Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p.126.
Région. (Ouest et Canada). À matin. Ce matin. Mais qu'est-ce que vous avez vous autres, à matin? (M. Trudel, Vézine, Montréal, Fide, 1946, p.120 ds Rogers, p.162).
En matin (vêtu). Puis ils se retournaient vers l'espace désert et parmi les perspectives nues, comme chez eux, tout à l'aise et vêtus en matin (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p.732).Elle était encore en tout matin, n'ayant sur elle qu'une méchante camisole et un jupon (Courteline, Linottes, Canaille, 1888, iii, p.230).
a) [Expression d'une durée continue] Du matin au soir. Toute la journée. Du soir au matin, du matin au soir et du soir au matin. Sans arrêt. Puis du soir au matin connaître éperdument tout ce que l'amour le plus emporté peut faire éprouver à une femme (Louys, Aphrodite, 1896, p.207).
b) [Expression d'un espace de temps indéterminé] Un (beau) matin, l'autre matin, un de ces (quatre) matins. Le prince Fortimbras de Norvège va nous faire notre affaire un de ces quatre matins (Laforgue, Mor. légend., 1887, p.43).Mon aïeul reçut l'ordre un beau matin de quitter avant huit jours ses terres, ses honneurs, sa famille (Giraudoux, Siegfried, 1928, ii, 3, p.89).L'autre matin, il m'est arrivé une chose qui m'a fait réfléchir (Giono, Colline, 1929, p.59).
3. P. métaph. Début, commencement. Le matin de la vie est comme le matin du jour, plein de pureté, d'images et d'harmonies (Chateaubr., Génie, t.1, 1803, p.419).La phrase, en ce matin du siècle, monte à l'horizon, la phrase écrite avec Chateaubriand, la phrase parlée avec Mmede Staël (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p.199):
5. Du ciel (...) descendait une lumière vibrante qui donnait à chaque maison, à chaque arbre, un dessin sensible, une nouveauté émerveillée. La terre, au matin du monde, a dû surgir dans une lumière semblable. Camus, Été, 1954, p.152.
REM.
Mat' ou mat, abrév. arg. et pop.[Pour préciser l'heure] Au p'tit mat'. Il est dix heures du mat. Avec ces meubles à charger, Soul Shaker se retrouve presque en retard (Actuel,sept. 1981, no23, p.79).
Prononc. et Orth.: [matε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. On écrit indifféremment tous les lundis matin ou matins (Grev. 1961, §916). Étymol. et Hist. I. Subst. 1. fin xes. «commencement de la journée» (La Passion, éd. A. S. Avalle, 201); 1100 al matin (Roland, éd. J. Bédier, 2845); 1480 de bon matin (Compt. de tut., fo60a, A. Finistère ds Gdf. Compl.); 1540 de grand matin (Est.); 2. 1225 «(dans le décompte des heures) espace de temps qui va de minuit à midi» (Gautier de Coinci, Miracle Nostre Dame, I, Pr. 1, 256, éd. V. F. Koenig, I, p.15: Ains soneroit le matin tierce); 3. début xves. «espace de temps compris entre le point du jour et l'heure de midi» (Nicolas de Baye, Journal, I, 4, 1. 140 ds IGLF: ce jour, 27 août 1405 a matin et après disner); 1585 un beau matin (N. du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p.191); id. un de ces matins (Id., ibid., p.366); 4. 1568 «début» (R. Garnier, Antigone, 646, III, p.26 ds IGLF: Le matin fut leur jeunesse, le midy leur age mur). II. Adv. ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2601). Du lat. matutinum, adj. neutre subst. tiré de matutinum tempus «temps du matin»; le fr. matin a éliminé l'a. fr. main (1100, Roland, éd. J. Bédier, 667), du lat. mane. Fréq. abs. littér.: 26 692. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 29 551, b) 49 028; xxes.: a) 43 475, b) 35 885. Bbg. Dubois (J.). Représentation de syst. parad. formalisés ds un dict. struct. Cah. Lexicol. 1964, t.2, pp.5-9. _ Duchacek (O.). Les Dénominations des parties du jour. In: [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t.2, pp.474-475.