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MATELAS, subst. masc.
A. − Pièce de literie qui consiste en une grande enveloppe de toile, remplie d'une matière souple, moelleuse, et couvrant toute la surface du sommier. Un bon matelas; un matelas (trop) dur, épais, mou; battre, retourner, rouler, taper un matelas; matelas de caoutchouc mousse; ressorts, toile à matelas. Ce fut avec un soupir de contentement qu'il s'allongea sur les deux excellents matelas qui garnissaient le lit (Zola,Fortune Rougon, 1871, p.122).Aux premières détonations, j'ai accompagné Victor et Chacha dans la cave. Celle-ci sert de dortoir à quantité de réfugiés qui ont étalé des matelas, la plupart à même le sol (Gide,Journal, 1943, p.204):
1. En France il est d'usage, pour remplir les matelas, d'employer deux tiers de laine et un tiers de crin ou de tampico (...). En dehors de la laine et du crin, d'autres matières [kapok, varech] servent encore au remplissage des matelas. Les classes pauvres se contentent de matelas garnis de crin végétal, de bourre ou de varech. Lar. mén.1926, p.767.
Expr. pop. Dieu bat ses matelas. Il neige (cf. Delvau 1866, p.116).
P. méton. Laine d'un matelas. Carder, rebattre un matelas.
En appos., avec valeur adj. Qui rappelle le dessin habituel de la toile à matelas. Robe-polo en jersey Dropnyl Helanca. Rayures matelas (4 coloris sur fond blanc) (Match, 28 mars 1970, p.71).
En partic. Matelas alternatif ou à gonflement alternant. Matelas utilisé pour la prévention des escarres, fait de matière plastique, comportant des boudins parallèles dont les pairs et les impairs se gonflent et se dégonflent alternativement toutes les une à deux minutes grâce à une pompe électrique (d'apr. Kamen. 1972). Matelas de plage. Matelas en mousse ou pneumatique utilisé pour le repos ou les bains de soleil. Matelas pneumatique. Enveloppe de toile caoutchoutée ou de matière plastique gonflée d'air, utilisée comme couchage d'appoint ou de camping. Bien que je lui eusse proposé d'installer son matelas pneumatique dans notre chambre, Lando insista pour regagner sa tente (Abellio,Pacifiques, 1946, p.206).
HIST DE LA JUST. Interrogatoire sur le matelas. Interrogatoire que le juge faisait subir à l'accusé étendu sur un matelas après la torture. L'ordonnance de 1670, réglant ce qui se pratiquait déjà, veut que le prévenu soit interrogé trois fois, avant, pendant et après la question. Le dernier interrogatoire s'appelait interrogatoire sur le matelas, du nom du matelas où l'on étendait le patient après l'horrible traitement qui lui avait été infligé (A. Maury,L'Ancienne législation criminelleds R. des Deux Mondes, t.23, 1877, p.258).
P. ext.
Coussin de toute dimension garnissant un meuble ou un siège de repos. Matelas de bergère, de sofa. Le poète aperçut Madame de Bargeton assise sur un canapé à petit matelas piqué (Balzac,Illus. perdues, 1837, p.56).Couché au fond de ma moelleuse voiture, sur de petits matelas de soie (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.100).
Toute couche épaisse, moelleuse pouvant servir de matelas. Matelas de foin, de mousse, de feuilles mortes. L'épais matelas d'aiguilles [d'un pin] lui fait un lit presque sec, car l'eau s'écoule en dessous (Bernanos,Mouchette, 1937, p.1272).
B. − [P. anal.]
1. [P. anal. d'épaisseur]
a) Spécialement
Arg. et fam.
Grosse liasse de billets de banque. Il fut en effet démontré que, chaque mois, Péret recevait, du voleur Oustric (...) une enveloppe contenant un «matelas» de billets de mille (L. Daudet,Police pol., 1934, p.19).
Fortune personnelle; économies. C'est toi qu'étais le mieux placé moralement auprès du vieux pour lui piquer son matelas et en confiance (Simonin, J. Bazin,Voilà taxi!1935, p.155).
Portefeuille. J'ai mon matelas vide (Lacassagne,Arg. «milieu», 1928, p.113).
Loc. Avoir le matelas. Avoir le portefeuille bien garni. Là d'ssus, i'sort son portefeuille (...) Ah! il l'avait l'mat'las! (Bruant1901, pp.58-59).
FIN. Matelas de (devises). Réserve monétaire d'un pays. Le napoléon monte en Bourse depuis que le gouvernement français a décidé de demander aux États-Unis la contrepartie, en or, d'une fraction de son matelas de dollars (L'Express, 11 janv. 1965, p.9, col. 1).Le matelas actuel des devises représente quatre mois d'importations (Le Nouvel Observateur, 30 déc. 1972, p.24, col. 1).
TECHNOL. et en partic. CHAUSS. ,,Disposition d'un matériau mince (tissu, non-tissé, toile enduite, etc.) en plusieurs épaisseurs superposées, destinées à être coupées en une seule fois`` (Rama 1973).
TYPOGR. ,,Abondance de copie qui s'accumule parce que l'atelier est surchargé`` (Voyenne 1967).
b) P. métaph. ou au fig. Au-dessus d'un front très haut (...) bouclait un épais matelas de cheveux d'argent (La Varende,Centaure de Dieu, 1938, p.103).Il [un musicien] raclait d'un archet engourdi, il modulait de son onglée un air qui semblait étouffé sous un matelas d'années, qu'on eût juré joué à quelques lustres de distance et péniblement retransmis (Arnoux,Calendr. Fl., 1946, p.303).
2. [P. anal. de protection]
a) Tout ce qui sert à garantir (des chocs, des vibrations, des variations thermiques), à renforcer. Matelas de fibre, de laine de verre, de paille. Préparant autant de petits matelas de filasse fine, qu'elle [la pendule] a de contours, de saillies, de creux, il [le layetier] ramène tout cela à la ligne droite, en bourrant partout avec ses petits matelas (Nosban,Manuel menuisier, t.2, 1857, p.222).Ils [les pavés] se posent sur une fondation solide avec interposition d'un matelas de sable de 0,02 à 0,03 [m] d'épaisseur; cette fondation sera souvent une chaussée macadamisée ou encore une couche de béton (Bourde,Trav. publ., 1929, p.79).Le vieux continuait de ranger les pièces, dans le formol, sur des matelas de coton (Duhamel,Maîtres, 1937, p.203):
2. L'homme n'est jamais à court d'ingéniosité. Il a affaire à un fond humide, imbibé d'eau des mois entiers: il bâtit sur pilotis, et se garantit de son contact, de son exsudation par un matelas de terre imperméable... Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.142.
Matelas (d'air). ,,Couche d'air isolante qui protège du gel excessif`` (Villen. 1974). Un matelas d'air, enfermé entre deux parois de telle sorte que la circulation de l'air soit impossible, constitue un très bon isolant (Champly,Nouv. Encyclop. prat., t.10, 1927, p.183).
MAR. ,,Pièces de bois jointives, fixées à la coque, à la position du blindage de ceinture`` (Gruss 1952). Entre le double bordé sous cuirasse et les plaques épaisses de la ceinture des grands cuirassés, on interpose un matelas en bois de teck (Croneau,Constr. nav. guerre, t.2, 1892, p.109).
b) P. métaph. Ce qui sert de protection. Des ours doublés de graisse, insensibles à cause de ce matelas naturel (Taine,Notes Paris, 1867, p.62).Novembre vint (...). Entre les choses et moi [le miroir] un matelas d'ombre amortissait les couleurs (Estaunié,Choses voient, 1913, p.166).Dégagé du matelas gazeux des plaines, le soleil s'appliquait à vif sur le cou, les mains, les parties exposées du visage, avec une juvénile frénésie (Malègue,Augustin, t.1, 1933, p.219).
Loc. Faire matelas ou servir de matelas. Ils n'étaient pas tous à ses côtés, et Gambèr-Aly se trouva faire matelas entre le pauvre Pishkedmèt et ses assaillants (Gobineau,Nouv. asiat., 1876, p.141).Tu aurais pu m'épargner ces coups de bâton ridicules! Je n'apprécie pas l'honneur que tu me fais de te servir de bouclier et de matelas (Claudel,Raviss. Scapin, 1952, 1345).
Prononc. et Orth.: [matla], [-ɑ]. Mart. Comment prononce 1913, p.35, en ce qui concerne [-ɑ]: ,,prononciation parisienne fort peu recommandable``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1306 materas «tapis sur lequel on se couche» (en Orient) (Joinville, St Louis, éd. Corbett, § 403); 2. 1377 martras «grand coussin qui sert à garnir le lit» (Delisle, Mandements de Charles V, no1440 ds Gay); 1419 matelas (Inventaire de Nicolas de Baye, éd. A. Tuetey, 63 ds IGLF); 3. 1854 p. ext. «tout ce qui sert de protection» ici au fig. (Mérimée, Lettres ctessede Montijo, t.2, p.16: on dit que les Autrichiens vont occuper les provinces danubiennes. Je ne sais si c'est la meilleure combinaison que ce matelas); 4. 1886 arg. «tas de billets de banque» (Joueurs d'apr. Esn.); 1901 «portefeuille» (Bruant, pp.58-59). Prob. empr., par l'intermédiaire de la lang. franque, à l'ital. materasso (att. au sens 2 av. 1306, Iacopone da Todi ds Batt.; déjà lat. médiév. mataracius en 1255 à Venise d'apr. DEI, mataracium en 1266 à Bari et matarazum en 1274 à Bologne d'apr. P. Aebischer ds Z. rom. Philol. t.66, p.319 et 320), lui-même issu de l'ar. maṭraḥ «coussin, tapis», dér. de la racine ṭaraḥa «jeter», l'évolution sém. s'expliquant par le fait que les coussins ou tapis étaient jetés là où l'on désirait s'asseoir (v. P. Aebischer, op. cit., pp.303-337). Fréq. abs. littér.: 713. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 518, b) 1627; xxes.: a) 1243, b) 969.
DÉR.
Matelassier, -ière, subst.a) Celui, celle qui fabrique, répare, carde les matelas. Elle avait été recueillie et adoptée par une matelassière de Montrouge (Bloy,Femme pauvre, 1897, p.19).Les prurits ont fréquemment une origine allergique et on retrouve alors les facteurs déclenchants habituels: (...) l'activité professionnelle (bois chez les ébénistes, essences chez les garagistes, huiles chez les mécaniciens, plumes chez les matelassiers, etc.) (Quillet Méd.1965, p.313).En appos. Ouvrier matelassier (Rob.). b) Au fém., mégiss. Synon. de matelassure (d'apr. Lar. encyclop.).[matlasje], [-lɑ-], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. 1615 materassier (Fougasse, Nouvelles et advis de Parnasse, 318 ds Delb. Notes mss), 1701 matelassier (Fur.); de matelas, suff. -ier*. Fréq. abs. littér.: 10.
BBG. Hope 1971, p.44. _ Kohlm. 1901, p.23.