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MAQUIS, subst. masc.
A. −
1. Végétation dense et peu accessible des régions méditerranéennes (notamment de la Corse), se développant sur un sol siliceux et comprenant surtout des espèces arbustives, broussailleuses et épineuses. V. alaterne ex. 3:
1. Ce qui sent bon [en Corse], ce qui lance des effluves capiteux et salubres, ce sont les branches et les feuilles, c'est le maquis lui-même, un taillis presque impénétrable de toutes sortes d'arbres résineux. Coppée, Franc-parler II, 1896, p. 232.
P. méton. Étendue de terrain où se développe cette végétation. Maquis corse; se réfugier dans le maquis. Hop! la voilà partie [la chèvre], la tête en avant, à travers les maquis et les buissières (A. Daudet, Lettres moulin, 1869, p. 35).La Garonne a réintégré son lit, mais le maquis reste inondé entre le fleuve et les cultures (Gide, Journal, 1910, p. 309).
Gagner, prendre, tenir le maquis. En Corse, se réfugier dans le maquis pour échapper à la justice ou à la vendetta d'un ennemi. − Et qu'a-t-il fait enfin, ton bandit? Pour quel crime s'est-il jeté dans le mâquis? (Mérimée, Colomba, 1840, p. 75).Bellacoscia (...) le fameux bandit qui, durant quarante-sept ans, tint le maquis (...) est une des gloires de la Corse (Lorrain, Heures Corse, 1905, p. 89).
2. P. anal. Fourré inextricable. Nous nous tenions en embuscade dans ce coin le plus abandonné de la propriété, un véritable maquis (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 115).
P. métaph. [En parlant d'un lieu embrouillé] Synon. entrelacs, labyrinthe.La fuite des rayons dans le maquis des cheminées (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 7).
3. Au fig. Affaire très compliquée, obscure; situation quasi inextricable. (Se perdre dans) le maquis de la procédure; un maquis de formalités administratives. Dès qu'on sort du légal et des chemins battus, quel maquis! (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1033):
2. Si (...) vous ne vouliez pas de mon amour, il n'existerait qu'un seul moyen de rupture, ce serait de me convaincre que vous ne m'aimez pas. Mais, ce moyen, vous ne pourriez l'employer, puisque vous m'aimez. Vous voyez dans quel maquis inextricable vous vous êtes fourré! Montherl., J. filles, 1936, p. 1076.
B. − P. anal.
1. HIST. Région isolée et difficilement accessible (généralement montagneuse ou boisée) où se réfugièrent des résistants pour échapper à l'occupant et y organiser la lutte clandestine, au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Les gens du maquis; maquis du Jura, du Vercors:
3. En Espagne, il se savait aussi condamné à mort. À minuit, il alla frapper chez Fontan. Avant de rejoindre le maquis de B..., à cinq kilomètres de Pléchéous, il se mit à la recherche de Mazet pour le tuer; mais cet homme avait suivi les miliciens à Saint-Girons. Abellio, Pacifiques, 1946, p. 401.
Gagner, prendre le maquis. Se cacher dans un maquis pour fuir l'occupant et participer à la lutte clandestine:
4. ... puisque vous allez en Avignon, vous pourriez en même temps y porter des cartes d'alimentation en blanc: si les gars vont prendre le maquis, elles leur seront utiles... Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 41.
P. ext., fam. Disparaître, vivre dans la clandestinité pour échapper à l'autorité. À quelques kilomètres de la station officielle, Jean-François a «pris le maquis» avec sa radio libre (Le Monde dimanche, 6 sept. 1981, p. 4, col. 4).
2. P. méton.
a) Ensemble des combattants, des organisations de résistances groupés dans un maquis. Maquis du Vercors. Il aurait fallu passer à l'action, dès la formation des premiers maquis, sans attendre les Anglais, comme en Yougoslavie (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 127):
5. ... l'attaque de l'insouciante patrouille ou du poste mal gardé, la destruction des voitures au parc, (...) telles sont les escarmouches à quoi s'emploient les maquis, jusqu'au jour où le débarquement des armées alliées leur ouvrira un champ d'action plus large. De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 251.
b) Fam. Résistant, membre d'un maquis. Synon. maquisard.
c) Le maquis. L'ensemble de la résistance intérieure. Il nous faut (...) réaliser le rêve des maladroits sublimes de Bir-Hakeim et du maquis, contre vents et marées, contre les ambitions, contre les manoeuvres tortueuses des malins (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 393).
3. P. anal. Ensemble des partisans dans certains pays; groupement de résistance armée quelconque. Synon. guérilla.Nombre des maquis opérant dans les montagnes helléniques (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 201).
Prononc. et Orth.: [maki]. Ac. 1878 maquis, makis, 1935 maquis. Mérimée, Colomba, 1840, p. 75, supra: mâ-. Étymol. et Hist. 1. 1775 «ensemble touffu d'arbustes et de plantes diverses occupant de vastes étendues dans les régions méditerranéennes» (Causes célèbres, IX, 230 d'apr. G. Esnault ds Fr. mod. t. 19, p. 303: On appelle mackis en Corse, ce que nous appellons, en France, taillis ou broussailles); 1791 machies (Barère, Ass. Nat., 5 sept., Arch. Parl., 1reSérie, t. 30, p. 207, col. 1 ds Brunot t. 10, p. 107); 1829 mâquis (Mérimée, Mateo Falcone ds Mosaïque, p. 3); 1902 au fig. (Barrès, Scènes et doctr., t. 1, p. 186: les maquis de la syntaxe); 2. 1944 maquis «lieu boisé, montagneux, retiré, où se regroupaient les résistants pendant la Deuxième Guerre mondiale» (A. Montluc, prisonnier de la Gestapo, Souvenirs de Raymond Leculier (25 nov. 1943-25 août 1944), Lyon, 1945, p. 9: Au début de l'année 42 [...], on commença à parler de maquis). Empr., avec suff. -is*, au corse macchia «ensemble touffu d'arbustes et de plantes diverses», proprement «tache», les maquis formant des sortes de taches sur les flancs des montagnes, du lat. macula «tache»; l'ital. macchia est att. dans les 2 sens dep. Boccace (v. Batt.). Fréq. abs. littér.: 249. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 219, b) 55; xxes.: a) 91, b) 787. Bbg. Hope 1971, p. 363. _ Stéfanini (J.). B. Soc. Ling. 1976, t. 71, no2, p. 218.