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MANUFACTURE, subst. fém.
A. − Vieilli
1. Action de façonner, de fabriquer (v. ce mot A 1). Synon. fabrication, fabrique (v. ce mot B 1 a).La manufacture des étoffes de laine et de soie est une source de richesse pour la France (Ac.1835-1935).Les femmes (...) tiennent (...) un genre de manufactures fort intéressantes. Après avoir cueilli du jonc, elles le préparent en lames et l'enterrent de façon à lui donner tantôt la couleur rouge, tantôt la couleur noire (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane,1802, p. 212).«L'automobile sur mesure pour 322 francs 25. Guide de construction intégrale. Manufacture entière chez soi. (...)» Rien que des pièces détachées! achetées n'importe où! Assemblées au goût du client! (Céline,Mort à crédit,1936, p. 441).
Rem. Ce sens subsiste de nos jours dans: École centrale des arts et manufactures.
P. métaph., péj. Ils tiennent manufacture de dénonciations infâmes (Stendhal,Chartreuse,1839, p. 166).
2. P. méton.
a) Manière dont un objet est fabriqué. Synon. fabrique (v. ce mot B 2).Le quartier des Allemands est à dix lieues, et il est abondant en indigo naturellement excellent, qui serait d'une grande beauté si la manufacture en était perfectionnée (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane,1802p. 163).
b) Produit façonné à la main, manufacturé. (Dict. xixeet xxes.).
B. −
1.
a) HIST. DE L'ÉCON. Forme historique d'organisation du travail fondée sur la technique manuelle et caractérisée par la concentration de la main d'oeuvre, par la subdivision de chaque processus de production en une série d'opérations de travail simplifiées, par la différenciation et la spécialisation des instruments de travail (chaque outil ne servant qu'à un seul procès de production); p. méton. entreprise de production dans laquelle l'organisation du travail revêt cette forme. Chacun [des ouvriers] a sa fonction, et le système de la division du travail fait quelque progrès. Dans la manufacture des Van-Robais, qui occupait 1 692 ouvriers, il y avait des ateliers particuliers pour la charronnerie, pour la coutellerie, pour le lavage, pour la teinture, pour l'ourdissage (Durkheim,Divis. trav.,1893, p. 346).La technique de l'industrie, qui s'essayait à peine à la manufacture et qui était encore voisine du petit atelier, ne permettait de concevoir, par la production en grand, la production communiste (Jaurès,Ét. soc.,1901, p. 221).L'idée d'une concentration industrielle n'était pas nouvelle (...) Colbert l'avait eue avec ses manufactures privilégiées qui mettaient précisément en jeu des techniques jusqu'alors inappliquées dans le pays (Gille,Révolution industrielle ds Hist. des techn., 1978, p. 758 [Encyclop. de la Pléiade]):
1. La manufacture a déjà tous les caractères de l'entreprise moderne au point de vue économique (...) mais, au point de vue technique, elle n'a pas encore son caractère type qui est le machinisme. En effet (...) la manufacture, c'est le travail à la main. Pourtant elle emploie déjà des machines (...) mais ces machines sont mues uniquement par la force de l'homme (...) à la fin du xviiiesiècle, la force motrice apparaît sous la forme de machine à vapeur et la manufacture devient la fabrique. Ch. Gide, Écon. pol., éd. Sirey, t. 1, 1926 [1884], p. 275.
Manufacture hétérogène, sérielle. Il a existé deux formes de manufactures: la manufacture hétérogène (rassemblement de corps de métiers différenciés pour fabriquer un produit complexe comme le carrosse), la manufacture sérielle (division du travail poussée pour produire un objet donné comme les épingles ) (Bouv.-Ibar.1975).
Manufacture royale. ,,Établissement industriel fondé par privilège royal et jouissant d'un monopole`` (Lep. 1948). L'organisation et la réglementation de ce régime sont dues surtout à Colbert qui créa nombre de manufactures royales: exemple les tapisseries de Beauvais (Lep. 1948).Manufacture royale, impériale, nationale. Établissement administré par l'État (sous ces divers régimes). Manufacture nationale des tabacs. (Dict. xixeet xxes.).
Conseil Général des manufactures. ,,Conseil institué près du ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, en vue d'éclairer le gouvernement sur les questions d'intérêts industriel`` (Bach-Dez. 1882).
Rem. Cette appellation est conservée pour qq. établissements d'État ou pour certaines entreprises privées. Manufacture (d'armes) de Tulle; manufacture (de porcelaine) de Sèvres; manufacture des tabacs; manufacture (de tapisserie) des Gobelins, de Beauvais; manufacture d'armes et de cycles français de Saint-Étienne (Manufrance). En majeure partie, ces armes étaient du modèle 1907, et sortaient de la manufacture de Saint-Étienne (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 23). La manufacture de Chatellerault, l'Arsenal de Limoges (...) ont également envoyé protestations et télégrammes de solidarité au peuple tunisien (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 3, col. 8).
b) Établissement industriel, généralement de grande importance quelle que soit l'organisation de son travail. Synon. ateliers, entreprise, usine.Pour les ouvriers des manufactures l'opium est une volupté économique; car l'abaissement des salaires peut faire de l'ale et des spiritueux une orgie coûteuse (Baudel.,Paradis artif.,1860, p. 390).Il traversait (...) une petite banlieue ouvrière, avec des manufactures ici et là. L'une d'elle était éclairée, il y ronronnait des machines (Queneau,Pierrot,1942, p. 179):
2. Derrière nous Rouen, la ville aux églises, aux clochers gothiques (...); en face, Saint-Sever, le faubourg aux manufactures, qui dresse ses mille cheminées fumantes sur le grand ciel vis-à-vis des mille clochetons sacrés de la vieille cité. Ici la flèche de la cathédrale, le plus haut sommet des monuments humains; et là-bas, la «Pompe à feu» de la «Foudre», sa rivale presque aussi démesurée... Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Norm., 1882, p. 68.
SYNT. Manufacture carrossière; manufacture de chemises, de coton, de cravates, de dentelle, de draps, de glaces, de porcelaine, de poudre, de produits chimiques, de savonnerie, de soie, de tapis, de tapisseries, de toile, de vêtements.
Rem. Manufacture dans ce sens gén. est beaucoup moins usité que usine ou atelier, et est surtout réservé, dans l'usage contemporain, à la dénomination d'établissements assurant des fabrications délicates.
2. P. méton. Les employés, le personnel d'une manufacture. Toute la manufacture fut licenciée. Toute la manufacture vint au devant de nous (Ac.1835, 1878).Ce moment-ci étant un temps de vacance pour la manufacture, je pensois que c'étoit celui où Frédéric pouvoit le plus s'absenter (Cottin,Cl. d'Albe,1799, p. 179).
Prononc. et Orth.: [manyfakty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1443 «fabrication» (Ordonnances des rois de France, t. 13, p. 378); 2. 1537 «établissement dans lequel on pratique cette fabrication» (Comptes des Bâtiments du Roi, éd. L. Laborde, t. 2, p. 404 ds Cah. Lexicol. t. 1, p. 96: draps de soye de la manufacture de Gennes); 1606 (I. de Laffemas, L'Histoire du commerce en France ds Archives curieuses de l'histoire de France, 1resérie, t. 14, 1837, p. 414); v. aussi Havard; pour DG ,,Tend à être remplacé par fabrique, à mesure que les machines remplacent la main de l'ouvrier`` et pour Ac. 1935 ,,dans ce sens, il n'est plus guère employé que dans les expressions suivantes: Manufacture de tabacs [...] La manufacture de tapisseries des Gobelins``; 1643 Manufacture Royale (Lettre patente du 25 mars ds Havard); 1798 «ensemble des ouvriers d'une manufacture» (Ac.). Empr. au lat. médiév. manufactura att. dans le domaine ital.: manifactura «construction» (1458 Archiv. Vatic. mandat. camer. apostol. f. 1181 ds Du Cange, s.v. manifactura), dér. de la loc. du lat. class. manū facere «faire à la main», comp. de l'ablatif manū de manus «main» et de facere «faire». Pour une étude historique complète des divers sens du mot, v. B. von Gemmingen-Obstfelder, Semantische Studien zum Wortfeld Arbeit im Französischen, pp. 57-67. Fréq. abs. littér.: 449. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1490 b) 531; xxes.: a) 303, b) 170. Bbg. Gohin 1903, p. 297. _ Quem. DDL t. 13.