Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
MALTRAITER, verbe trans.
A.− [L'agent est une pers.]
1.
a) [Le compl. d'obj. désigne un animé] Faire subir de mauvais traitements à quelqu'un (ou à un animal), avec plus ou moins de violence, physique ou non. Synon. battre, brutaliser, frapper, malmener, molester, rosser.Maltraiter un enfant, un animal. Tel était pourtant l'homme que dans nos cercles l'on disait si grossier, si brutal, maltraitant tout son service, et jusqu'aux dames du palais même (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 806).Une femme (...) maltraitée par son mari (Arts et litt.,t. 2, 1936, p. 56-5):
1. Et comme on reparlait de Cladel, Daudet disait que Gill, le caricaturiste, qui était un bohème, mais qui avait au fond des qualités de cœur distinguées, n'avait pas voulu retourner chez lui, pour l'avoir vu, un jour où il déjeunait chez lui, pousser sa femme tout en larmes à table, avec la brutalité d'un bouvier maltraitant un bestiau. Goncourt, Journal,1892, p. 285.
Vieilli. [En parlant d'une femme] Traiter avec rigueur (son soupirant). Faire rendre justice à mes sentiments par celle qui m'a si maltraité! (Balzac, A. Savarus,1842, p. 131).Cet amoureux maltraité, qui se tortille sur son lit au lieu de dormir (Alain, Propos,1908, p. 36).
[P. méton., le sujet désigne une décision, une loi] La femme anglaise, maltraitée par la loi de succession (Michelet, Journal,1834, p. 125).
b) P. anal. [Le compl. d'obj. désigne une chose, notamment un mécanisme, une automobile] . Aucune précaution particulière n'est à prendre : conduire normalement la voiture, ne pas lui demander d'efforts violents, ne pas la maltraiter, surveiller le tableau de bord, déceler les bruits semblant anormaux (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 325).
2. En partic. Traiter quelqu'un ou son œuvre avec sévérité, par la parole ou des écrits. Synon. critiquer.Si vous pensez si mal de moi, Fanchon Fadet, c'est sans doute que mon frère Landry m'a bien maltraité dans ses paroles (Sand, Pte Fad.,1849, p. 309).Peu de grands règnes ont été plus maltraités [que celui de Marc-Aurèle] par l'histographie (Renan, Marc-Aurèle,1881, p. 271).L'Église catholique est fort maltraitée dans ce dernier ouvrage (Verlaine, Œuvres compl.,t. 5, Biogr. [Louis-Xavier de Ricard], 1896, p. 420).
− Dans le domaine de la crit. littér.Aussi M. Guinguené, en maltraitant le Génie du christianisme dans la Décade, déclarait que la critique venait trop tard, puisque mon rabâchage était déjà oublié (Chateaubr., Mém.t. 2, 1848, p. 41).
3. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Soumettre à des mesures de rigueur. En même temps la censure préalable était rétablie. Quant aux journaux et écrits périodiques, ils étaient plus maltraités encore. Le nombre des journaux politiques de Paris fut réduit à quatre (Civilis. écr.,1939, p. 44-6):
2. Durant toute la période directoriale, les conseils délibérèrent sur les moyens d'arbitrer entre les intérêts opposés (...) mais, en pareil cas, les dommages des possédants ne se peuvent restaurer complètement. La propriété bâtie se vit plus maltraitée encore. Par exemple, le décret du 3 messidor an III, qui vint au secours des propriétaires fonciers, maintint le paiement des loyers en assignats au pair... Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 563.
En partic. [L'obj. maltraité est une production langagière] Déformer, rendre méconnaissable. La déposition de Dunois cause aussi quelque déception (...) Il faut que sa déposition ait été bien maltraitée par le traducteur et par les scribes (A. France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. xxiii).Ainsi le degré de déformation ne crée pas de différences essentielles entre les mots maltraités par l'étymologie populaire (Saussure, Ling. gén.1916, p. 240).
B.− Gén. au passif. [L'agent est un phénomène naturel, une maladie ou plus gén. la nature, le sort] . Être rudement malmené par, ne pas être épargné par, subir des dommages par le fait de.
a) [L'obj. maltraité est une chose] . Cette terre [le Rouergue], maltraitée et du froid et du chaud dans la variété de ses expositions et de ses climats, gercée de précipices (Michelet, Tabl. Fr.,1833, p. 30).La face méridionale de cet arc de triomphe [à Orange] a été fort maltraitée; le vent de mer a rongé la pierre, et les bas-reliefs sont beaucoup plus dégradés que ceux du nord (Stendhal, Mém. touriste,t. 2, 1838, p. 151):
3. Mais les bouleversements de l'écorce terrestre les ont torturées [les couches], déchirées, déchiquetées, coupées de failles et renversées parfois au point que le mur est devenu un toit. La tâche qui incombe dès lors au mineur est non seulement de cheminer dans cette zone, si maltraitée qu'elle soit (...) mais encore de poursuivre ce cheminement suivant un plan rationnel. E. Schneider, Charbon,1945, p. 230.
b) [L'obj. maltraité est un être animé ou une collectivité] Être maltraité par le sort. Je commence l'hiver par des douleurs et des rhumatismes. Pour éviter pourtant d'être aussi maltraitée que l'année dernière, je me couvre de flanelle, gilet, bas de laine (Sand, Corresp.,t. 1, 1826, p. 26).Quand on a été aussi maltraitée de la nature, on doit être jalouse de tout le monde! (Dumas père, Kean,1836, I, 3, p. 108).Ces chiffres n'en montrent pas moins combien le mal est répandu, combien on a de chances de devenir tuberculeux à Paris! Il ne faudrait pas croire que le mal est spécial à Paris; on le retrouve aussi grave, ou à peu près, dans toutes les grandes villes de l'Europe; Vienne et Bruxelles sont encore plus maltraitées (Nocard, Tubercul. bovine,1903, p. 2).
Rem. Maltraiter/traiter mal. ,,Les synonymistes qui ont comparé ces deux mots ne voient en général qu'une différence de degré entre maltraiter et traiter mal. Il y en a une autre cependant : traiter mal c'est ne pas traiter suivant les conventions, les usages, comme parler mal, c'est parler contrairement aux règles. On maltraite ses domestiques lorsqu'on les frappe, on les traite mal lorsqu'on ne les nourrit pas bien. On traite mal quelqu'un non seulement en lui faisant faire mauvaise chère, comme le dit Beauzée, mais encore en manquant de politesse à son égard`` (Guizot 1864).
Prononc. et Orth. : [maltʀ εte], (il) maltraite [maltʀ εt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1269-78 mal trester (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 17170). Comp. de mal2* et de traiter*, d'apr. le lat. médiév. maletractare « maltraiter » (643, Edictum Rothari ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 375. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 835, b) 768; xxes. : a) 374, b) 241.