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LOGE, subst. fém.
A. −
1. Construction rudimentaire servant d'abri. Loge du mouleur de bois. La hutte d'esquimau. Des rames en faisceau recouvertes de mottes (Renard, Journal,1903, p. 838):
1. Un silence allait s'établir. La petite Pauline demanda à Gaspard pourquoi l'on parle toujours d'écorcher quelqu'un comme un saint Barthélemy? − Ah, c'est le conte des sabotiers. Celui qu'ils font dans leurs loges des bois... Pourrat, Gaspard,1922, p. 96.
En partic. Gîte de certains animaux. (Dict. xixeet xxes.).
2. Local de faibles dimensions dans lequel s'enferme ou est enfermé une personne ou un animal. Loge d'un moine, loge qui enferme un fou (cf. cellule), loge d'un animal féroce dans une ménagerie (v. cage ex. 2). Nous approchions du quartier des furieux, dont les hurlemens redoublèrent lorsqu'ils nous aperçurent à travers les barreaux de leurs loges (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 121):
2. Ce que le concierge m'a fait voir [du château de Saint-Germain] (...) c'est une série de petites loges qu'on appelle les cellules, où couchent quelques militaires du pénitencier. Nerval, Bohême gal.,1855, p. 195.
Loge à lapins (cf. clapier), loge d'un chien (cf. niche). Un peu plus loin ils s'arrêtèrent devant un enclos de treillage, qui contenait des loges à chien, et une maisonnette en tuiles rouges (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 149).
3. Petit logement situé à l'entrée d'un immeuble réservé au service du concierge, du portier. Je m'étais avancé jusque dans la cour en cherchant des yeux la loge du suisse (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 232):
3. Ugone dit aux soldats d'emporter le capitaine au plus vite. Pour lui, il entra dans la loge de la sœur tourière, il jeta à la porte la petite Marietta en lui ordonnant d'une voix terrible de se sauver et de ne jamais dire qui elle avait reconnu. Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 206.
4. ARCHIT. Galerie aménagée à l'un des étages d'un édifice, formée de colonnes supportant des arcades et ouverte sur l'extérieur. Synon. loggia.L'Italie donna la mode; les gentilshommes de Touraine ou de Normandie (...) voulaient avoir des loges dans leurs châteaux du Nord, au risque de périr de froid (Mérimée, Portr. hist. et littér.,1870, p. 85).
B. −
1. Compartiment cloisonné, stalle. Loge d'une écurie, d'une étable (Dict. xixeet xxes.).
2. [Dans un théâtre ou une salle de spectacle]
a) Chacun des compartiments, séparés les uns des autres par une cloison, où peuvent prendre place plusieurs spectateurs. Loge découverte, grillée, impériale, princière; loge à/de côté, de/en face, à/de l'opéra, au/de théâtre; premières, secondes loges, loges d'avant-scène; avoir, donner, gagner, louer, prendre une loge. Madame Pichard : Bon. Et les billets que vous avez promis à Mademoiselle Mariette pour la première de demain? Le contrôleur : Les voici. Elle a ses trois avant-scènes, ses deux loges et sa baignoire... Quant aux fauteuils d'orchestre, je n'ai pu lui en donner que dix-huit au lieu de vingt qu'elle m'avait demandés (Meilhac, Halévy, Boule,1875, II, 4, p. 53):
4. Nous étions, il y a bien des années, mon frère et moi, dans cette loge avec une maîtresse. Cette maîtresse avait, ce jour-là, des bottines trop étroites et elle en avait une qu'elle tenait dans sa main, appuyée sur le rebord de la loge. Goncourt, Journal,1885, p. 503.
P. méton., au plur. Ensemble des spectateurs qui occupent les loges. Où l'un admire une situation forte, un effet théâtral, un vers hardi, l'autre crie au mauvais goût! au mélodrame! au néologisme! Les loges applaudissent à une scène filée avec art; le parterre n'y voit qu'un entretien prolongé sans but et sans motif (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 240).
Expr. Être aux premières loges. Être bien placé pour voir, pour apprécier et pour comprendre. − Vous aimez le vent? − Beaucoup. − On doit être ici aux premières loges pour écouter sa musique (Estaunié, Solitudes,1917, p. 92).
Par antiphrase. Ne pas occuper une place enviable. Il y a les néo-guinéens, aux premières loges dans cette guerre (Breton, Manif. Surréal., Prolégomènes à un 3eManif., 1942, p. 197).
b) Petite pièce aménagée dans les coulisses d'une salle de spectacle où un acteur ou une actrice peut notamment se préparer au spectacle, se reposer, s'habiller. Et l'Ours-Du-Nord, humide des baves du lépreux, ayant gravi précipitamment les soixante marches de pierre, enfila le couloir qui mène de la plate-forme aux loges où se vêtent les lutteurs (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 340).Brusquement, on le jetait dans cette loge d'actrice, devant cette fille nue (Zola, Nana,1880, p. 1213).
3. Chacune des cellules faisant office d'atelier où les élèves des Beaux-Arts, les candidats au grand prix de Rome s'enferment pour concourir. Entrer, monter en loge. Renfermés dans des ateliers séparés, qu'on nomme loges, ils [les concurrents] exécutent, sans communication avec le dehors, dans un temps fixé, une composition sur ce programme (Mérimée, Mél. hist. et littér.,1855, p. 330):
5. Kleist, en effet, partait, fermait sa porte à clef, portant sur le bras une couverture, allant au pouvoir suprême aussi triste que le candidat va en loge aux Beaux-Arts, pour tirer des flots Vénus ou des sillons l'agriculture. Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 246.
4. Spécialement
a) ANAT. HUM. et ANIMALE. Synon. de cavité, de lobe.D'autres fois elle [cette vessie] a deux lobes ou loges comme dans le barbeau et la carpe (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 150).
b) BOT. Une des cavités dont sont formés une anthère, un ovaire, un péricarde. Les fleurs [du peuplier] donnent naissance à des fruits qui consistent en capsules à deux loges dans lesquelles on trouve un grand nombre de semences ovales, petites, noires et aigrettées (Baudrillart, Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 181).
c) MAR., vx. Chacun des bassins réservés, dans un port, à un navire ou deux. (Dict. xixeet xxes.).
d) TECHNOLOGIE
IMPR. Synon. de cassetin.Loges d'une casse d'imprimerie. Picquenart nous donnait les paquets et nous chargeait de les ranger, selon l'ordre traditionnel, dans les petites loges des casses, que l'on appelle cassetins (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 115).
MUS. Partie d'un buffet d'orgue contenant les soufflets. (Dict. xixeet xxes.).
C. −
1. Vx. Lieu de réunion des corporations de marchands et p. ext. comptoir européen en Asie et en Afrique. Enhardis par le succès de leurs armes dans les Moluques où ils formèrent leurs premiers comptoirs, ils [les Hollandais] obtinrent en 1601, des rois de Bantaus et de Jaccatra la permission d'établir des loges pour leurs négociants (...) [Indes néerlandaises] (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 7, 1844, p. 40).
2. Lieu de réunion des francs-maçons; p. méton. association de francs-maçons réunis sous la présidence d'un vénérable (cf. atelier). Une loge maçonnique, la Grande Loge de France :
6. Ces nigauds-là [les francs-maçons] ne font qu'imiter les curés. Ils ont pour symbole un triangle au lieu d'une croix. Ils ont des églises qu'ils appellent des loges avec un tas de cultes divers : le rite écossais, le rite français, le grand-orient, une série de balivernes à crever de rire. Maupass., Contes et nouv., t. 2, Oncle Sosthène, 1882, p. 22.
Au plur. Les Loges. La franc-maçonnerie. Votre République! Il n'y avait qu'un brave homme : le président Carnot! Ils l'ont tué. Les Loges! Un brave homme... Tous des voleurs! (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 253).
Prononc. et Orth. : [lɔ:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1135 « abri de branchages, de feuillages » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 828); b) ca 1200 « niche à chien » (Doon de la Roche, 3204 ds T.-L.); 2. a) ca 1135 « antichambre qui précède la salle principale d'un château » (Couronnement Louis, 1619); b) 1181-90 « galerie, tribune » (Chrétien de Troyes, Conte du graal, éd. F. Lecoy, 8954); c) xiiies. « galerie, tribune où se tiennent les spectateurs d'un tournoi » (Lancelot, éd. A. Micha, t. 2, p. 183); d) 1573 archit. « galerie extérieure pratiquée à l'un des étages d'un édifice, formée de colonnes supportant généralement des arcades, et ouverte sur le dehors » (J. Louveau, trad. des Facétieuses nuits de Straparole, III, 1 ds Hug.); e) 1680 « (dans une salle de spectacle) compartiment contenant plusieurs sièges » (Rich.); 3. a) 1430 « guérite de portier de ville » (Comptes de la ville d'Amiens ds Havard, col. 473); 1660 « logement habité par le concierge, le portier » (Oudin Fr.-Esp.); b) 1679 « cellule où l'on isole les malades mentaux » (Mmede Sévigné, Lettre, 17 juill. ds Littré); c) 1762 « petite pièce aménagée dans les coulisses d'une salle de spectacle, et où les acteurs changent de costume » (Chevrier, L'Observateur des spectacles, no5 [i, 215] ds Fr. mod. t. 37, 1969, p. 126); d) 1840 « chambre, atelier où chaque candidat au prix de Rome est enfermé isolément pendant la durée du concours pour satisfaire aux épreuves » (Ac. Compl. 1842); 4. 1703 bot. (d'apr. FEW t. 16, p. 448a); 1765 (Encyclop.); 5. 1740 « compartiment pour les animaux sauvages dans une ménagerie » (Ac.); 6. 1740 « local où se réunissent les francs-maçons; assemblée de francs-maçons » (D'Argenson, Mémoires ds Bonn.). De l'a. b. frq. *laubja, cf. l'a. h. all. louba « auvent », m. h. all. loube « vestibule, galerie à l'étage supérieur d'un édifice », all. Laube. Le lat. médiév. laubia est attesté au ixes. dans le domaine fr. au sens de « galerie, portique » (Nov. gloss.). Au sens 6, loge est empr. à l'angl. lodge « id. » (dep. 1686 ds NED). Fréq. abs. littér. : 2 461. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 086, b) 4 334; xxes. : a) 4 375, b) 2 020. Bbg. Archit. 1972, pp. 21, 217. - Hope 1971, pp. 446-447. - Plate (R.). Französische Wortkunde auf sprach- und kulturgeschichtlicher Grundlage... München, 1955, p. 28. - Quem. DDL t. 5. - Rommel 1954, pp. 38, 84.