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LIVIDE, adj.
A. − De couleur plombée, bleuâtre ou verdâtre, tirant sur le noir.
1. [En parlant de la peau, du teint d'une pers.] Sa peau (...) étoit marquée de taches noires, vertes et jaunes; une teinte livide et luisante couvre ces taches (Chateaubr., Natchez,1826, p. 478).Une tuméfaction livide s'étendait sur la jambe, et avec des phlyctènes de place en place, par où suintait un liquide noir (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 17):
1. Elle n'avait plus de chair, les os trouaient la peau. Sur les côtes, de minces zébrures violettes descendaient jusqu'aux cuisses, les cinglements du fouet imprimés là tout vifs. Une tache livide cerclait le bras gauche, comme si la mâchoire d'un étau avait broyé ce membre si tendre, pas plus gros qu'une allumette. Zola, Assommoir,1877, p. 759.
Rem. Ac. 1798 (suivi par Littré et Lar. Lang. fr.) note que livide s'emploie gén. en parlant de la peau ,,lorsqu'à la suite de quelque contusion ou de quelque tumeur, elle devient bleue et noirâtre par l'épanchement du sang hors des petites veines sur la superficie``.
2. [En parlant d'une chose] Par les grandes fenêtres, la teinte verte des bois d'en face jetait un reflet livide sur la muraille blanchie (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 398).Le crépuscule verdâtre est arrivé, la nuit livide lui a succédé et l'obscurité était tout à fait venue lorsque je suis rentré à bord (Du Camp, Nil,1854, p. 128).Ce ciel livide et couleur d'ardoise (Gide, Journal,1906, p. 198):
2. À gauche, la mer, la mer infinie, calme, grise, verte, vineuse, et sur la mer, dispersés à tous les bouts de l'horizon, une vingtaine de bateaux pêcheurs... qui (...) courent silencieusement sur ce miroir livide comme de gros moucherons. Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 149.
B. − D'une pâleur terne, terreuse. Synon. blafard, blême.
1. [En parlant de la peau, du teint d'une pers.] Ce n'étaient plus ce front livide, cette mine terreuse qui feraient soupçonner que vous êtes en proie à des soucis rongeurs (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 587).Ils s'agitaient avec (...) leurs petites larves entre les bras, bien livides, blafards bébés, qui disparaissent à force d'être pâles dans le trop de lumière (Céline, Voyage,1932, p. 593):
3. − Je vous demande pardon, dit M. de Coantré, je ne me sens pas bien... Il s'était penché en avant dans le fauteuil, comme quelqu'un qui cherche une autre atmosphère que celle où il est. − Qu'est-ce qu'il y a donc? (...) Gibout vit la face livide et se leva précipitamment en disant : « Étendez-vous sur le sofa. » Montherl., Célibataires,1934, p. 894.
[Avec un compl. prép. de désignant un affect] Livide de peur. Il cherchait à lui écraser les doigts dans la pression de tenaille de son gros poignet musculeux. Elle, livide de douleur, s'efforçait en vain d'ôter sa main de cet étau qui la broyait (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1150).Il souffla, livide de fureur (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 320).
2. [En parlant d'une chose, d'une lumière] Grancey a abandonné la lumière et le midi pour les ciels livides, les terrains blêmes, les jours blafards (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 166).Le jour se levait, très pâle; et il semblait que cette lueur livide vînt de la neige elle-même (Zola, Bête hum.,1890, p. 147).Le lac étendait une eau vivante, mais livide, d'un gris jaune et malade (Chardonne, Épithal.,1921, p. 366).
Rem. a) Livide fait partie des mots ,,qui évoquent moins une nuance déterminée qu'[ils] ne suscitent une impression complexe, où joue son rôle un élément moral, subjectif`` (Mat. Louis-Philippe 1951, p. 206). b) ,,Livide (...) désigne proprement une couleur intermédiaire entre le bleu et le noir, c'est la couleur de la chair meurtrie. (...) pour nous, un teint livide est un teint qui a perdu sa couleur, donc un teint d'une extrême paleur (...). Au contraire, pour l'antiquité et pour le moyen âge, l'absence de couleur (la pâleur) est foncée et même tire sur le noir`` (Goug. Mots t. 1 1962, p. 113).
REM. 1.
Lividement, adv.De manière livide (supra B). Les étages des maisons muettes s'ébauchaient lividement; tout en haut les cheminées blêmissaient. Le ciel avait cette charmante nuance indécise qui est peut-être le blanc et peut-être le bleu (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 418).
2.
Lividifier, verbe trans.,hapax. La bouche entr'ouverte, les lèvres pâlies, les yeux vides, le visage déjà lividifié par la mort (Du Camp, Hollande,1859, p. 39).
Prononc. et Orth. : [livid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 livite « qui est d'une couleur plombée, bleuâtre » (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 2087); 2. 1830 « qui est d'une pâleur terreuse provoquée par la maladie ou l'émotion » (Balzac, Double fam., p. 285); 3. 1852 « (chose) pâle, blanchâtre » (Gautier, Émaux, p. 50 : plus pâle que le ciel livide). Empr. au lat. class.lividus « bleuâtre, noirâtre ». Fréq. abs. littér. : 955. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 986, b) 1 905; xxes. : a) 2 049, b) 965.