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INSTINCT, subst. masc.
A. −
1. Mouvement intérieur, surtout chez l'animal, qui pousse le sujet à exécuter des actes adaptés à un but dont il n'a pas conscience. On peut dire que, sous ce double but, l'instinct a porté les abeilles à résoudre certaines questions qui ont exercé les mathématiciens (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 342).L'instinct une fois admis, on prête à l'Insecte des yeux analogues aux nôtres (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 500):
1. ... les instincts des animaux sont plus prononcés que ceux de l'homme, car les besoins qui en sont l'expression se manifestent plus clairement et sont satisfaits par des actes plus énergiques. Broussais, Phrénol., Leçon 2, 1836, p. 59.
2. En partic., domaine de l'éthologie. [P. allus. notamment aux travaux de K. Lorenz] Comportement inné, héréditaire et spécifique, accompli sans apprentissage préalable et en toute perfection :
2. J'ajouterai un mot sur la terminologie en usage. « Instinct » n'est qu'un mot abstrait. La seule chose sur laquelle il nous est permis de nous prononcer, c'est l'acte instinctif, et c'est de lui seul que nous traiterons. Heinroth, pour éviter l'ambiguïté du mot « instinct », a employé le terme d'« acte spécifique de pulsion » (...) au lieu d'« acte instinctif » (...), ce qui est sans aucun doute la meilleure désignation. K. Lorenz, Trois essais sur le comportement animal et humain, Paris, Éd. du Seuil, 1974, p. 10.
SYNT. Instinct migratoire; instinct d'imitation, de mellification, de nidification; théories finalistes, mécanistes, transformistes de l'instinct; instinct et, ou intelligence; instinct et, ou raison.
B. −
1. Tendance innée, à l'origine de certaines activités élémentaires automatiques de l'homme. Instinct de conservation, de copulation, de nutrition, de succion; instinct joueur. Elle avait bien compris, avec son instinct de mère, que je n'étais pas ce que je paraissais être et que je pourrais avoir sur la destinée de son dernier fils une influence souveraine (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 112).La faim aiguiserait l'instinct sexuel, le manque de protéines favoriserait la conception (Tiers Monde,1956, p. 159).L'instinct maternel relève du même déterminisme que la sécrétion lactée : il est commandé par la prolactine (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 649):
3. ... la mutation de l'amour élémentaire à l'amour humain et (...) la sublimation de l'instinct parental en vie familiale ou de l'instinct grégaire en vie sociale ne s'opèrent qu'au prix d'une justification ontologique par laquelle l'homme sauve la nature en l'humanisant. J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 24.
PSYCHANAL. ,,Forces hypothétiques qui agissent à l'arrière-plan du ça et représentent dans le fonctionnement de l'organisme les exigences d'ordre somatique`` (Piéron 1973)
Instinct de mort. Le concept d'instinct de mort suppose un désir de dissoudre, d'annihiler la personne propre alors que le concept de pulsion de destruction implique un désir de tuer d'autres êtres vivants (Rycr.1972).
Instinct de vie. Faut-il en appeler à la dualité des instincts de vie et des instincts de mort, pour rendre compte de l'angoisse? (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 192).L'instinct de vie (Éros) est constitué par la libido et comporte, avec les tendances sexuelles, le vouloir-vivre de l'individu (Foulq.-St-Jean1962).V. compulsion, ex.
2. Impulsion intérieure indépendante de la réflexion qui détermine les sentiments, les jugements, les actes d'une personne. Instinct de la discipline, de (la) domination, de (la) possession; instinct belliqueux, bestial; obéir, se laisser aller à son instinct. L'instinct guerrier a beau exister par lui-même, il ne s'en accroche pas moins à des motifs rationnels (Bergson, Deux sources,1932, p. 307).C'était l'instinct paysan de prévoyance, de défiance, l'horreur du risque, le souci de ne rien laisser au hasard (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 206):
4. Si l'enfant a reçu avec le sang quelque instinct mauvais, héritage de ses parents ou de ses ancêtres, que cette tache originelle soit lavée. Ménard, Rêv. païen,1876, p. 192.
Loc. adv.
D'instinct. Spontanément. Il a tourné la tête d'instinct vers la fenêtre, le jour (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1363).
Par instinct. Naturellement. J'aime la liberté par instinct, par nature (Courier, Pamphlets pol., Réponses aux anon., 1, 1822, p. 148).On ne pouvait montrer plus d'opportunité que nous n'avions fait, par hasard ou par instinct (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 370).
En partic. Penchant pour quelque chose. Une rigoureuse analyse psychologique classerait l'instinct religieux inné chez les femmes dans la même catégorie que l'instinct sexuel (Renan, Avenir sc.,1890, p. 497).Synon. de fibre.Il fallut le génie divinatoire d'un de Gaulle, l'admirable instinct national des résistants de la première heure (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 482).
Au plur. et souv. péj. Penchant(s) contraire(s) à une morale. Bas, mauvais instincts; céder à ses instincts. La religion est la seule compensation à tout ce qu'il [l'homme] sent de vil dans ses instincts. C'est sa seule dignité (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1378).Tout le monde se mit, sur le navire, à se libérer les instincts avec rage, l'alcool aidant (Céline, Voyage,1932, p. 141):
5. ... il [Zola] nous apparaît, et de plus en plus, comme le poète brutal et triste des instincts aveugles, des passions grossières, des amours charnelles, des parties basses et répugnantes de la nature humaine. Lemaitre, Contemp.,1885, p. 255.
3. Faculté, chez certaines personnes, de sentir, de deviner, qui détermine une manière de penser, un comportement. Synon. flair, intuition.Un être d'instinct. Le comte lui-même garda le silence. J'allais parler; il me regarda froidement : un instinct secret m'avertit que je nuirais à la comtesse, et je me tus (Krüdener, Valérie,1803, p. 72).Le goût (...) est l'instinct prompt et délié de ce qui doit plaire ou déplaire. C'est la conscience du beau (...). Le génie est l'instinct de tout voir et de tout comprendre, et le talent est le don de tout rendre et de tout exprimer (Chênedollé, Journal,1833, p. 162).Quant à ton affaire de la Madeleine, je m'y oppose formellement (...). Nous avons un instinct qui ne nous trompe pas, nous autres femmes! Je t'ai prévenu, maintenant agis à ta tête (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 24):
6. Le public a son instinct, son flair, aussi sûr que celui d'un animal. Il connaît les siens et ne se trompe jamais. Il vous devine. Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 55.
En partic. Disposition naturelle, talent. (Avoir) l'instinct des affaires, du commerce, de l'art. Je suis femme... mais j'ai l'instinct!... Et au point de vue artistique... c'est affreux, votre procédé... (Sardou, Rabagas,1872, I, 14, p. 43).Je sais très bien qu'il faut garder les distances (...). J'ai appris. Ou pour mieux dire, pour dire juste, je n'ai pas appris, je n'ai pas eu à apprendre. C'était mon instinct, je n'ai eu qu'à revenir à mon instinct profond. Moi aussi mon instinct, mon malheureux instinct est de me méfier (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 679).Ceux doués de quelques instincts Artistiques, d'un doigt agile, Se mirent à pétrir l'argile (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 5).
Loc. adv. D'instinct. De manière intuitive. En un mot, Mme Pasta joue d'instinct (Delécluze, Journal,1826, p. 353).Et vite on se recramponnait plus fort, en fermant la bouche et les yeux, parce qu'on devinait d'instinct, sans voir, que c'était le moment où une épaisse masse d'eau allait balayer l'air, et peut-être vous balayer aussi (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 136).
Prononc. et Orth. : [ε ̃stε ̃]. La prononc. [ε ̃stε ̃:k] (Fér. Crit. t. 2 1787) est vieillie. Cf. abject. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1495 instincte « instigation » (J. de Vignay, Miroir historial ds DG); b) 1512 par instinc de nature « selon son penchant naturel » (J. Marot, Poème inédit, éd. G. Guiffrey, 1860, vers 121 : Si père doit, par instinc de nature, De sa facture [créature, progéniture] avoir compassion); 2. 1560 « ensemble des tendances naturelles particulières à un être, caractère inné contre lequel on ne peut lutter » (Ronsard, Poèmes, éd. P. Laumonier, 15, 306, vers 122); 3. a) 1580 « ensemble des pulsions naturelles régissant le comportement animal et humain » (Montaigne, Essais, II, VIII, éd. A. Thibaudet, p. 423); b) 1780 « aptitude particulière faisant partie de cet ensemble » instinct social (Buffon, Hist. nat., Oiseaux, t. 7, p. 2); 4. a) 1662 « ensemble de la sensibilité, aptitude d'appréhension intuitive du monde (par opposition au raisonnement) » connaissances du cœur et de l'instinct (Pascal, Pensées, éd. Lafuma, § 110, p. 512); b) 1662 « aptitude à ressentir ou percevoir une chose particulière » (Id., ibid., § 149, p. 520). Empr. au lat.instinctus « instigation, impulsion », d'où en lat. chrét., « penchant, tendance naturelle » (cf. TLL s.v. et Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér. : 6 420. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 918, b) 7 930; xxes. : a) 9 661, b) 10 486. Bbg. Quem. DDL t. 8. - Weinberg (K.). Zum Wandel des Sinnbezirks von Herz und Instinkt unter dem Einfluss Descartes'. Arch. St. n. Spr. 1966, t. 203, pp. 1-31.