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INSTABLE, adj.
Qui n'est pas stable; qui manque de stabilité.
A. − Qui ne reste pas en place, droit et ferme; qui est apte à se déplacer ou à être déplacé; qui n'est pas en position d'équilibre stable de façon durable; dont l'état ou le caractère de stabilité ne dure pas.
1. [Avec une idée de rupture possible de l'équilibre dans la position d'un corps, d'un objet ou d'un individu] Dont l'équilibre est précaire; qui ne reste pas ferme en place; à qui, à quoi un appui supplémentaire semble nécessaire pour ne pas bouger ni tomber. Équilibre instable. Les gamins (...) coururent poursuivis par les agents de police de qui les gourdins embarrassaient l'élan; ils retenaient aussi leurs chapeaux instables, sur leurs crânes (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 327).Debout, instable, appuyé sur son bâton, son chapeau haut-de-forme tombé dans le ruisseau, l'admirable personnage [Verlaine ivre] essaie de tenir à distance quelques galopins qui l'insultent. Quel spectacle! (Cocteau, Poés. crit. I,1959, p. 205).
a) MÉCAN. Équilibre* instable.
b) NAV. [En parlant d'un navire] Qui résiste mal aux forces qui contrarient sa marche et qui le déséquilibrent. Le temps fut assez mauvais. Le vent devint très-fort. Fixé dans la partie du nord-ouest, il contraria la marche du paquebot. Le Rangoon, trop instable, roula considérablement (Verne, Tour monde,1873, p. 94).
2. [Avec une idée de rupture possible de l'équilibre concernant l'état, la structure d'un corps] Dont les caractéristiques ne demeurent pas fixes dans le temps, qui est susceptible de transformations plus ou moins spontanées.
a) AGRIC., GÉOL. [En parlant du sol] ,,Dont la structure est susceptible de se dégrader sous l'action des pluies`` (Agric. 1977). Ce delta est très instable et fréquemment remanié par les tempêtes (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 34).On est quelquefois obligé de fonder des bâtiments sur un terrain tout à fait instable (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 229).
b) CHIM. [En parlant (de l'état) d'un corps, d'un composé] Qui subit facilement une décomposition, une transformation spontanée quand varie, même légèrement, l'un des facteurs d'équilibre (température, pression, altitude). On pourrait concevoir qu'un corps, restant solide au-dessus de son point de fusion, passe brusquement de cet état solide instable à l'état liquide (H. Poincaré, Thermodyn.,1892, p. 237).L'acétylcholine, corps éminemment instable (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 56).
MÉTALL. Acier instable. ,,Acier qui perd facilement ses qualités`` (Ac. 1935). Métal instable. ,,Alliage qui perd aisément certaines de ses propriétés à la suite d'opérations défectueuses`` (Lar. 20e).
c) PHYS. NUCL. Qui présente une radioactivité décelable, génératrice d'une transformation en de nouveaux noyaux radioactifs aux caractéristiques différentes. Particules instables. Ce sont des noyaux instables qui devaient vraisemblablement exister au moment des bouleversements cosmiques accompagnant la formation du système solaire, et qui ont disparu depuis en raison de leur période radioactive relativement courte par rapport à l'âge de la terre (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 20).
d) GÉNÉT. [En parlant de l'évolution de l'espèce en gén. et, dans certaines circonstances, de certains éléments génét.] Qui est susceptible de présenter des changements. La masse moléculaire de ces ARN messagers serait variable selon la longueur de la protéine qu'ils ont à synthétiser; ils sont métaboliquement instables, car sitôt leur message transmis, ils disparaissent (Privat de Garilhe, Acides nucl.,1963, p. 28):
1. L'espèce ancestrale instable et mal adaptée n'avait que deux issues à sa situation critique : disparition ou mutation; les forces de la vie produisirent la mutation, puis une autre mutation, une autre encore... Combaluzier, Introd. géol.,1961, p. 115.
e) LING. [En parlant d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes] Qui est exposé à des altérations. Le [ə] français pose (...) des problèmes particuliers par le fait d'être « caduc » (ou « instable »), c'est-à-dire de se réaliser ou de tomber (B. Malmberg, Manuel de phonét. gén., Paris, Picard, 1974, p. 142).Phonème (ou groupe de phonèmes) instable ,,quand il est susceptible d'être altéré parce que d'articulation difficile dans la langue considérée. Ainsi, en espagnol, les consonnes de fin de syllabe sont très instables`` (Ling.1972).Opposition phonologique instable ,,quand elle est peu fréquente et a tendance à disparaître`` (Ling.1972).
3. [Avec une idée de rupture de l'équilibre statique; s'oppose à fixe, immobile]
a) Qui est mobile, qui change constamment ou fréquemment de lieu de résidence. Synon. errant, nomade; anton. stable, sédentaire.Main-d'œuvre instable. Personne, population instable (Rob.) :
2. ... la ligne de démarcation qui circonscrit l'agglomération européenne (...) [peut être considérée] comme la ligne provisoire autour de laquelle oscille le pendule, entre le domaine des sociétés assises et celui des groupes plus ou moins instables. Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 73.
b) Qui se déplace, qui bouge. Retourne, comme au temps passé, Cueillir, près de la dune instable, Le lys qu'y courbe un souffle amer (Toulet, Contrerimes,1920, p. 122).Ses amis le comparaient à une voiture de luxe : cheveux gris chromés, souliers avec des luisants de carrosserie (...) regard instable comme une aiguille de manomètre (Morand, La Clef du souterrain,1956, p. 62).
B. − Au fig. Qui manque de constance, qui est sujet à changer, à varier facilement, qui repose sur un équilibre vacillant, précaire en raison d'une base peu solide.
1.
a) Domaine psychol.Qui est privé de stabilité intellectuelle et émotive, de persévérance, de fermeté dans ses choix, de fidélité à ses promesses et qui fait preuve d'une grande propension à changer d'idée, de sentiment. Synon. inconstant, versatile, fantasque, changeant, lunatique; anton. stable, égal, constant.On me juge frivole, instable, versatile, égoïste (Cocteau, Potomak,1919, p. 250).Je voyais celles-ci [les femmes], êtres instables, toujours à la recherche d'une forte direction qui fixerait leurs pensées et leurs désirs errants (Maurois, Climats,1928, p. 130).Je suis là ce que j'ai toujours été (...) mobile, instable, distrait, incertain (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1943, p. 177).
[P. méton., en parlant d'un aspect ou attribut de l'homme] Véra connaissait ses compatriotes. Elle savait, pour l'éprouver elle-même à cette minute, combien la sensibilité russe est instable, influençable, à la merci de la plus légère suggestion (Bourget, Conflits int.,1925, p. 123).Il [Arthur Meyer] portait une dignité des plus instables, étant donné qu'il n'avait pas les moyens intellectuels, ni moraux, de la soutenir (L. Daudet, Ét. et mil. littér.,1927, p. 230).
PSYCHOL. PATHOL. ,,Incapable de manifester de façon durable un comportement physiquement, affectivement, mentalement équilibré`` (Leif 1974). Synon. caractériel.Retenons (...) que l'expérimentation quantitative a établi que les sujets extravertis et instables réussissaient mieux que les autres (Amadou, Parapsychol.,1954, p. 201).
Emploi subst. En laissant s'élargir sans cesse le recrutement de ses justiciables qui, d'anormaux caractérisés, deviennent peu à peu des échantillons du groupe, la psychanalyse transforme ses traitements en conversions; car seul un malade peut sortir guéri, un inadapté ou un instable ne peuvent qu'être persuadés (Lévi-Strauss, Anthropol. struct.,1958, p. 202).
En partic. Incapable de garder une attitude, de fixer son attention, de continuer la même action, de soutenir un rythme régulier, de réagir de façon constante, de persévérer dans une entreprise (d'apr. G. Heyer, Cours de pédiatrie soc., unicef, 1948, p. 995, s.v. instabilité). Les polyarthralgies bénignes des jeunes sujets (...) [qui] sont de petits névropathes instables, anxieux, asthéniques (Ravault, Vignon, Rhumatol.,1956, p. 586).L'enfant turbulent est instable parce qu'il est emporté, parce qu'il ne peut s'astreindre à bien ranger ses cubes ou à bien fignoler son dessin (Jeux et sports,1967, p. 102).
Emploi subst. Synon. caractériel.Par son agitation perpétuelle, l'instable entretient avec son milieu un climat d'irritabilité. De sorte que certains instables évoluent comme des déséquilibrés psychiques (...), par la suite changent continuellement de métier et d'orientation (Porot1975, s.v. instabilité psychomotrice).
P. anal. [En parlant d'un animal] C'est le plus maniéré des singes [un singe du Brésil] (...). C'est un être instable (...) il s'approche en tapinois d'une nounou endormie, écarte la tête de l'enfant pour prendre sa place au sein de la nourrice (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 80).
b) Domaine des rapports humains, rapports de l'homme à l'univers.Qui ne se maintient pas durablement tel qu'il est, qui est sujet à s'affaiblir ou à disparaître. Synon. précaire, fragile; anton. constant, durable.Si (...) la société conjugale manque de cohésion, si les rapports de l'homme et de la femme sont instables et intermittents, ils ne peuvent pas prendre une forme bien déterminée (Durkheim, Division trav.,1893, p. 22).Les naissances hors mariage risquent de jouer un rôle plus important (...) [en raison de] l'existence à côté d'unions stables, légales, religieuses ou consensuelles, de nombreuses unions instables qu'on ne peut considérer comme des mariages véritables (Tiers Monde,1956, p. 160).
SYNT. Plaisir instable; vie de famille instable; univers, monde instable; avenir, destinée instable; existence, situation instable.
2. Domaine de l'activité écon. et pol.
a) ÉCONOMIE
Prix instables. Prix sujets à de fortes fluctuations :
3. On peut (...) dire que les prix agricoles, et en particulier ceux des céréales, sont instables à court terme et baissent d'une manière continue à long terme. Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 92.
Monnaie instable. Monnaie sujette à des dévaluations ou à des réévaluations par rapport à d'autres monnaies. Anton. stable.La monnaie devint instable et s'affaiblit (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 20):
4. Si l'Union latine ne prend pas la seule mesure qui puisse l'empêcher d'être envahie par une monnaie dépréciée et instable − et cette mesure est l'adoption de l'étalon unique d'or − c'est qu'en France, en Belgique (...), on manque singulièrement de prévoyance ou que les esprits dans ces contrées sont uniquement occupés d'autres sujets. Doc. hist. contemp.,1876, p. 142.
b) POL. Qui n'est pas stable, où les pouvoirs politiques ne se pondèrent ni ne se contiennent mutuellement, où ils tendent chacun à prédominer, faisant courir le risque de crises, de renversements gouvernementaux, de révolutions. Accord, armistice, trêve, paix instable. Toute nation (...) incapable de s'organiser politiquement, et dans laquelle le pouvoir est instable, est une nation destinée à la consommation de ses voisins (Proudhon, Guerre et paix,1861, p. 190).
[P. méton.]
[En parlant de l'ensemble des dirigeants, de l'équipe qui détient le pouvoir, de la majorité parlementaire, gouvernementale] Sous la Troisième République, un gouvernement instable, des assemblées agitées, entretenaient à la surface de la nation un bouillonnement d'idées qui contentait le penchant du Français pour la discussion (Chardonne, Attach.,1943, p. 174).Quand il n'existe aucune discipline de vote au Parlement, les majorités gouvernementales deviennent incohérentes et instables (Traité sociol.,1968, p. 34).
[En parlant de régions, d'États, de juridictions] Pendant la période éphémère du royaume des Francs, ce fut un instable évêché [Naplouse] constamment maintenu sur le pied de guerre (Loti, Galilée,1896, p. 47).En 1927 (...) un ancien combattant de Verdun émigré au Brésil, qui s'était improvisé dictateur dans ces régions instables, traquait la population amorphe et tyrannisait les habitants apathiques de la petite ville [d'Uberaba] (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 206).
3. P. anal. [En parlant des conditions atmosphériques, du temps, du climat] Qui ne dure pas, qui connaît des transformations, des variations brusques. Synon. changeant, variable, capricieux; anton. stable, stationnaire.Température, temps instable. L'été, le mauvais temps n'est qu'une humeur passagère, superficielle, du beau temps sous-jacent et fixe, bien différent du beau temps instable et fluide de l'hiver (Proust, Swann,1913, p. 152).
4.
a) [En parlant de l'heure, de la lumière, d'une couleur, en fonction du moment de la journée, de la clarté] Qui a un caractère changeant, imprécis. La lumière s'adoucit. Dans cette heure instable, quelque chose annonçait le soir. Déjà ce dimanche avait un passé (Sartre, Nausée,1938, p. 75).J'eus dans le creux de ma paume cette vierge merveilleuse et tiède [une perle], son énigme d'instables couleurs (Colette, Gigi,1944, p. 146).
b) [En parlant d'un état de santé] Faible, délicat, médiocre. Vous ne me donnez dans votre lettre aucune nouvelle de votre santé que Madame Valmore me disait pourtant toujours assez instable (Sainte-Beuve, Corresp., t. 3, 1840, p. 386).L'état tout à fait instable et précaire dans lequel je me sens physiquement, (...) où l'on s'éprouve exactement comme une âme, non point servie mais desservie par des organes (Du Bos, Journal,1924, p. 209).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est changeant, passager, de peu de durée. Le peintre est toujours plus près du vrai, s'il sait peindre, que le moraliste ou le romancier, toujours conduit, ou presque toujours, à l'instable ou à l'impossible, parce qu'il ne peint point les passions avec les couleurs de la vie (Alain, Beaux-arts,1920, p. 259).
Prononc. et Orth. : [ε ̃stabl̥]. Att. ds Ac. 1694 et dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1223 Vainz est cis siecles et instables « qui change, qui n'a pas de permanence » (G. de Coinci, Miracles N.D., éd. V. F. Koenig, II Dout 34, 1380); b) 1528 [date d'éd.] homme instable (Perceforest, t. 2, foLXVIII vo); 2. 1530 « qui manque de stabilité, dont l'assise n'est pas ferme » (Cl. Marot, Œuvres, éd. A. Grenier, Métamorphoses d'Ovide, livre premier, t. 2, p. 154); 3. a) 1864 chim. (Wurtz, Leçons de philos. chim., p. 204 ds Quem. DDL t. 22); b) 1867 « qui se défait facilement (d'une combinaison chimique); qui perd aisément ses propriétés (d'un métal) » (Littré). Empr. au lat.instabilis « chancelant, mouvant, inconstant, changeant », dér. à l'aide du préf. in- à valeur négative, de stabilis (stable*). Fréq. abs. littér. : 338. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 24, b) 111; xxes. : a) 466, b) 1 076. Bbg. Gohin 1903, p. 285, 316.