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FRANCHISE, subst. fém.
A.− Liberté, indépendance.
1. Vx. État de celui qui est de condition libre, qui n'est assujetti à aucun maître; anton. servitude. Droit de posséder des fiefs en franchise (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 3, 1821-24, p. 151):
1. − Je vous ai vu passer, lors d'autres chasses, et aussi Monseigneur de Valois votre frère, quand il est venu affranchir les serfs du comté. − Tu es homme libre? − Grâce à vous, mon Sire, et point serf comme je suis né. Je sais mes chiffres, et tenir le stylet pour compter s'il le faut. − Es-tu content d'être libre? − Content... sûr qu'on l'est. C'est-à-dire qu'on se sent autrement, on cesse d'être comme des morts en notre vivant. Et nous savons bien, nous autres, que c'est à vous qu'on doit les ordonnances. On se les répète souvent, comme notre prière sur la terre : « Attendu que toute créature humaine qui est formée à l'image de Notre-Seigneur doit généralement être franche par droit naturel... » C'est bon d'entendre ça, quand on se croyait pour toujours ni plus ni moins que les bêtes. − Combien as-tu payé ta franchise? Druon, Roi de fer,1955, p. 311.
2. Au plur. Droits, privilèges, libertés que possédaient par charte ou concession, des villes, des pays et leurs habitants, des corps constitués, limitant ainsi le pouvoir de l'autorité souveraine. On promit de conserver les privilèges et franchises qu'elle [la commune] tenait des ducs de Normandie, des rois d'Angleterre et de France (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 214):
2. ... la Révolution ayant fait table rase des franchises et libertés d'autrefois, ainsi que des Parlements qui en étaient les gardiens, les nouveaux intendants [les préfets et sous-préfets de Bonaparte] administraient sans obstacle au nom du pouvoir central. Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 102.
P. ext. [En parlant de groupes, de catégories d'individus] Synon. de libertés.L'aristocratie féodale (...) dut entrer en lutte ou en négociations avec la royauté, (...) avec le clergé et le peuple, qui réclamaient énergiquement leurs franchises (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 27):
3. Au nom de la noblesse, Balian de Sidon refusa : les droits de la couronne de Jérusalem, dont se réclamait Frédéric II, restaient limités par les droits, franchises et privilèges des barons, et la Syrie franque n'avait pas à supporter le bon plaisir d'un podestat impérial qui se permettrait, comme à Beyrouth, d'attaquer les liges sans jugement préalable de leurs pairs. Grousset, Croisades,1939, p. 341.
3. DR. ANC.
a) Privilège accordé à certains ouvriers qui n'étaient pas passés maîtres, de gagner leur maîtrise en travaillant dans certains quartiers ou endroits déterminés :
4. On connaît la prodigieuse activité des manufactures de quelques faubourgs de Paris, et principalement du faubourg Saint-Antoine, où l'industrie jouissait de plusieurs franchises (...). Comment arrivait-il donc qu'on y fût plus habile sans apprentissage, sans compagnonnage forcé, que dans le reste de la ville, où l'on était assujetti à ces règles qu'on cherche à faire envisager comme si essentielles? Say, Écon. pol.,1832, p. 195.
,,Il a gagné sa franchise, se disait De celui qui ayant terminé son apprentissage, pouvait s'établir comme ouvrier dans un lieu de franchise`` (Ac. 1835, 1878).
b) Lieu déterminé auquel est attaché le droit d'asile. Synon. asile.On ne saurait le prendre en ce lieu-là, c'est une franchise (Ac.1835, 1878).Les franchises des églises (Ac.1798-1878).
P. ext. Droit d'asile attaché à un lieu déterminé. Les hôtels des ambassadeurs sont lieux de franchise (Ac.1932).
Au fig. Rome déchue offre un asile aux puissances tombées; ses ruines sont un lieu de franchise pour la gloire persécutée et les talents malheureux (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 423).
Franchises universitaires. Les franchises universitaires parmi lesquelles figurait l'interdiction aux forces de police de forcer l'enceinte des facultés (Étiemble dsLe Monde,21 mai 1980, p. 1, col. 4).
B.− Exemption de paiement d'impôts, de taxes. Je reconnais que la franchise du port de Livourne ayant toujours été regardée comme la cause première de sa prospérité, la Toscane peut avoir un intérêt direct à la maintenir (Id.,Corresp., t. 4,1789-1824,p. 147).Cf. port* franc.
Franchise de bagages. Poids de bagages inférieur à une limite fixée, qu'un voyageur peut emporter avec soi sans payer aucune taxe. (Ds Lar. Lang. fr., Pt Rob., Lar. encyclop.).
Franchise douanière. Exonération des droits de douane appliquée aux marchandises admises sur le territoire national (en entrepôt, en transit, en admission temporaire) ou en zone franche (d'apr. Cap. 1936; Rob., Nouv. Lar. ill. − Lar. Lang. fr., Pt Rob.).
Franchise postale. Exemption du paiement des droits de poste accordée à certaines personnes, à certains organismes. Franchise militaire (Ac.1932).Franchise de poste, franchise de lettre (Ac.1878-1932).On ôtera le contreseing aux membres du parlement (...). On leur conservera pourtant la franchise de leurs ports de lettres (Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 371).La franchise postale dont jouissent les bibliothèques universitaires facilitant singulièrement ce genre de prêt (Civilis. écr.,1939, p. 48-7).
C.− Caractère de celui qui est franc; qualité de ce qui est franc.
1. [En parlant d'une pers.] Qui parle et agit ouvertement, sans dissimulation, comme elle pense. Entière franchise; air de franchise; parler avec franchise. La véritable franchise existe parmi les jeunes sous-officiers de cavalerie, braves comme leur épée et se moquant de tout ce qui peut arriver (Stendhal, Mém. touriste,t. 2, 1838, p. 419).
a) [En parlant de son aspect, de son attitude] Il a cependant sur nos gouvernants un remarquable avantage : celui d'une franchise à toute épreuve. Ce qu'il pense, il le dit (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 330). [en Afrique] il faut un regard ferme sur la vie, un regard pur, allant droit devant soi, un regard de toute franchise, de toute clarté (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 23):
5. ... cette sincérité courageuse que les conquérants de la Gaule regardaient comme la vertu de leur race, opinion qui, devenue populaire, donna naissance par la suite à un mot nouveau, celui de franchise [it. ds le texte]. Thierry, Récits mérov.,t. 2, 1840, p. 181.
b) [En parlant du comportement, des sentiments] Nous autres (...) savons combien est rare cette noble franchise du cœur qui se sépare des choses convenues (Balzac, Corresp.,1839, p. 649).L'émotivité, chez les caractères de haute trempe, peut aussi favoriser la franchise, qui est la forme affective de la véracité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 237):
6. Il y a une sorte de netteté et de franchise de style qui tient à l'humeur et au tempérament, comme la franchise du caractère. On peut l'aimer, mais on ne doit pas l'exiger. Voltaire l'avait; les Anciens ne l'avaient pas. Ces Grecs inimitables avaient toujours un style vrai, convenable, aimable; mais ils n'avaient pas un style franc. Cette qualité est d'ailleurs incompatible avec d'autres qui sont essentielles à la beauté. Elle peut s'allier avec la grandeur, mais non avec la dignité. Il y a en elle quelque chose de courageux et de hardi, mais aussi quelque chose d'un peu brusque et d'un peu pétulant. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 66.
Franchise de + subst.D'une franchise d'allures qui touchait à la violence (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Épreuve, 1889, p. 1117).Sa franchise d'accueil, le naturel de ses paroles et leur sérieux charmant (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 134).
SYNT. Franchise absolue, brutale; grande, noble franchise; accès de franchise; accent, caractère de franchise; manque de franchise. PARAD. Franchise/bonté, franchise/générosité, franchise/ loyauté.
2. [En parlant de qqc.] Qualité de ce qui est franc, net. Ces cruelles influences furent épargnées à Tourguéniev, grâce à la franchise de ses impressions premières (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 238):
7. ... quelques humains se courbaient sur un champ, près d'une charrette attelée d'un cheval rouan (...). Et les essieux claquaient, un instant; le son traversait l'air, pur, dépouillé, sans avoir perdu sa franchise première. Genevoix, Raboliot,1925, p. 286.
PEINT., SCULPT. [En parlant d'une œuvre ou de la manière de l'exécuter] Qualité de ce qui est franc, hardi, net. La franchise du crayon, du pinceau, du ciseau. La franchise du dessin, du coloris (Ac.1878-1932).Les natures mortes [de Cézanne] surtout sont intéressantes par l'éclat de leurs couleurs, par la franchise des tonalités, par l'originalité de certaines nuances analogues à celles de la faïence ancienne (Mauclair, Maîtres impressionn.,1923, p. 152).L'ampleur et la franchise des formes sculptées remplacent ici [la Vierge de pitié, du XVesiècle, autrefois à Villeneuve-d'Avignon] la gentillesse menue des figures d'enlumineurs (Hourticq, Hist. Art,Fr., 1914, p. 121).
REM.
Francheté, subst. fém.,région. (Canada). Synon. de franchise C.Vous êtes tous là à me demander mon idée : je vous la donne de francheté (Guèvremont, Survenant,1945, p. 238).
Prononc. et Orth. : [fʀ ɑ ̃ ʃi:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130 « liberté » (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, 39, 1); b) 1215-20 « privilège, immunité limitant l'autorité souveraine au profit d'une ville, d'un corps, d'un individu » (Hugues de Berzé, Bible, éd. F. Lecoy, 271); 2. ca 1150 « noblesse de cœur, de caractère (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6939); 3. 1559 « qualité de celui qui dit librement ce qu'il pense » (Amyot, Cor. 26 ds Littré). Dér. de franc3*, franche; suff. -ise*. Fréq. abs. littér. : 1 394. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 691, b) 1 643; xxes. : a) 1 781, b) 1 680. Bbg. Breslin (M.-S.). The Old French abstract suffix -ise. Rom. Philol. 1969, t. 22, p. 419. − Burgess (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 56-67. − Chaurand (J.). Introd. à l'hist. du vocab. fr. Paris, 1977, pp. 53-66. − Gohin 1903, p. 307. − Payen (J.-C.). A Semiological study of Guillaume de Lorris. Yale fr. St. 1974, no51, p. 175. − Stimm (H.). Die Romanischen Wörter für frei. Saarbrücken, 1967, p. 30. − Venck. 1975, pp. 249-261.