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FOUR, subst. masc.
A.− Dans le domaine concr.Ouvrage (en maçonnerie) ou appareil doté d'un minimum d'ouvertures et conçu pour le traitement ou la transformation, sous très forte chaleur, des produits ou objets qui y sont introduits. Bouche, gueule, cul d'un four; chaleur de four; chauffer le four (à blanc). Le ciel était comme la voûte d'un four géant, chauffé au rouge clair (Zola, Débâcle,1892, p. 631).Ici le soleil ne sert pas seulement à chauffer le ciel domestique comme un four plein de sa braise (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 115):
1. ... la méthode catalane proprement dite exige la construction de fours et de creusets, dans lesquels le minerai et le charbon, placés par couches alternatives, se transforment et se réduisent. Verne, Île myst.,1874, p. 140.
Locutions
Il fait chaud comme dans un four. Il fait extrêmement chaud. (Dict. xixeet xxes.).
Il fait noir/on y voit clair comme dans un four; être noir comme un four (p. allus. au strict minimum d'ouvertures que comporte un four; infra B). Son oreille bien ouverte est noire comme un four (Renard, Journal,1900, p. 584).Je me rends compte qu'il fait noir comme dans un four (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 3, p. 202).
Une bouche grande comme un four, ouvrir un grand four.
1. En partic.
Four d'incinération, crématoire*. On dut utiliser alors l'ancien four d'incinération qui se trouvait à l'est de la ville (Camus, Peste,1947, p. 1361).Peu de jours après, ils ont été jetés l'un et l'autre au four crématoire (Green, Journal,1946, p. 7):
2. Le camp était situé dans une région sablonneuse et désertique, non loin de la voie ferrée où passaient chaque nuit des trains entiers de juifs, qui roulaient vers les fours crématoires ou les champs d'extermination à la mitrailleuse. Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 302.
Au fig., vx. Four à bachot(s). Synon. boîte à bachot.Le père Boijol, chargé de faire du collège un four à bachots et lui attirant ainsi la clientèle riche des intelligences médiocres (Estaunié, Empreinte,1896, p. 15).Complétant son maigre budget par quelques leçons, payées au rabais, dans les fours à bachots du voisinage (Bourget, Conflits int.,1925, p. 254).
2. Spécialement
a) TECHNOL. Four à bassin, à cuve, à réverbère, à arc; four électrique, rotatif, tournant; four à plâtre, à poteries, à chaux, à coke; sole du four. Le sable nous enveloppait d'une lumière tumultueuse de four à briques (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 835).Palissy ne jetait que ses meubles dans le feu de son four à faïence (Valéry, Variété V,1944, p. 82).
En partic. Four solaire. Qui concentre les rayons du soleil de manière à constituer un foyer à température très élevée (d'apr. Lemaire Envir. 1975).
b) Dans le domaine de la confection des aliments
α) Ouvrage en maçonnerie, traditionnellement de forme voûtée, destiné à la cuisson de certains aliments (pain, pâtisserie, etc.). Cuit au four :
3. D'autres connaissent la vérité du pain. Si tu le pétris mal il n'enfle pas. Si ton four est trop chaud il brûle. S'il est trop froid la pâte englue. Saint-Exup., Citad.,1944, p. 734.
En partic.
Four à pain. Cette métairie (...) serrant contre elle le four à pain, l'étable, le puits (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 181).
Four de boulanger. Le four d'un boulanger projetait des lueurs d'incendie (Flaub., Éduc. sent.,t. 1, 1869, p. 130).
Four de commune. On cuisait le pain au four de commune (Ramuz, A. Pache,1911, p. 256).
HIST. Four banal. Où les vassaux du seigneur devaient faire cuire leur pain en payant une redevance. J'ai vu le « bon temps », comme ils disent, (...) j'ai vu le four banal, où l'on ne cuisait de la galette qu'une fois l'an (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 17).Ils devaient cuire le pain au four banal (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 58).
Région. :
4. Ils se donnaient des rendez-vous tous les soirs, (...) se retrouvant (...) dans les chambres à four où flottiat une odeur de pain chaud. Moselly, Terres lorr.,1907, p. 46.
Proverbe. On ne peut être à la fois au four et au moulin. Il est impossible d'être partout en même temps. (Dict. xixeet xxes.).
P. méton.
Pièce de four (Ac.1932).Pièce de pâtisserie, cuite au four.
Petit four. Petite pièce de pâtisserie, cuite au four et servie généralement au cours d'une réception, d'un thé, ou comme dessert. Il (...) examina d'un air de satisfaction les assiettes de petits fours qui lui étaient présentées (Proust, Guermantes 1,1920, p. 231).Onctueux comme un petit four (Renard, Journal,1897, p. 392):
5. ... le pâtissier Foulon expose ses spécialités fameuses, d'admirables petits fours coniques en beurre mauve, surmontés d'une violette de sucre. Sartre, Nausée,1938, p. 63.
β) [P. anal. de fonction] Compartiment de la cuisinière ou du fourneau (ou, plus récemment, élément de cuisine autonome), qui sert à la cuisson de certains aliments grâce à la chaleur qui y règne. Cuire, sécher au four; mettre (qqc.) au four; rôti au four. De la courge gratinée mise au four dans un plat de terre (Lamart., Confid.,1849, p. 349).Elle ne répond pas, parce que le four est chaud et qu'il faut y mettre les perdrix (Renard, Journal,1904, p. 919).Faites dorer au four et servez très chaud (Hamp, Marée,1908, p. 67).Four à gaz, à micro-ondes; four électrique.
Four de campagne. Four portatif. Le dessus [de la purée de pomme de terre] a été gratiné au four de campagne (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 228).
B.− [Peut-être p. allus. à l'extinction des lumières liée au trop petit nombre de spectateurs, et qui rappelle l'obscurité du four]
1. [En parlant d'une pièce de théâtre] Absence de spectateurs, interprétée comme un échec, une déconsidération. Si votre Nana ne chante ni ne joue, vous aurez un four, voilà tout (Zola, Nana,1880, p. 1098).
Loc. Faire un four. Sa pièce aurait fait un four (Goncourt, Journal,1894, p. 510).Faire four (vieilli). Nous faisons four, dit Lousteau en parlant à son compatriote la langue des coulisses (Balzac, Muse départ.,1844, p. 99).Synon. faire un bide.
P. méton. Ce qui provoque l'absence de spectateurs. La pièce de Cadol est un four, à ce que m'a dit le commis de Lévy (Flaub., Corresp.,1869, p. 84).Dès le deuxième acte, il a bien fallu me rendre à l'évidence : une pièce exécrable, un four noir (Martin du G., Notes Gide,1951, p. 1369):
6. Nous n'avons eu qu'un four, une pièce de M. Becque, qui a semblé triste, mais qui a eu ensuite un très grand succès à la Comédie-Française. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Endorm., 1889, p. 1173.
2. P. ext. [En parlant de tout spectacle ou de toute manifestation socio-culturelle ou artistique] Échec complet. Finalement, quand il s'occupe de quelque chose, on peut être certain que ce sera un four (Becque, Parisienne,1885, II, 7, p. 304):
7. Ce roman a été étranglé à sa naissance par Troppmann et Pierre Bonaparte. Il serait juste de le réhabiliter. C'est un four immérité. Georges devrait penser à le réintroduire dans le monde par quelques articles corsés. Flaub., Corresp.,1879, p. 280.
REM.
Fournille(s),(Fournille, Fournilles) subst. fém.,gén. au plur. Petits branchages ou brindilles aptes à chauffer le four. Dans les chambres, les cheminées sont rares. Parfois, on y allume, en se couchant, une flambée de fournilles (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 161).
Prononc. et Orth. : [fu:ʀ]. Enq. : /fuʀ/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1188-91 « ouvrage de maçonnerie voûté, généralement circulaire, où l'on fait cuire le pain, la pâtisserie, etc. » (Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 1764 : Molins n'i mialt ne n'i cuist forz); 2. 1564 p. anal. four à chaulx (Thierry) (v. chaufȯur); 1801 four à reverbère (Crèvecœur, Voyage, t. 1, p. 283); 3. 1659, 19 déc. théâtre (Lagrange, Registre ds Fr. mod. t. 15, p. 201 : Zénobie (...) un four); 4. 1692 « maison où l'on tient cachés ceux qu'on enrôle » (Dancourt, la Gazette, sc. 1 ds Littré); 5. 1829 four à cristaux (Boiste); 6. 1834 « partie close d'un fourneau, d'une cuisinière où l'on peut mettre des aliments pour les faire cuire » (Balzac, E. Grandet, p. 88 : tu nous feras une tarte aux fruits et tu nous cuiras au four tout le dîner). Du lat. class. furnus « four ». Fréq. abs. littér. : 829. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 1 452; xxes. : a) 2 219, b) 1 012. Bbg. Archit. 1972, p. 162. − Bar (F.). Four « insuccès théâtral ». Fr. Mod. 1953, t. 21, p. 207. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 147.