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FICTIF, IVE, adj.
A.− Qui est irréel, inexistant, mais que l'on tente de faire accepter comme réel. La raison que je donnais maintenant dans mes lettres à Gilberte, de mon refus de la voir, c'était une allusion à quelque mystérieux malentendu, parfaitement fictif, qu'il y aurait eu entre elle et moi (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 632).Désormais, le peuple cessa de compter sur le roi. Le pouvoir royal devint fictif (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 43):
1. À mesure que se déchiraient des voiles, le sentiment profond du pays se faisait jour dans sa réalité. Partout où paraissait la croix de Lorraine s'écroulait l'échafaudage d'une autorité qui n'était que fictive, bien qu'elle fût, en apparence, constitutionnellement fondée. De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 648.
Spéc. Qui représente ou imite une chose réelle. Les plus belles écuelles ont été prises sur un vaisseau hollandais, les chenêts, de lourdes pièces, sur un vaisseau anglais dont le capitaine, une tête folle, avait arrangé à son bord un âtre fictif (Queffélec, Recteur,1944, p. 89).Nous entrons aux replis du crime d'Attila Aux perceurs de plafonds et nous sortons de là Avec le seul regret que le sang soit fictif Télévisez-nous la mort prise sur le vif (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 166):
2. Je n'oublierai jamais la fille de Marzin, le menuisier de la grand'rue, qui, folle aussi par suppression de sentiment maternel, prenait une bûche, l'emmaillotait de chiffons, lui mettait un semblant de bonnet d'enfant, puis passait les jours à dorloter dans ses bras ce poupon fictif, à le bercer, à le serrer contre son sein, à le couvrir de baisers. Renan, Souv. enf.,1883, p. 41.
B.− Qui est feint ou inventé, consciemment ou non, par quelqu'un. Jusque-là, j'ai vécu comme toi, comme mille autres, de cette vie de collège ou de lycée dont les malheurs fictifs et les joies réelles sont les délices de notre souvenir (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 81).Il se mettait à raconter une histoire qui paraissait n'avoir aucun rapport avec ce qui précédait : une histoire de sa vie, ou de quelque autre vie, réelle ou fictive (Rolland, J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p. 1537).Il nous fallut créer un être imaginaire qui se pliât avec docilité aux conventions de ces petits drames. Malheureusement (...), à peine avais-je inventé un ami fictif, que son image s'évanouissait (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 14).
En antéposition. Il était son ami, il l'avait sans nul doute souvent entendu évoquer ses fictives prouesses (M. Bloch, Apol. pour hist.,1944, p. 56).
Spéc. Dans le domaine des arts.Qui est créé par l'imagination à des fins artistiques. Cette histoire, qu'il ne croyait pas devoir m'amuser, me passionna singulièrement. Cela tint, je pense, à la supériorité du récit vécu sur les récits fictifs (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 279).On recueille avec intérêt ce récit des aventures fictives d'Aucassin parce que, comme dans le fabliau de Constant Du Hamel, l'inspiration du trouvère qui les a contées a pris son envol en partant de la réalité (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 119):
3. Mais je me connais : si j'allais chez vous à Nohant, j'en aurais ensuite pour un mois de rêverie sur mon voyage. Des images réelles remplaceraient dans mon pauvre cerveau les images fictives que je compose à grand'peine. Tout mon château de cartes s'écroulerait. Il y a trois semaines, pour avoir eu la bêtise d'accepter un dîner dans une campagne des environs, j'ai perdu quatre jours. Flaub., Corresp.,1868, p. 423.
Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Ma mère, qui par un côté était gasconne (...), racontait ces vieilles histoires avec esprit et finesse, glissant avec art entre le réel et le fictif (Renan, Souv. enf.,1883, p. 87).Tels les miliciens d'Alcide, tous ces êtres semblaient tenir avant tout à s'agiter frénétiquement dans le fictif (Céline, Voyage,1932, p. 192).Le fictif a son lieu dans l'articulation presque muette : grands interstices blancs qui séparent les paragraphes imprimés ou mince particule presque ponctuelle (un geste, une couleur dans le Parc, un rayon de soleil dans la Cérémonie) autour de laquelle le langage pivote, fond, se recompose assurant le passage par sa répétition ou son imperceptible continuité (M. Foucault, Distance, aspect, origineds Théorie d'ensemble, Paris, éd. du Seuil, 1968, p. 22).
C.− Didact. Qui est supposé et/ou admis par convention, pour démontrer une hypothèse. Pour représenter le mouvement de la planète, les astronomes imaginent un astre fictif, qui se meut circulairement autour du soleil, dans le plan de l'orbite (Poisson, Mécan.,t. 1, 1811, p. 356).Pour mieux préciser les idées, nous recourrons d'abord à des exemples fictifs, abstraits, mais très simples (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 52).Cette expression n'a donc de sens précis que si l'on soumet, non pas l'objet fictif non perturbé, mais un objet déjà connu par l'observation à une nouvelle observation d'un autre type (Gds cour. pensée math.,1948, p. 428).
D.− Dans le domaine financier.Actif, passif fictif; valeur fictive d'un billet de banque.
Bénéfices fictifs. ,,Bénéfices apparaissant en comptabilité mais dont l'existence tient en fait à la sous-estimation des charges (amortissements) ou à la surestimation des recettes (revente d'un terrain ou d'un équipement)`` (Combe-Cusset 1974).
Dividendes fictifs. Dividendes distribués par prélèvement sur le capital et non sur les bénéfices réels. L'accusation lui reprochait : (...) la distribution de dividendes fictifs, sous forme de libération des anciens titres (Zola, Argent,1891, p. 410).
Prix fictifs. ,,Prix ou coûts rectifiés que l'économiste utilise pour évaluer ce que rapporte et coûte une activité ou un projet d'investissement pour l'économie nationale (et non plus seulement pour l'agent qui engage ses capitaux), chaque fois que les prix du marché et les coûts des comptabilités d'entreprise ne sont pas l'exact reflet de la réalité économique`` (Combe-Cusset 1974).
Prononc. et Orth. : [fiktif], fém. [-i:v]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. [xves. (G. de Tardif ds Delb. Rec. ds DG)]; 1731 « qui n'a de valeur qu'en fonction d'une convention » monnaies fictives (Voltaire, Œuvres complètes, t. 22, Charles XII, 8, p. 346); 2. 1734 « qui n'est pas réel » (Dubos, Hist. monarch. fr., t. 1, p. 75). Dér. du rad. du lat. class. fictus, part. passé de fingere « façonner, inventer, forger; inventer, forger de toutes pièces »; suff. -if*. Fréq. abs. littér. : 338. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 214, b) 523; xxes. : a) 544, b) 646.