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FADEUR, subst. fém.
A.− [Correspond à fade1A]
1. Caractère de ce qui est fade.
a) Domaine du goût.La fadeur d'un mets, d'une sauce. Leur goût [des fruits] écœurait tout d'abord, étant d'une fadeur incomparable (...) la chair en semblait passée; elle laissait après, l'âpreté dans la bouche (Gide, Nourrit. terr.,1897, p. 194).La fadeur des crèmes de blé vert, des bouillies d'avoine, des panades, m'arrachait des larmes (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 10).
b) Domaine de l'odorat.Il régnait une odeur de fièvre et de vieillesse accumulée (...), une odeur aigre et douceâtre à la fois, une fadeur (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 34):
Des caves voisines, à travers les madriers, toutes sortes d'odeurs leur arrivaient : la fadeur des légumes, l'âpreté de la marée, la rudesse pestilentielle des fromages, la chaleur vivante des volailles. Zola, Ventre Paris,1873, p. 774.
c) Domaine de la vue.(Le soleil échantillonne un à un ses rayons) (...) voilà le bon, le safran! rien ne relève comme lui la fadeur de la peau humaine... vas-y, soleil! (Giraudoux, Amphitr. 38,1929, p. 75).
En partic., PEINT. Une certaine fadeur fait présager la couleur fatiguée de Nattier [toiles de Largillière] (Hourticq, Hist. art,1914, p. 253).
d) Domaine de l'ouïe,en partic. MUS. Des neuvièmes mystérieuses et profondes viennent relever la fadeur des accords de sixte (La Laurencie, Éc. fr. violon,1922, p. 177).
2. P. ext. Caractère de ce qui procure une sensation de chaleur, d'étouffement désagréable. Il [Crescent] peignait le midi ardent et poussiéreux... avec ses tons neutres et brûlants, ses soleils sourds faisant peser la fadeur écœurante de l'été sur la sieste des moissonneurs (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 269).[Didace] huma avec dédain la fadeur de l'air tiède. Quoique la fraîcheur du soir approchât, il sentait ses épaules pénétrées de chaleur. À ce temps mort, amollissant, il préférait les pluies de bourrasque, les rages de vent qui fouettent le sang des hommes (Guèvremont, Survenant,1945, p. 16).
B.− Au fig. [Correspond à fade1B]
1. Caractère de ce qui produit une impression désagréable par sa monotonie, son manque de vie, d'intérêt. La fadeur d'une existence en maison publique (E. de Goncourt, Élisa,1877, p. 117).Même le récit du bonheur les fatigue [les hommes]. Ce qui est constamment délicieux, ils l'appellent fadeur; par faiblesse (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 76).
[En bonne part] Un doux sentiment jamais défleuri pareil à ces affections déjà anciennes qui sont plus indulgentes peut-être que le miel des débuts et dont la paisible fadeur est touchante comme ces deux fleurs fanées en tes cheveux (Barrès, Barbares,1888, p. 104).
P. méton. Une de ces fadeurs de l'âme où il semble que tout ce qu'on a en vous se liquéfie et se dissout (Flaub., Corresp.,1846, p. 332).
2. Caractère d'une personne fade, insignifiante. Sa gaucherie [de Néron] (...), cette balourdise prétentieuse qui fait ressembler sa vie entière aux miaulements d'un sabbat grotesque, atteignaient au sublime de la fadeur (Renan, Antéchrist,1873, p. 312).Il n'y a que les femmes qui ne savent pas s'habiller qui craignent la couleur, reprit M. de Charlus. On peut être éclatante sans vulgarité et douce sans fadeur (Proust, Sodome,1922, p. 1055).La fadeur courtisanesque, l'extase béate de Dangeau devant la figure du roi écœurent profondément le duc et pair (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 187).
P. méton. La fadeur de ses manières, de sa conversation est insupportable; la fadeur de ses discours, de ses plaisanteries; il y a de la fadeur dans ses louanges; des louanges pleines de fadeur; complaisant jusqu'à la fadeur (Ac.1835-1932).
♦ Domaine littér. ou artistique.Lu et pris des notes. − Commencé ce tissu de fadeurs et de fadaises sur le livre de Mmede Saint-M. mais interrompu pour demander un renseignement sur ce livre à la marquise (Barb. d'Aurev., Mémor. 2,1838, p. 374).
♦ Domaine amoureux.Personne ne me fait la cour. Nalege. − Et à vous, on vous la fait toute la journée... Germaine. − Non! de cinq à sept. Nalege. − Et cela vous amuse d'entendre toutes ces fadeurs, toutes ces niaiseries? (France, Pt bonh.,1898, 3, p. 496).Et je viens demander la main de votre Altesse. Nous ne nous disons pas de bien longues fadeurs, Puisque tout est réglé par nos ambassadeurs (Coppée, Poésies,t. 2, 1865-1908, p. 366).
Prononc. et Orth. : [fadœ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Début xiiies. « dégoût » fadur de cuer (Alphabetical Lapidary, 1376 ds Anglo-norman Lapidaries, éd. P. Studer et J. Evans); 2. 1611 « manque de saveur, de goût » (Cotgr.); 3. 1611 « chose insignifiante » (ibid.); au plur. av. 1778 « discours fade, louange fade » (Volt., Lett. en vers et en prose, 161 ds Littré). Dér. de fade*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér. : 161.