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ENVAHISSEUR, EUSE, subst. et adj.
A.− [L'obj. désigne un territoire, une propriété]
1. Emploi subst.
a) Celui qui envahit, occupe le territoire d'autrui. Hordes d'envahisseurs. (Quasi-)synon. conquérant, occupant.Les bourgeois avaient décidé de résister aux envahisseurs, de s'enfermer chez eux et de soutenir un siège selon la tradition de la cité (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Prisonn., 1884, p. 277).Dans presque tous ces noms qui se terminent en « ville », vous pourriez voir encore dressé sur cette côte, le fantôme des rudes envahisseurs normands (Proust, Sodome,1922, p. 1099).Une femme, surprise en flagrant délit de conversation avec un envahisseur, était soigneusement repérée et le lendemain, la police s'en mêlait (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 168).
[Au sing. avec l'art. déf., emploi coll.] Le peuple qui envahit, ses armées. Bouter dehors l'envahisseur. L'envahisseur n'avait pu trouver grâce chez l'envahi (Verne, Île myst.,1874, p. 567).Avant de gouverner Athènes au nom de l'envahisseur (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 392).L'envahisseur blond a brûlé et rasé les villes, égorgé les hommes, capturé les femmes, brisé les vieilles idoles (Faure, Espr. formes,1927, p. 248):
1. ... des gouvernants indignes, après avoir capitulé, déchiré nos alliances, établi leur dictature, prirent ouvertement le parti de l'envahisseur, pratiquèrent la collaboration, tentèrent de dresser contre l'intérêt national tout l'appareil de l'État. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 618.
Rem. Au sens a, le mot est toujours empl. au masculin.
b) [En parlant d'un groupe de pers. qui forcent une propriété] Ceux qui s'introduisent dans une propriété pour la saccager ou pour s'en rendre maître. Le petit couvent dévasté, mais maintenant débarrassé de ses envahisseurs (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 4etabl., 12, p. 1683).
c) P. anal. [En parlant de micro-organismes pathogènes] L'organisme s'adapte aux bactéries et aux virus par la production de substances capables de détruire, directement ou indirectement, les envahisseurs (Carrel, L'Homme,1935, p. 248).
2. Emploi adj.
a) Qui envahit un territoire. Il y a deux cents ans, deux États envahisseurs pressaient l'Europe (Hugo, Rhin,1842, p. 477).
b) P. anal. Qui envahit l'organisme. Microbes envahisseurs d'une région de l'organisme (Carrel, L'Homme,1935p. 92).Il s'agirait de trouver les procédés qui permettraient d'agir électivement sur les cellules mutantes et envahisseuses (Cuénot, J. Rostand, Introd. génétique,1936, p. 119).
B.− P. ext., rare. [Avec l'idée dominante de quantité; en parlant d'une multitude hum., animale ou végétale ou d'une force de la nature qui déborde dans un lieu]
1. Emploi subst. Ces gamins, parcourant l'arène avec les signes de la terreur la plus violente, mettaient en gaieté les spectateurs, qui retrouvaient, dans les envahisseurs du cirque, la population la plus dangereuse pour les sonnettes de la ville (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 177).Il a fallu pourtant reculer devant « l'envahisseuse » [la mer], qui avançait toujours, ayant sur son dos un vent qui soufflait dans sa conque (Barb. d'Aurev., Memor. A... B...,1864, p. 431).
2. Emploi adj. Deux autres flots envahisseurs apparaissaient par les routes de Darnetal et de Boisguillaume (Maupass., Contes et nouv., Boule de suif, 1880, p. 115).
P. anal. :
2. ... l'enroulement d'étoffes, de bannières, de plumes, les volutes inutiles, l'encombrement, le détail envahisseur et profus qui font de la gravure allemande, si riche et si patiemment creusée, la moins authentique des œuvres d'art, mais la plus accomplie des œuvres de science, de conscience et de labeur. Faure, Hist. de l'art,1914, p. 504.
C.− Au fig., subst. et adj.
1. (Personne) qui domine autrui, sa pensée, ses actes. [Caïn] c'est (...) l'homme envahisseur; c'est le tyran, c'est le maître, c'est le despote, c'est le propriétaire (P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 560).Les esprits envahisseurs sont heureusement en petit nombre, mais ils sont audacieux; il importe de rassurer les esprits droits et paisibles (Duranty, Math. H. Gérard,1860, p. 241):
3. Le « Wanderer » (...) essaye de se raccrocher à toutes les positions sur lesquelles s'étayait autrefois sa sécurité, et chacune d'elles tombe successivement aux mains de Liluli, la démoniaque envahisseuse. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 202.
2. [En parlant d'une idée, d'un sentiment, d'un agent intérieur] (Chose) qui domine entièrement quelqu'un. En se séparant, ce « moi » se limite; mais s'étant ainsi limité contre sa nature, il souffre et devient envahisseur, d'abord en lui-même, puis en acte (P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840p. 583):
4. Il y a des idées qui entrent en nous, nous rongent, nous tuent, nous rendent fou, quand nous ne savons pas leur résister. C'est une sorte de phylloxera des âmes. Si nous avons le malheur de laisser une de ces pensées-là se glisser en nous, si nous ne nous apercevons pas dès le début qu'elle est une envahisseuse, une maîtresse, un tyran, qu'elle s'étend heure par heure, jour par jour, qu'elle revient sans cesse, s'installe, chasse toutes nos préoccupations ordinaires, absorbe toute notre attention et change l'optique de notre jugement, nous sommes perdus. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Divorce, 1888, p. 1095.
3. [En parlant d'un agent de destruction, au physique ou au moral] (Ce ou celui) qui est destructeur. Certaines espèces d'animaux résistent plus longtemps au froid envahisseur (Proust, Prisonn.,1922, p. 184).Résister dans le public et le privé aux agents de désertion, aux fauteurs d'anarchie, aux envahisseurs et aux destructeurs de la famille et du foyer (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 203).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃vaisœ:ʀ]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. I. 1. 1389 subst. invaisseur « celui qui attaque » (Arch. JJ 137 ds Gdf.); 2. 1787 envahisseur « celui qui envahit (un territoire, etc.) » (ds Fér. Crit.). II. 1840 adj. « (personne) qui domine autrui » (P. Leroux, Humanité, t. 2, p. 560). Dér. du rad. du part. prés. de envahir*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 216. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 69, b) 158; xxes. : a) 254, b) 621. Bbg. Gohin 1903, p. 313.