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DOUTEUX, EUSE, adj.
A.− Cour. [Qualifiant des inanimés] Qui est l'objet d'un doute, faute d'éléments suffisants d'information.
1. Dont le fait, l'existence, la réalisation sont mis en doute, sont mal assurés. Avantage, droit douteux; fait douteux en histoire. Synon. incertain.On ne lui avait abandonné que quelques ventes douteuses qu'elle avait manquées d'ailleurs (Zola, Bonh. dames,1883, p. 495).Le trouble et douteux avenir (Bernanos, Imposture,1927, p. 517):
1. ... je m'irritais d'avoir dit quelques mots qui l'eussent fait douter de mon bonheur, de mon amour. Et je me cramponnais à mon douteux bonheur... Gide, L'Immoraliste,1902, 2epart., 2, p. 437.
Loc. verb.
Il est douteux que (+ subj.). Il est incertain que, peu probable que. Collatéraux pressés de manger un héritage dont il est douteux qu'ils héritent (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 155).
Fréq. Il n'est pas douteux que (+ ne explétif et le subj.).Il est certain, manifeste que :
2. D'abord il n'est pas douteux que la simplicité des lois civiles ne soit en elle-même un bien; mais il est certain aussi que ce bien est beaucoup plus difficile à obtenir dans la société perfectionnée que dans la société commençante... Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 69.
[Avec valeur de litote, pour insister sur le caractère incontestable du fait; avec suppression de ne explétif et le subj.] Il n'est pas douteux que le christianisme ait été une transformation profonde du judaïsme (Bergson, Deux sources,1932, p. 254).[Avec l'ind.] Qui était ce Matéo? (...) il ne semble pas douteux qu'il s'agit d'un frère Matthieu (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 275).
Rem. Ces 2 dernières constr. sont employées surtout au xxes. On relève un emploi rare de sub. introduite par si, relevé également par Dupré 1972. Il fut douteux (...) si l'on pourrait éviter une opération (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 272).
Emploi subst. masc. C'est précisément le vague, l'incertain, le douteux qui fait l'aliment comme le charme de la flânerie (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 137).
2. Qui donne lieu à plusieurs interprétations, ne peut être nettement déterminé ou qualifié. Avenir douteux; victoire douteuse; l'issue du procès est douteuse. Synon. ambigu, équivoque, trouble.Les vieux jouent aux quilles et discutent longuement les coups douteux (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 82):
3. Nous sommes entourés d'inconnu inexploré. Donc, tout est incertain et appréciable de manières différentes. Tout est faux, tout est possible, tout est douteux. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Lettre d'un fou, 1885, p. 1006.
[Avec la négation] Être incontestable. La réponse n'est pas douteuse. Juif dont les sentiments révolutionnaires n'étaient pas douteux (Green, Journal,1935, p. 37).
[Cette négation équivalant à une affirmation atténuée] :
4. − Monseigneur, ma sympathie n'est pas douteuse. La réponse marquait quelque tristesse, un léger regret de ce doute. Et cependant l'incertitude de l'évêque était juste. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 146.
SYNT. Combat, résultat, succès douteux; date douteuse.
En partic.
GRAMM. Mot douteux. Mot qui provoque le doute pour son genre, son orthographe, sa correction, son interprétation. Écrire un mot dont l'orthographe est douteuse (Blondel, Action,1893, p. 11).Formes de génitifs douteux (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 179).Tournure douteuse, voire incorrecte (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 128).
VERSIF. (prosodie gr. et lat.) Voyelle qui peut être longue ou brève selon sa place dans le vers. Les syllabes douteuses [des vers latins], en quelque proportion qu'elles soient, finissent toujours par se résoudre en longues et en brèves (Sainte-Beuve, Tabl. poés.,1828, p. 84).
B.− Péj. [Qualifie des inanimés ou des animés]
1. Usuel. [Qualifie des inanimés]
a) Qui, en raison de sa nature, ne correspond pas à une valeur clairement définissable, ce qu'on hésite à qualifier. Couleur douteuse, temps douteux. Sombre et douteux printemps (Claudel, Corona Benignitatis,1915, p. 387).Ciel douteux (...) ciel de mars, gris et bleu mêlés, éclairs de soleil et bise aigre; j'ai ma fourrure et mon parapluie (Alain, Propos,1922, p. 387).
Fréq. Jour douteux. Qu'on hésite à qualifier jour ou nuit. P. ext. lumière douteuse. Lumière faible qui ne permet pas de distinguer les objets. Clarté douteuse d'une lampe :
5. Il [Enjolras] alla trouver Gavroche qui s'était mis à fabriquer des cartouches dans la salle basse à la clarté douteuse de deux chandelles (...). Ces deux chandelles ne jetaient aucun rayonnement au dehors. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 340.
b) Dont la valeur, la qualité n'est pas conforme à ce qu'on est en droit d'attendre, et doit être ou mériterait d'être mise en doute ou récusée. Affection, propreté douteuse. Pièce d'un aloi douteux (Renan, Drames philos., Eau jouvence, 1888, III, 2, p. 481).Titre [de noblesse douteux] (Proust, Sodome,1926, p. 882).J'aime Descartes quand il avertit que, des suppositions qu'il a faites, beaucoup sont douteuses et quelques-unes fausses, ce qui ne l'arrête point dans sa physique (Alain, Propos,1924, p. 623):
6. Nous portons dans certains cas des jugemens certains; dans d'autres cas nous portons des jugemens qui ne sont que probables ou même purement conjecturaux. En un mot, les jugemens sont ou infaillibles ou douteux à tel ou tel degré; ... Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,t. 2, 1829, p. 404.
Goût douteux; vêtement, mobilier d'un goût douteux. Sonnets et (...) quatrains d'un goût douteux (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 273).Une mise exagérée et d'un goût douteux (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 308).
P. ell. Plaisanterie douteuse. Les farces douteuses de l'école (Rivière, Corresp.[avec Alain Fournier], 1906, p. 181).
Moralité, probité douteuse; mœurs douteuses. Femme de mœurs plus que douteuses, malgré sa pruderie d'emprunt (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 94).
COMM. Créance douteuse. ,,Créance dont le recouvrement intégral n'est pas assuré`` (Lar. comm. 1930). Traites douteuses des banquiers de l'État (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 260).
En partic. [Qualifie un inanimé concret]
Dont la qualité est suspecte, qui ne peut être consommé. Champignon, vin douteux; viande douteuse. Fort bon vin; et comme l'eau est douteuse et que la typhoïde est à craindre, je bois sec (Gide, Journal,1944, p. 258).
Dont la propreté est suspecte. Draps, linge, ongles douteux :
7. Pour beaucoup de Français aux pieds douteux, la crasse la plus authentique devient auréole, et friandise même, dès qu'on la baptise patine! Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 36.
Rem. On révèle quelques emplois subst. Moi aussi la répulsion me prend devant le trouble et le douteux (Giraudoux, Lucrèce, 1944, I, 5, p. 41).
2. Rare. [Qualifie des pers.]
a) Dont la moralité est mise en doute, qui inspire la défiance. Rencontre douteuse d'un soldat douteux. La rue commence à n'être plus sûre (Goncourt, Journal,1871, p. 752).Une de ces maisons provinciales, un peu douteuses, un peu suspectes mais ni trop rangées, ni trop bourgeoises (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 75).
b) À qui on ne peut se fier. Amis douteux.
Emploi subst. masc. :
8. Ceux-là, Joseph d'abord les avait pris pour des adversaires, puis il avait reçu d'eux, soudainement un signe de sympathie (...). Alors? ce n'étaient ni des sûrs, ni des douteux, ni des antagonistes, c'étaient des versatiles... Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 199.
Prononc. et Orth. : [dutø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. espedes dutus [es] trad. gladii ancipites (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 149, 6); 2. 1155 « (d'une chose) qui n'est pas établi, où subsiste un doute » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13286); 3. ca 1160 « hésitant, craintif » (Eneas, éd. J. J. Salverde de Grave, 1631); 4. av. 1704 « (d'une personne) dont les qualités, la probité peuvent être mises en doute » (Bossuet, Politique, X, II, 18 ds Littré). Dér. de doute*; suff. -eux*, -euse*. Fréq. abs. littér. : 852. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 385, b) 1 190; xxes. : a) 1 088, b) 1 148. Bbg. Lyer (St). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum Romanicum. 1932, t. 16, p. 294.