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COURAGE, subst. masc.
I.− Courage dans un syntagme nominal ou verbal
A.− Class., vieilli. Disposition du cœur (en tant qu'organe noble, foyer de la vie intérieure profonde, de la personnalité morale, etc.). Le courage, c'est la grande épreuve du cœur. (...) il est permis d'ignorer la mort; on peut endormir la souffrance physique. Si le cœur aussi est endormi, qu'est-ce que la vie? (Chardonne, Attach.,1943, p. 125).P. méton. Le cœur même ou la personne même, considérée sous le rapport de son caractère, de ses passions. L'outrage que tu lui as fait hier, a porté le dernier coup à ce courage fatigué; (...) Il y a douze heures que tu l'as tuée (Soulié, Mém. diable,t. 2, 1837, p. 359).Pour orienter les esprits et les courages vers la continuation de la guerre dans l'empire (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 45).
Homme de courage. Homme honnête, fidèle à son cœur, à sa morale dans ses actes. (Quasi-)synon. homme de cœur :
1. Je vous supplie, (...) de ne plus saper des remparts aux trois quarts démolis, et qu'en vérité un homme de courage devrait rougir d'attaquer. Faisons un marché : ne vous en prenez plus à quelques vieillards faibles (...); je vous livre en échange ma personne. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 592.
En partic. Énergie et force de volonté manifestée devant un travail plus ou moins pénible. Synon. ardeur, zèle :
2. Elle a du courage, une aiguille, Elle travaille, et peut gagner dans son réduit, En travaillant le jour, en travaillant la nuit, Un peu de pain, un gîte, une jupe de toile. Hugo, Les Contemplations,Melancholia, t. 2, 1856, p. 119.
Expr. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixesiècle).Il n'y a plus que courage. Le travail approche de sa fin.
B.− Fermeté de cœur, force d'âme qui se manifestent dans des situations difficiles obligeant à une décision, un choix, ou devant le danger, la souffrance. Les ambitieux, grands et petits. Ce qu'ils honorent, eux, ce n'est point le courage, c'est le pouvoir (Alain, Propos,1929, p. 847).
1. [Le courage dans des situations matérielles]
a) Qualité physique qui se manifeste instinctivement chez certains individus devant un danger matériel et qui leur permet de lutter contre. Courage héroïque, militaire, physique :
3. Le courage de l'Italien est un accès de colère, le courage de l'Allemand un moment d'ivresse, le courage de l'Espagnol un trait d'orgueil. Stendhal, De l'Amour,1822, p. 121.
P. anal. [À propos d'animaux hardis] Il avait le courage aveugle du taureau qui fonce (Green, Journal,1950, p. 347).
PARAD. a) Synon. bravoure, cran, intrépidité, témérité, vaillance; b) anton. couardise, faiblesse, lâcheté, poltronnerie.
b) Endurance née de l'habitude des situations difficiles, de l'apprentissage du danger. Synon. sang-froid, valeur :
4. Henri V. Grand roi, vaillant guerrier, d'un père usurpateur Dès son adolescence illustre imitateur, N'étant que prince encor, aux périls, au carnage De nocturnes bandits formèrent son courage. Chénier, L'Amérique,1794, p. 94.
c) P. méton. Personne brave, ardente à défendre une cause, un idéal politique, etc. Le communisme (...) un « idéal » supérieur à celui de la patrie, enrôlant les courages et les dévouements des divers pays pour une cause commune (Gide, Journal,1933, p. 1152).
2. [Le courage dans des situations morales]
a) Qualité de caractère d'un individu, qui le rend prêt à réagir positivement devant une situation morale difficile. Synon. constance, persévérance; anton. hésitation.Son caractère avait une sorte de raideur et d'impatience qui tenait à la force de ses sentiments (...). Âme élevée, courage grand (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 27):
5. ... il faut trouver tous les matins en soi la même dose du courage le plus rare et en apparence le plus aisé, le courage du professeur répétant sans cesse les mêmes choses, courage peu récompensé. Si nous saluons avec respect l'homme qui, comme vous, a versé son sang sur un champ de bataille, nous nous moquons de celui qui use lentement le feu de sa vie à dire les mêmes paroles à des enfants du même âge. Le bien obscurément fait ne tente personne. Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 55.
Courage personnel; courage d'esprit. Maîtrise de soi qui permet une attitude calme, réfléchie :
6. Ce fut une honte pendant un certain temps de rester là où étaient le roi et la France. Il fallait un grand courage d'esprit et une grande fermeté de caractère pour résister à cette folie épidémique qui prenait le nom de l'honneur. Mon père eut ce courage, il se refusa à émigrer. Lamartine, Les Confidences,1849, p. 33.
b) Fermeté de l'esprit qui permet de saisir et soutenir des idées hardies, audacieuses. Le succès de Talma commença par de la hardiesse; il eut le courage d'innover, le seul des courages qui soit étonnant en France (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 97).
SYNT., EXPR., Courage d'opinion. Aptitude à affirmer ouvertement ses opinions et à les maintenir malgré l'hostilité générale. Je suis brave, j'aime assez voir les choses en face. J'ai le courage de mes opinions, moi! (Goncourt, Journal, 1859, p. 673).
c) Effort fait sur soi-même pour résister à une épreuve, combattre une répugnance ou reconnaître une vérité désagréable. Cette demoiselle a le courage de son infamie, tandis que, moi, je suis une hypocrite qui devrait être fouettée en place publique (Balzac, Cous. Bette,1847, p. 180):
7. Quant au courage moral, si supérieur à l'autre, la fermeté d'une femme qui résiste à son amour est seulement la chose la plus admirable qui puisse exister sur la terre. Toutes les autres marques possibles de courage sont des bagatelles auprès d'une chose si fort contre nature et si pénible. Stendhal, De l'Amour,1822, p. 83.
SYNT. a) Courage + adj. courage civil, extraordinaire. Adj. + courage : admirable, beau, bon, vrai courage. b) Courage + et + subst. : courage et confiance, esprit, force, patience, persévérance, résignation, vertu, volonté. Subst. + au courage : appel au courage. Subst. + de/du + courage : acte, preuve, sens, trait de/du courage. c) Courage de + verbe : courage d'abandonner, affronter, aller, avouer, continuer, défendre, dire, écrire, parler, regarder, résister, supporter, tuer, vivre. Verbe + courage : perdre, rendre, reprendre courage. Verbe + le/son + courage : rassembler son, relever le, rendre le, retrouver son, se sentir le, soutenir le, trouver le courage. Verbe + de/du + courage : donner du, falloir du, manquer de, montrer du, puiser du courage.
Expr. et loc. À bout de courage. Je m'arrêtai, à bout de courage. Jamais je n'aurais la force (Zola, Bête hum.,1890, p. 177).Honneur au courage malheureux. Le libraire Dauriat publie une seconde édition du livre de Monsieur Nathan? Il ne connaît donc pas le proverbe du palais : Non bis in idem. Honneur au courage malheureux! (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 407).Prendre son courage à deux mains, prendre son grand courage. Prenez votre courage à deux mains, et allez voir Hugelmann de ma part (Hugo, Corresp.,1859, p. 317).Jacques prit son grand courage, jugeant que le moment de parler était venu (De Vogüé, Morts,1899, p. 394).
Péj. Manifestation d'une fermeté excessive, d'une force cruelle, capable de blesser. Avoir le (triste) courage de (avoir le cœur de). Synon. cynisme, insensibilité.Quoi qu'il arrive, il faut que vous ayez, mon Révérend Père, un singulier courage, pour venir attrister par vos paroles lugubres et vos conjectures désolantes ces infortunés catholiques (Lamennais, L'Avenir,1831, p. 260).
II.− Courage en emploi abs., en interj. (invar.)
A.− [En manière d'exhortation] . « Courage!... Courage! » se répète-t-il. Cette exhortation du conseiller bat dans toutes ses artères le rappel de ses forces : « courage! » (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 114).
B.− [Pour formuler un souhait] . Adieu, bon courage, je t'embrasse le plus étroitement possible (Flaubert, Corresp.,1849, p. 98).
Prononc. et Orth. : [kuʀa:ʒ]. Enq. : /kuʀaʒ/. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. 1050 « cœur en tant que siège des sentiments » (Alexis, éd. Ch. Storey, 446), devenu class.; 2. ca 1100 « état d'esprit, intentions » d'où « désir, ardeur de faire quelque chose » (Roland, éd. J. Bédier, 191). Dér. de cœur*; suff. -age* (REW, no2217). Fréq. abs. littér. : 8 219. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 14 830, b) 11 947; xxes. : a) 10 057, b) 9 848. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 24, 143, 145. − Gottsch. Redens. 1930, p. 67, 103, 163. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 114-118. − Lew. 1960, p. 192.