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CORNICHON, subst. masc.
A.− Rare, vx. Petite corne. Les cornichons d'un chevreau; cette vache n'a encore que des cornichons (Besch.1845).Et ce sont des cornes que je vois sous tes cheveux? (...) − À peine. De tout petits cornichons d'écaille blonde (Claudel, Protée,1914, I, 3, p. 311).
Spéc., VÉN. Ramification des bois des cervidés (permettant de déterminer l'âge de l'animal). Synon. andouiller. (Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill.; cf. aussi Dorvault, L'Officine, 1844, p. 211).
B.− BOT. Fruit d'une variété de concombre, de forme oblongue, terminé par deux pointes semblables à de petites cornes et qui se cueille avant maturité; p. ext., cette plante :
1. ... elle lut : sauge − rue − abrotone − cornichon − melon (...) ce jardin sera terriblement laid. (...) Vos herbes (...) seront étranglées (...) par le melon et surtout par le cornichon qui les enlacera et les étouffera avec ses tiges qui rampent et ses vrilles. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, pp. 104-105.
En partic. Le fruit ou la plante dans ses divers usages.
GASTRON. Légume qui, confit dans du vinaigre ou du sel, sert de condiment pour les viandes froides, la charcuterie, et entre dans la préparation de certaines sauces. Un pot de cornichons. L'entrecôte aux cornichons (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 65).Une recette pour faire mariner des cornichons (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 33).
PHARM. Plante aux propriétés apaisantes. Le melon, les cornichons, les concombres, toute la famille des Cucurbitacées possédaient, selon eux [les apothicaires], des propriétés (...). (...) le jeune cornichon était apte à apaiser les vomissements (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 107).
P. compar.
1. [A propos d'une chose concr., p. réf. à la forme des cornichons] Des couronnes vertes oblongues comme des cornichons (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 225).Ce crâne cylindrique, pareil à un énorme cornichon décoloré (Claudel, Protée,1914, II, 1, p. 331).
[ou p. réf. à leur mode de conservation en bocal] L'amour est aux hommes ce que le vinaigre est aux cornichons, il les confit (Labiche, Perle Canebière,1855, 3, p. 183).
2. [À propos d'une pers. ou d'un groupe de pers., p. réf. à la façon dont on cultive les cornichons] Dieu me garde de les comparer [les Chrétiens] à ces cornichons sans sève que les curés font pousser dans des petits pots, à l'abri des courants d'air (Bernanos, Gds cimet.,1938, p. 15).
C.− P. anal.
1. [P. anal. de forme] Chose qui rappelle le cornichon (cf. cornichon A, B) par sa forme oblongue.
a) Cornet porte-voix des forains. (Attesté ds Esn. 1966 et Riv.-Car. 1969).
P. ext. Téléphone. Le cornichon posé à côté de la caisse (...) sonna. Le Nantais décrocha : Allô? (Le Breton, Razzia,1954, p. 22; cf. aussi Esn. 1966).
b) Spécialement
CONFISERIE. Sucrerie en forme de cornichon. Carpes énormes et dorées, gros cornichons sucrés (Morand, New York,1930, p. 87).
VITIC. ,,Nom vulgaire d'un cépage dont le raisin a un grain d'une forme allongée et légèrement courbe`` (Nouv. Lar. ill.). (Attesté aussi ds Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, DG).
ZOOL. Cornichon de mer. Nom vulgaire des holothuries, animaux marins à la forme cylindrique et vermiforme, appelés également concombres de mer*. (Attesté ds Lar. 19e, DG, Nouv. Lar. ill.).
2. [P. anal. de forme et de matière (cf. cornichon A)] JEUX (de dés). ,,Cornet à dés (joueurs de passe anglaise; 1928)`` (Esn. 1966). ,,Zanzibar contenant les dés pour jouer à la passe anglaise (...) les « zanzibars » sont fabriqués avec de la corne`` (Chautard, Vie étrange arg., 1931, p. 636).
D.− Au fig., et p. plaisant. fam. [À propos d'une pers.]
1. [P. réf. aux cornes qui symbolisent la trahison amoureuse] Vx. Mari trompé, cornard, cocu, etc. (Attesté ds Michel 1856, Lar. 19e-Lar. 20e).
P. ext.
a) ,,Nigaud, homme simple, qui respecte les femmes`` (Delvau, Dict. lang verte, 1866, p. 91). [L'entremetteuse :] Vous êtes un cornichon (...) je croyais, moi, que vous alliez lui servir de femme de chambre [= la dévêtir] (Vidocq, Vrais mystères Paris,t. 4, 1844, p. 162).Quand on aime véritablement une femme, on ne s'amuse pas à écosser des marguerites (...) on n'est pas cornichon comme ça (Labiche, Deux merles bl.,1858, III, 13, p. 277).
b) Sot, niais, nigaud, que l'on dupe facilement. Malvina était là (...) me traitant de cornichon et de serin (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 21).Emploi adj. En disant, d'un petit jeune homme ridicule qui paie à dîner à une cocotte : « A-t-il l'air cornichon, ce petit bonhomme! » (Goncourt, Journal,1883, p. 246).
En exclamation. Terme d'injure :
2. − Gros cornichon! s'écria-t-elle en poussant un infernal éclat de rire, voilà la manière dont les femmes pieuses s'y prennent pour vous tirer une carotte de deux cent mille francs! Et toi qui parles du maréchal de Richelieu, cet original de Lovelace, tu te laisses prendre à ce poncif-là! comme dit Steinbock. Je t'en arracherais, des deux cent mille francs, moi, si je voulais, gros imbécile! ... Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 296.
Rem. 1. Le fém. cornichonne s'emploie qqf. : Et cette foutue cornichonne me demande quelle affaire m'occupe (Arnoux, Roi d'un jour, 1956, p. 12). 2. Cet emploi métaph. fait sans doute réf. aussi au légume − les noms de légumes servant souvent de terme d'injure (cf. concombre, courge, etc.).
2. Spéc., arg. (de l'École militaire de St-Cyr). [Peut-être p. réf. à la manière de conserver les cornichons (cf. supra B); bocal étant le terme qualifiant l'École de St-Cyr (même arg.)] Candidat à St-Cyr. Quel est le département qui ne fournit son contingent d'aspirants à l'École spéciale militaire (?) (...) à Paris, c'est le cornichon extrait des bocaux de Barbet, Loriol, et autres (...) (Loubet ds Larch.1872, p. 235).Les [candidats] saint-cyriens portent le nom peu aimable de cornichons (Lévy-Pinet1894, p. 289).
Rem. Attesté aussi ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., Quillet 1965.
Prononc. et Orth. : [kɔ ʀniʃ ɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. 1. 1547 cornichon va devant « jeu qui consiste à courir en ramassant des objets au passage » (Du Fail, Propos rustiques, ch. 13, p. 95 ds Hug.); 2. 1549 « petite corne » (Est.); 3. 1654 bot. (Bonnefons, Jardinier françois d'après Roll. Faune t. 6, p. 36); 4. 1808 arg. subst. et adj. masc. « niais » (Hautel 1808). II. 1858 arg. « aspirant à l'École de Saint-Cyr » (Institution de Paris, 58 ds Larch. 1880). I dimin. de corne*; suff. -ichon (-iche*; -on*). II orig. obscure. Fréq. abs. littér. : 85. Bbg. Goug. Lang. pop. 1929, p. 175. − Greimas (A. J.). Nouv. dat. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 300. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 72. − Sain. Lang. par. 1920, p. 33, 384.