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CONFUSION, subst. fém.
A.− [Correspond à confondre I] État de ce qui est confus.
1. Rare
a) Vx, littér. Fait d'identifier à dessein une chose à une autre jusqu'à les rendre indiscernables :
1. ... demeurons, tous, dans la nuit verte où je vous convie, la main dans la main sans songer que nous sommes des autres, mais certains de notre unité, de notre parfaite confusion en une seule personne. Valéry, Correspondance[avec Gide], 1891, p. 103.
DROIT
,,Régime constitutionnel dans lequel la séparation des pouvoirs (...) n'est pas réalisée`` (Cap. 1936). Confusion des pouvoirs.
,,Mode d'extinction d'une situation juridique par la réunion sur la même tête de deux qualités contraires qui doivent être réparties sur deux personnes pour que la situation juridique demeure`` (Jur. 1971). Lorsque le créancier devient l'unique héritier de l'un des débiteurs, la confusion n'éteint la créance solidaire que pour la part et portion du débiteur ou du créancier (Code civil,1804, art. 1209, p. 217).Confusion de part(s). ,,Impossibilité de reconnaître le père d'un enfant né de plus de six mois après que la mère a contracté un second mariage et moins de neuf mois après la mort du premier époux`` (Barr. 1974). Confusion de(s) peines. ,,Règle selon laquelle lorsque deux ou plusieurs peines sont prononcées contre une même personne pour des crimes ou délits, la peine la plus forte est seule prononcée et, en tout cas, exécutée`` (Lemeunier 1969).
b) Fait de prendre une personne pour une autre, une chose pour une autre :
2. ... comme il y avait déjà une petite fille au couvent qui portait le nom de Marie, et que cela eût fait confusion, on lui dit qu'au lieu de s'appeler Marie elle s'appellerait désormais Philomène. E. et J. de Goncourt, Sœur Philomène,1861, p. 18.
Ce qui en résulte, erreur. Une confusion chronologique; sans confusion possible; créer des confusions (Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 811); être victime d'une confusion; faire (une) confusion; il y a confusion; prêter à confusion. Il faut toute l'aveugle passion de mon ami Waldemar George pour commettre une telle confusion (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 49).
P. ext. Malentendu :
3. Il y a sûrement de la confusion entre nous, car je crois toujours que si tu voulais nous serions bien ensemble. Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1790, p. 342.
COMMUN. Matrice de confusion. ,,Tableau réunissant tout l'ensemble des confusions effectuées par le récepteur au sujet des éléments du répertoire utilisé par l'émetteur`` (Commun. 1971).
2. Usuel
a) [En parlant d'animés hum., de ce qui leur est propre] La confusion d'esprit; être dans la confusion; créer de la confusion, semer la confusion.
[En parlant d'inanimés abstr.] La confusion des idées, des langues :
4. N'est-ce pas un des signes de la confusion des idées qui s'étend aujourd'hui sur le monde, de voir de telles énergies jadis chrétiennes servir à exalter précisément la propagande de conceptions culturelles opposées de front au christianisme? Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 14.
b) Ce qui est confus, mélange confus.
Rare. Confusion de..., de... et de... :
5. ... comment vous exprimerai-je le mélange de mon âme en ce moment, cette confusion de plaisir et de peine. Ce pêle-mêle de larmes joyeuses et tristes qui se poussent et roulent les unes sur les autres dans mes yeux? M. de Guérin, Correspondance,1834, p. 173.
P. ext., rare. Quelque chose de vague, de confus :
6. Le père, la mère, la fille, voilà cette famille... ils étaient autrefois négociants à Amsterdam; ils ont eu des splendeurs, ils ont même été présentés une fois à la cour, je crois. Tout cela n'est plus qu'une confusion dans leurs mémoires minées par la maladie et la misère. Sainte-Beuve, Correspondance gén.,t. 3, 1818-69, p. 205.
Littéraire :
7. Elle ne haïssait personne, maintenant; une confusion de crépuscule s'abattait en sa pensée, et de tous les bruits de la terre Emma n'entendait plus que l'intermittente lamentation de ce pauvre cœur, ... Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 173.
PSYCH. Confusion (mentale). ,,Dissolution, le plus souvent temporaire, aiguë ou subaiguë des fonctions psychiques, caractérisée par de l'obtusion et de la lenteur intellectuelle, des troubles des perceptions et des processus d'identification, d'où perturbation des synthèses mentales, désorientation dans le temps et dans l'espace, erreurs ou impossibilité d'attention, de réflexion, de jugement`` (Lafon 1963). Confusion mentale aiguë, chronique; fonction de confusion; confusion cérébrale, épileptique. Ou bien la confusion est profonde, le malade restant prostré, inconscient, en état de stupeur (H. Codet, Psychiatrie,1926, p. 42).
P. méton., rare, au plur. Les manifestations de la confusion mentale :
8. Sans doute, ils... ne présentent ni ces colères, ni ces entêtements, ni ces confusions qui gênent dans l'examen d'autres sujets. P. Janet, Les Obsessions et la psychasthénie,1903, p. 5.
B.− [Correspond à confondre II] État de celui qui est confus, honte, embarras. À sa grande confusion; rouge de confusion; augmenter la confusion de quelqu'un; cacher sa confusion; éprouver de la confusion; être plein de confusion; mourir de confusion; remplir qqn de confusion. Lorsque l'affaire eût tourné à la confusion d'Elmire, MmeDomaize ne put se tenir de la conter (Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 99):
9. Mon premier mouvement, l'avouerai-je? fut un âpre et sot dépit; je me sentais toute la confusion du mal, sans en avoir consommé le grossier bénéfice. Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 127.
Littér. Pudeur. Une confusion charmante :
10. Elle [Marcelle] ouvrit les paupières, se regarda dans la glace, tapota sa chevelure et se sourit avec confusion. Sartre, L'Âge de raison,1945, p. 244.
Rem. Confuso-onirique, adj. ,,Se dit des états confusionnels qui s'associent à l'onirisme`` (March. 1970). Délire confuso-onirique.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃fyzjɔ ̃]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. A. 1. « Destruction » a) ca 1100 confusiun (Roland, éd. J. Bédier, 3276), seulement au M.-A.; b) fin xiie-début xiiies. au fig. « désordre, trouble (domaine de la pensée) » (Job, 315, 3 ds T.-L.); 2. ca 1120 « honte » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, LXVIII, 10); 2emoitié xvies. à la confusion de (qqn) (B. Palissy, Advertissement, p. 166 ds IGLF). B. 1. 1remoitié xiiies. « chaos » (A. Boucherie, Le Dial. poit. au XIIIes., Paris, 1873, p. 178 : Babiloine c'est confusion); 2. au fig. 1691 « défaut de clarté » (Racine, Athalie, acte 3, scène 3 ds Littré); 1898 pathol. confusion mentale (Année biol., XIX ds Quem.). Empr. au lat. class. confusio « action de mêler », « désordre, trouble des sentiments, de l'esprit [en partic. causé par la honte] »; en lat. chrét. « honte » et « destruction », ce dernier sens est dû à un calque du gr. σ υ ́ γ χ υ σ ι ς [action de verser ensemble] « mélange », « destruction », « trouble de l'esprit ». Fréq. abs. littér. : 2 071. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 541, b) 1 841; xxes. : a) 2 572, b) 4 105.
DÉR. 1.
Confusionnaire, subst. masc.,néol. Celui qui provoque ou entretient la confusion. Quel a été son moteur [Bonaparte]? Évidemment l'amour de la France, la haine du désordre, l'horreur que lui inspiraient les bavards et les confusionnaires (J.-R. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 247). 1reattest. 1931 id.; de confusion, suff. -aire*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Confusionnel, elle, adj.,psych. Qui est relatif à la confusion mentale. Un état, un élément confusionnel; stupeur confusionnelle; des accès confusionnels. P. métaph. Je dis que cette activité dépassant à l'heure actuelle les cadres dans lesquels il n'était déjà pas très tolérable qu'elle s'exerçât (...) il y a lieu de la dénoncer comme confusionnelle au premier chef (Breton, Les Manifestes du Surréalisme,2eManifeste, 1930, p. 152). [kɔ ̃fyzjɔnεl]. 1reattest. 1930 id.; de confusion, suff. -el*. Fréq. abs. littér. : 2.
3.
Confusionner, verbe trans.Rendre quelqu'un confus, honteux, le toucher dans sa modestie (cf. Flaubert, Correspondance, 1868, p. 359). P. métaph. Quelle nouvelle de malheur, soudain, confusionne les roses [du jardin]? ... les voici roses de honte (G. d'Esparbès, La Grogne,1905, p. 50).On rencontre ds la docum. l'expr. des tableaux confusionnés (Baudelaire, L'Art romantique, 1867, p. 396). « Des tableaux dont on ne distingue pas les détails ». 1reattest. 1823 (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, p. 732); dénominatif de confusion, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 3.