Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
COCAGNE, subst. fém.
A.−
1. Vx, littér. Fête, réjouissance. Cette messe de saint Benoît (...) débutait par le ,,Gaudeamus`` des cocagnes liturgiques (Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 39):
1. ... le soir, à la veillée, on se délasserait au fond des bois peuplés de bêtes meilleures que les gens, sous le ciel toujours étoilé de ce pays béni; puis là, mes enfants, au printemps comme à l'automne, en hiver comme en été, quelle cocagne! L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 365.
2. P. méton., fam. [En constr. d'attribut ou avec valeur attributive] Cause de réjouissance, (porteur de) chance :
2. la mexicaine. − Votre fille est bien mal partagée. Un fiancé tout troué, tout mouillé. Moi, cocagne! je n'ai pas de fiancé. Il faut dire que, dans les hommes, la jeunesse me déçoit. Audiberti, Quoat-Quoat,1946, 2etabl., p. 62.
3. L'Autriche doit déboucher comme une chiasse dans les plaines de Mantoue. À mon avis, nous en prenons un bon coup. Mais, tout compte fait, pour nous trois, c'est cocagne. On verra après pour entrer dans la danse. Giono, Bonheur fou,1957, p. 385.
Rem. Il est probable que dans les emplois des ex. 1 et 3, cocagne intègre l'élément « hasard » compris dans le jeu du mât de cocagne.
B.−
1. Mât de cocagne. Mât lisse de fête populaire, planté en terre, parfois enduit d'une matière glissante, au sommet duquel sont accrochés des objets offerts comme prix à qui réussit à en détacher un en y grimpant. Le gamin qui regarde, au sommet du mât de cocagne haut et luisant, la timbale à décrocher (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Héritage, 1884, p. 494).
2. P. ext. [Le déterminé est le plus souvent pays, vie] Où tout a un air de fête, est agréable, facile et abondant :
4. Un vrai pays de cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête; où le luxe a plaisir à se mirer dans l'ordre; où la vie est grasse et douce à respirer; ... Baudelaire, Petits poèmes en prose,L'Invitation au voyage, 1867, p. 87.
5. ... deux grands chagrins (...) avaient, coup sur coup, porté une terrible atteinte à la douce existence de cocagne qu'il se promettait, ... Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 35.
[Avec d'autres mots de sens anal.] Auberge de cocagne (Nerval, Voyage en Orient, t. 1, 1851, p. 6), caves de cocagne (O. Feuillet, Histoire de Sibylle, 1863, p. 6), une ville de cocagne (Druon, Le Lis et le lion,1960, p. 67).
Prononc. et Orth. : [kɔkaɳ]. Pour [a] ant. dans ce mot, cf. Buben 1935, § 32. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Mil. xiiies., nom d'un pays imaginaire où tout est en abondance, seignor de Cocagne (Joufroi de Poitiers, éd. P.-B. Fay et J.-L. Grisby, 1373); 1533 pays de Cocaigne (Des Villains... ds Rec. poésies fr. xve-xvies., VII, 72). Orig. discutée. Les rapports du mot (qui est à l'orig. de l'ital. cuccagna, xives., Dei, de l'esp. cucaña xviies., Cor., de l'angl. cokaygne, cockaigne début xives., NED) avec le m. fr. cocagne « pastel en pâte » (1463 quoquaigne Tarif de l'équivalent en Languedoc ds A. Midi, t. III, 1891, p. 246), empr. au prov. cocanha coucagno « id. » (Mistral; la culture du pastel engendra une grande prospérité dans le Haut-Languedoc) sont obscurs, la chronologie s'opposant, dans l'état actuel de la docum., à un rapport de filiation. Le prov. est lui-même d'orig. peu claire, le mot ayant été rapproché du prov. coca « coque » (DG; mil. xives. [ms.] ds Romania, t. 35, p. 361) ou du prov. de même forme « gâteau » (1391 coga ds FEW t. 21, p. 476b), d'orig. inconnue, peut être préromane (v. FEW t. 16, p. 343a). L'étymon germ. *kōka (d'orig. onomatopéique [all. Kuchen « gâteau », le pays de Cocagne étant proprement le pays des friandises] par l'intermédiaire soit du m. b. all. kokenje (Gamillscheg ds Z. rom. Philol., t. 40, p. 173 et ds EWFS2; REW3, no4374a) soit d'un *kokania formé sur le modèle de Germania (Kluge20, s.v. Kuchen; cf. m. néerl. cockaenge [de coek « gâteau »] « pays des merveilles, de Cocagne », Verdam, s.v. cockaenge, v. aussi de Vries Nederl., s.v. koek) n'est pas convaincante. Fréq. abs. littér. : 46.