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CLAMEUR, subst. fém.
A.− DR. ANC. Demande ou citation devant le juge; saisie-exécution. Clameur féodale. Retrait féodal. Clameur lignagère. Retrait lignager (cf. Lar. 19e, Lar. encyclop.).
Clameur de haro (vieilli). Sommation de comparaître sur-le-champ devant le juge (cf. Balzac, Modeste Mignon, 1844, p. 241; Giono, Chroniques, Noé, 1947, p. 128).
B.− Souvent au plur.
1. Ensemble confus de cris poussés par une foule pour exprimer ses sentiments, ses états d'âme, ses passions. Clameur confuse, immense clameur; clameur de haine; pousser une clameur :
1. Oh! que ces grandes voix des grandes capitales Ont de cris douloureux et de clameurs fatales, D'angoisses, de terreurs et de convulsions! On croit y distinguer l'accent des passions Qui, soufflant de l'enfer sur ce million d'âmes, Entrechoquent entre eux ces hommes et ces femmes, Font monter leur clameur dans le ciel comme un flux, Ne forment qu'un seul cri de mille cris confus, (...) Lamartine, Jocelyn,1836, pp. 720-721.
2. Des voix glapissantes, suraiguës, jetaient des notes de fifre au milieu d'autres voix ronflantes, prolongées comme des accompagnements d'orgue. Par moments, les bruits semblaient se briser, le tapage se fêlait; et alors, au milieu de la clameur mourante, des huées montaient, des paroles s'entendaient : (...). Zola, Son Excellence Eugène Rougon,1876, p. 357
3. Puis un grand cri partit du sommet de la maison [embrasée], puis ce fut une clameur de hurlements humains, d'appels déchirants d'angoisse et d'épouvante. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Mère Sauvage, 1884, p. 237.
SYNT. Clameur aiguë, désespérée, effrayante, effroyable, formidable, immense, joyeuse, profonde, sauvage, triomphante; des clameurs de joie, d'enthousiasme; la clameur de la foule, du peuple, des soldats; la clameur grandit, monte, s'élève.
La clameur publique, la clameur universelle. Expression, bruyante ou non, du mécontentement public. Ils en imposeront aujourd'hui, à moins que la clameur publique, toute la masse de la nation ne les forcent à reculer (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 831; cf. Musset, Le Temps, 1831, p. 1).
2. P. anal.
a) [En parlant d'une seule pers., la quantité étant remplacée par l'intensité] La clameur acharnée du mioche (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 455).
b) Poét. [En parlant d'un bruit] Une clameur de tempête. Puis des clameurs, des clairons, des trépidations étranges, et ce grand hurlement majestueux que les marins nomment « appel de l'océan » (Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 354).
C.− Au fig., gén. au plur. Injures, expression d'un sentiment mauvais. Braver les clameurs des sots; de vaines clameurs. Les clameurs de ses adversaires ne l'intimident pas (Ac.1835-1932) :
4. Il faut croire que le chemin de la simple justice n'est pas facile à trouver entre les clameurs de la haine d'une part et les plaidoyers de la mauvaise conscience d'autre part. L'échec [de l'épuration] en tout cas est complet. Camus, Actuelles I,1944-48, p. 79.
Rem. On relève ds la docum. clamitation, subst. fém. Criailleries, plaintes intempestives. Les commérages ou clamitations marécageuses d'une provisoire humanité (Bloy, La Femme pauvre, 1897, p. 168).
Prononc. et Orth. : [klamœ:ʀ] ou [klɑ-]; cf. clamer. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 clamor « cri » (Alexis, éd. C. Storey, 221); 2. ca 1175 « plainte [en justice ou auprès d'une autorité compétente] » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. W. Fœrster, 6675); 1583 spéc. dr. coutumier clameur de haro (Bourdot de Richebourg, Nouv. coutumier gén., t. 4, p. 62), répertorié dans la lexicogr. dep. Nicot 1606. De clamorem, acc. du lat. class. clamor « cri », spéc. « plainte » et « plainte en justice » en lat. du haut Moy. Age (Nierm.). Fréq. abs. littér. : 1 082. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 156, b) 1 706; xxes. : a) 2 165, b) 1 127. Bbg. Hammerich (L. L.). Clamor, eine rechtsgeschichtliche Studie. Kopenhagen, 1941, passim.