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CHAHUTER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− [Le suj. désigne une pers.]
1. Vieilli. Danser le chahut (cf. chahut A) :
1. Paris, à ce qu'il paraît, l'a considérablement corrompu; il y a, dans les derniers temps de son séjour, tellement fréquenté les lieux publics de toute espèce, si bien dansé, chahuté, cancané, mazurké et polké à la Chaumière, bu tant de petits verres, de demi-tasses, de bols de punch et de bouteilles de vin blanc, culotté tant de pipes et connu tant de femmes légères, qu'il en a rapporté dans son pays un genre tout à fait civilisé... Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 283.
2. P. ext. Se dissiper, faire du chahut :
2. Quelles flatteries, dans les petites classes, à l'égard du maître! Plus tard, on reprendra du poil de la bête, on chahutera, on sera le plus fort. Mais de la dixième à la sixième, quels rires serviles aux plus sottes plaisanteries de l'autorité! Mauriac, Journal 2,1937, p. 191.
Chahuter avec.Plaisanter avec.
a) [Suivi d'un n. de pers.] Il chahutera sur sa boutique avec ses employés (Sue, Les Mystères de Paris, t. 9, 1842-43, p. 375).
b) Au fig. [Suivi d'un n. de chose ou d'un subst. abstr.] L'on ne chahute pas avec l'inexorable loi du milieu (F. Trignol, Pantruche,1946, p. 33).
B.− [Le suj. désigne un inanimé concr. ou un élément de la nature]
1. Fam. Culbuter, se renverser. La marmelade, le pot chahute... tout renverse... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 329).Son chignon chahute... lui retombe dans les yeux (Céline, Mort à crédit,1936p. 71).
2. Spéc., MAR. [Le suj. désigne une embarcation] Tanguer, menacer de se retourner. Ce qui n'a pas empêché le navire de chahuter toute la nuit (Gide, Voyage au Congo,1927, p. 845).
Emploi région. [En parlant d'une pers.] Risquer de se noyer du fait que le bateau se retourne. Ceux qui n'ont jamais « chahuté » ne se doutent pas de ce que j'ai souffert! (...) un mot qui aurait dû m'inspirer une juste défiance (Gyp, Ô province,1890, p. 159).
II.− Emploi trans. [Le suj. désigne gén. une pers.]
A.− [Le compl. désigne un inanimé concr.]
1. Retourner, mettre en désordre. Chahuter son lit (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 49).
Rare et très fam. [Le compl. désigne une pers.] Renverser, culbuter (cf. Léautaud, In memoriam, 1905, p. 196).
Au fig.
a) [Le compl. désigne une pers.] Bouleverser, remuer. Des gamins comme cela. Cela les chahute du haut en bas et c'est naturel (Montherlant, Le Songe,1922, p. 130).
b) [Le compl. désigne une notion abstr.] Renverser un ordre établi :
3. Et si l'homme ultra-cultivé d'aujourd'hui, qui a déjà tout chahuté en aveugle, s'en prend maintenant à vouloir déglinguer scientifiquement l'Univers, c'est qu'il sent venir la fin de sa longue hypnose, c'est qu'il sent venir la crise finale. Cendrars, Le Lotissement du ciel,1949, p. 194.
2. MAR. (cf. emploi intrans.). Chahutés par le roulis (Malraux, La Condition humaine,1933, p. 234).Difficile de changer de cap dans ce cyclone qui vous chahutait toujours (A. Arnoux, Rhône, mon fleuve,1944, p. 289).
B.− Arg. scol., fam. [Le compl. désigne une pers. et en partic. une autorité, un enseignant] Taquiner, plaisanter; entraver le déroulement normal d'une classe par des interventions tapageuses :
4. Des centaines de lycéens étaient passés sous la férule de l'« oncle » Gaure, sans que, de mémoire de potache, il eût inscrit une heure de colle. Quand on le chahutait trop, seulement, il avait une crise de fureur épouvantable et se sauvait, jurait, abandonnait son laboratoire aux rebelles, comme s'il avait eu peur de commettre un crime. (...) Moqué de la plupart, aimé secrètement de quelques-uns pour l'absolu dévouement qu'il mettait à sa tâche, il l'avait toujours ignoré. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 71.
Prononc. : [ʃayte], (je) chahute [ʃayt]. Étymol. et Hist. 1821 « danser le chahut » (Desgranges ds Sain. Lang. par., p. 299); 1837 « faire du tapage » (Vidocq, Dict. argotique ds Sain. Sources t. 2, p. 122); 1858 « renverser, culbuter » (Larchey, Les Excentricités du lang., p. 439); 1893 en partic. (Richepin, L'Aimé, p. 18 : Quand les petits, dont il était chien de cour, le chahutaient). Orig. obsc.; peut-être formation onomatopéique d'orig. dial. (FEW t. 4, p. 502a); cf. dial. du Centre cahuer « huer », cahuler, cahuter « crier de douleur (en parlant du chien) » (Jaub.), composé de huer*; la 1resyll. de chahuter est peut-être due à un rapprochement avec chat-huant* : cf. dial. du Centre chavouner « se servir du chavon [proprement « chat-huant » : instrument dans lequel on souffle pour imiter le cri du chat-huant]; proférer des cris contre une personne qui fuit, huer », chahuanner « poursuivre de cris » (Jaub.); la finale -huter pour -huer peut-être d'apr. bahuter*. Chahuter ne semble pas directement dér. de chat-huant et le vendômois chahuter « crier comme un chat-huant » cité par Sain. Lang. par., p. 299), paraît résulter d'un rapprochement second. (v. Esn.). Fréq. abs. littér. : 35. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 299. − Mat. Louis. Philippe 1951, p. 89. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 225. − Sain. − Lang. par. 1920, p. 299. − Sain. Sources t. 3, 1972 [1930], p. 400.