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BRONCHER, verbe intrans.
A.− [Le sujet désigne un cheval, une mule, etc.] Faire un faux-pas, par maladresse ou par fatigue :
1. « Je ne chasse le cerf qu'à cheval, nous dit-il, et voilà mes montures; elles sont infatigables et jamais ne bronchent... » Crèvecœur, Voyage dans la Haute-Pensylvanie,t. 1, 1801, p. 266.
2. La nuit commença de tomber comme nous arrivions au sommet. La mule avait bronché, puis trébuché vingt fois pendant l'ascension de cette assez petite montagne. Je descendis, fis un examen sommaire à la lueur du crépuscule et vis que l'animal, comme Zarouk mon compagnon, semblait maintenant perclus, très maigre, très misérable. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 180.
B.− [Le sujet désigne une pers.]
1. Trébucher, vaciller, tomber :
3. Il a bronché. Il est tombé comme un autre. La pesanteur joue sur lui. Pour lui aussi, les pierres sont dures et les madriers lourds. Il a sué en travaillant. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 474.
P. métaph. :
4. Nous étions entrés dans la Manche, sans nous en apercevoir; le vaisseau, bronchant à chaque vague, courait en dérive entre l'île de Guernesey et celle d'Aurigny. Le naufrage parut inévitable... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 358.
2. P. ext. Bouger, remuer :
5. Il broncha de nouveau sur le matelas. Et la secousse soudaine de leur grabat mit Rose-Anna en éveil. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 346.
Rem. À la forme négative, on dit à un enfant assieds-toi et ne bronche pas :
6. Phileas Fogg, le corps droit, les jambes écartées, d'aplomb comme un marin, regardait sans broncher la mer houleuse. Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 114.
En partic., et souvent au fig. Réagir à une atteinte portée à la personne (sévices, menaces) :
7. Vous êtes là une douzaine, sérieux, impassibles. Vous ne bronchez pas. Vous ne sourcillez pas. À drame ou farce, vous ne pleurez ni ne riez. Vous êtes en marbre. E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 203.
8. Moi, j'ai horreur des scènes, je les trouve ignobles, je suis capable de souffrir n'importe quoi sans broncher. Quand tout votre sang bout dans les veines, ne pas élever la voix, rester tranquillement penchée sur son ouvrage les yeux mi-clos, en mordant sa langue, quel plaisir! Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1178.
Rem. À la forme négative ne pas broncher devient synon. de être impassible, imperturbable. Recevoir des coups sans broncher; ne pas broncher d'un cil, d'un regard, d'une semelle.
3. Au fig. [À la forme négative] Sans se tromper, sans faire une seule faute. Réciter un texte sans broncher :
9. ... rien, dans son instrument, ne trahit les sentiments qui l'agitaient. (...). Il joua. Sans broncher! Avec une maîtrise, une sûreté, un brio qui frappèrent d'admiration tout l'orchestre. Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Secret de..., 1883, p. 184.
C.− Emploi pronom., vieilli, région. Se broncher.Plonger :
10. Elle [Élisa] était aux écrevisses, les pieds nus dans de vieilles savates, heureuse et frissonnante de la fraîcheur de l'eau, et se bronchant, tous les vingt pas, la tête dans ces clairs ruisseaux... E. de Goncourt, La Fille Élisa,1877, p. 261.
Rem. On rencontre dans la docum. le part. prés. adj. bronchant, ante. Mal assuré. Un ivrogne exceptionnel ... urinait en chantonnant d'une voix pâteuse, bronchante, ravinée (A. Arnoux, Roi d'un jour, 1956, p. 130).
PRONONC. : [bʀ ɔ ̃ ʃe], (je) bronche [bʀ ɔ ̃:ʃ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1176 « pencher en avant » (Chr. de Troyes, Cligès, 3599 dans T.-L.) − xvies., Rabelais dans Hug.; d'où 1547 « tomber, s'abattre » (Rabelais, I, 49 dans Hug.) − 1680 Rich.; 2. a) av. 1580 man. « faire un faux pas », ici subst. verbal (Montaigne, I, 19, I, 90 dans Hug.); b) 1648 « faire un faux pas en marchant » (Scarron, Virgile Travesti, VI, 238a dans Richardson, p. 34). D'un lat. vulg. *bruncare d'orig. obsc.; l'existence de l'ital. bronco « souche », esp., port. bronco « grossier, rude », catalan esbroncar « duper » suggère à FEW t. 1, p. 565a (1rehyp.) et Bl.-W.5, un étymon *bruncare dér. d'un lat. *bruncus « souche », pour lequel REW3, no1337, suggère un croisement entre broccus (broche*) et truncus (tronc*); dans cette hyp. la chronol. des sens fr. fait difficulté; une identification de *bruncus avec bruncus « trompe » attesté dans les Gloses du viies. (v. aussi TLL, s.v. brunchus et CGL t. 5, p. 347, 54), (FEW, 2ehyp.; DEI), est peut-être valable pour le sens de « baisser le visage » (dep. 1190 dans T.-L.) mais explique difficilement les autres. L'étymon lat. vulg. *pronicare « pencher », dér. du lat. pronus « penché en avant » (DG; REW3, no6778; EWFS2), séduisant du point de vue sém. fait difficulté du point de vue phonét., ne pouvant expliquer le passage de p à b initial. L'a. fr. *bronche « buisson » invoqué par REW3, no1337 et DEI ne semble attesté nulle part. Il faut remarquer que embronc « penché en avant », embronchier sont attestés dès Roland cf. T.-L.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 322. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 203, b) 404; xxes. : a) 508, b) 672.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 67. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 130, 131; t. 2 1972 [1925], p. 110; t. 3 1972 [1930], p. 326.