Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BOURRU, UE, adj.
A.− Vx. Vêtu de bourre. Moine bourru. Fantôme effrayant vêtu de bourre ou de bure comme un moine. Cet homme là est un moine bourru, un vrai moine bourru (fam.). (Ac.1835-1932).Il courait alors par le monde je ne sais quelles histoires du moine-bourru, rôdeur nocturne des rues de Paris (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 334).
B.− Usuel
1. [En parlant d'inanimés concr.] Qui a l'apparence ou les traits caractéristiques de la bourre : rudesse, poils hérissés ou aspérités. Grosse étoffe bourrue, laine bourrue; cheveux blonds tout bourrus (Pailleron, L'Étincelle,1879, p. 15).
P. métaph. Les vents bourrus de novembre (Laforgue, Les Complaintes,1885, p. 158).
Rem. L'arg. possède une expr. être bourru « être pris, être refait », où l'adj. bourru semble être pris d'abord au sens de « non dégrossi, inexpert » : je suis bourru pour faire ça. D'où ensuite : ,,il a été bourru par les flics`` (Esn. 1966, cf. A. Le Breton, Les Hauts murs, 1954, p. 197).
Spécialement
a) BOT. Plante bourrue. ,,Dont les tiges sont couvertes de bourre`` (Ac. Compl. 1842, Ac. 1932); (cf. Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 178).
b) ŒNOLOGIE. Vin bourru. Vin blanc nouveau qui n'a pas fermenté et dont la transparence est obscurcie par une grande quantité de lie. Vin blanc nouveau qu'on appelle « vin bourru » (Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 64).... le vin bourru d'octobre, doux, trouble et décapant (A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 73).
P. anal. Lait bourru. Lait fraîchement tiré et mousseux (cf. Sartre, La Mort dans l'âme, 1949, p. 26).
c) TECHNOL. Moellon bourru, pierre bourrue et subst. le bourru. ,,Moellon ou pierre dont on n'a enlevé que le bousin, et qui n'est pas taillé`` (Noël 1968).
d) TEXT. Drap bourru; fil bourru. Fil brut et inégal en grosseur (cf. Ac. Compl. 1842, Ac. 1932).
2. Au fig. Brusque et rude.
a) [En parlant d'une pers.] Dont le caractère est renfermé, les manières brusques, l'humeur en apparence désagréable :
1. Mécontent aussi − et de lui-même et d'elle. Il se reprochait d'avoir été bourru, triste, sans emballement. Il aurait dû se montrer plus expansif, et moins contraint; mais c'était sa faute, à elle! Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 199.
Emploi subst. masc. :
2. La mauvaise humeur agressive du bourru, de l'amer, du grincheux, met en jeu des réactions compensatoires de l'instinct de puissance. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 481.
[Au xixes. surtout dans l'expr. bourru bienfaisant (du titre de la pièce de Goldoni représentée en 1771).] Personne qui cache un cœur bienveillant sous des manières rudes (cf. agreste ex. 10) :
3. ... « Mon ami, je crois être ce qu'on appelle un bourru bienfaisant; ces sortes de caractères paroissent meilleurs que les autres, en ce que le passage de la rudesse à la bonté rehausse l'éclat de celle-ci; ... » MmeCottin, Claire d'Albe,1799, p. 114.
b) [En parlant de l'apparence ou du comportement d'une pers.] D'une rudesse qui n'exclut pas la bienveillance. Air, ton bourru; manières bourrues; voix bourrue :
4. Beaconsfield trouva Bismarck très changé. (...). Mais il retrouva le ton qu'il aimait, simple et réaliste, un peu bourru, d'une brutale franchise, ... Maurois, La Vie de Disraëli,1927, p. 302.
SYNT. Amitiés fortes et bourrues (Alain, Propos, 1929, p. 839); attitude bonhomme et bourrue (R. Martin du Gard, Un Taciturne, 1932, III, 12, p. 1350); mots (...) aimables ou bourrus (Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 182).
PRONONC. : [buʀy]. Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 recommandent de prononcer ,,r forte``. Pour Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 la 2esyll. est longue au féminin.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1555 bourru de plumes « fourni de plumes » (P. Belon, Hist. de la nat. des oyseaux, 138 [Vaganay, Pour l'hist. du franç.-moderne] dans Hug.); 1584 vin bourru (Tournebu, Les Contens, II, 5, ibid.); 1617 en parlant d'une pers. (Aubigné, Faeneste, IV, 7, ibid.); d'où 1680 (Rich. : Bourru. Bizarre, capricieux). Dér. de bourre*; suff. -u*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 339. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 219, b) 476; xxes. : a) 586, b) 646.
DÉR.
Bourrument, adv.D'une manière bourrue. Il [Wandrille] fourragea dans son porte-monnaie assez bourrument et y pêcha un billet qu'il tendit à la fille sans aménité (A. Arnoux, Double chance,1958, p. 109). 1reattest. 1923 (A. de Châteaubriant, La Brière, p. 15 dans Rheims 1969); dér. de bourru, suff. -ment2*.
BBG. − Vaillant (R.). Le Parler de Garancières (Seine-et-Oise). B. folkl. d'Ile-de-Fr. 1953, t. 15, no1, p. 465.